Le beau message de Harouna Kaboré

 

Ce ministre du Burkina Faso était en Suisse mardi dernier aux côtés d’Isabelle Chevalley, pour critiquer l’initiative sur les multinationales responsables. Ceci démontre, s’il en était encore besoin, que la politique suisse est inventive, puisqu’il s’agit d’une première. Jamais un ministre étranger ne s’était hasardé à intervenir dans une campagne de votation suisse. Jamais un politicien suisse n’avait eu recours à l’expédient d’un appui étranger. Mais il faut un début à tout.

Harouna Kaboré s’est légitimement inquiété des conséquences socio-économiques de l’initiative, qualifiée de néocolonialiste. On ne dispose malheureusement pas dans la presse des excellents arguments qu’il a utilisé pour défendre cette thèse intéressante. On imagine deux extrêmes.

Soit, il a expliqué que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes burkinabè, que les travailleurs sont protégés par des lois rigoureuses et que l’environnement l’est tout autant. Dans ce cas, il est évident que l’initiative jette un discrédit immérité sur un pays à la pointe de la politique sociale et environnementale. Si tel est le cas, l’initiative est une offense à l’honneur de sa nation. Elle est bel et bien néocolonialiste

Soit, il a expliqué que la situation n’était pas tout à fait satisfaisante, que le Burkina Fasso n’est pas la Suisse, mais que le travail mal payé et polluant au bénéfice d’une entreprise suisse vaut mieux que pas de travail du tout et que la justice intègre de son pays réprime les excès les plus graves. Là aussi, l’initiative est une agression à l’égard d’un pays modeste mais fier de son indépendance.

Ces deux cas de figure justifient pleinement l’adjectif néocolonialiste infligé aux initiants. Ce n’est pas parce que la Suisse est la patrie des droits de l’homme et de l’environnement qu’elle peut imposer ses exigences à un pays laborieusement en voie de développement. Nous n’avons que trop tendance à anathématiser comme corruption ce qui n’est qu’une plaisante coutume locale, intégrée à tous les échelons du pouvoir, de l’agent de police au président de la République. Si les caisses de l’Etat sont vides au point de ne plus payer les salaires de la fonction publique, il est normal que celle-ci se rétribue au moyen de cadeaux librement consentis par des citoyens quémandeurs et reconnaissants.

Le néocolonialisme est pire que tout, parce qu’il se pare des apparences de la vertu, tandis que le colonialisme pur et dur assume pleinement sa condition. Il exploite matériellement le pays colonisé sans prétendre lui imposer les mœurs du colonisateur : il affecte le corps mais point l’âme.

Certains esprits moroses se sont inquiétés de savoir qui paya le voyage du ministre. Pire. Ils ont évoqué les bénéfices que tirerait le gouvernement burkinabé ou certains de ses membres de l’activité au Burkina de sociétés ayant leur siège en Suisse. Ce ne sont là que des affaires privées qu’il est malvenu d’étaler sur la place publique. D’ailleurs, les commissions versées aux autorités locales par des entreprises suisse sont défalquées des bénéfices de celles-ci en Suisse, en toute légalité helvétique faut-il le souligner.

Cependant ne risquerait-on point que l’UDC puisse s’indigner devant « l’intolérable ingérence étrangère dans la politique intérieure suisse » ? Aucun danger :   ce parti est le plus opposé  de tous à l’initiative parce qu’elle est directement contraire à nos intérêts bien compris. Ce qui se passe ailleurs ne nous concerne pas. Hors la Suisse, point de salut.

Ainsi tout est sous contrôle. Même les pays prétendument exploités viennent clamer leur indignation jusqu’à Berne. C’est du jamais vu. Et l’on ne peut que souhaiter que l’habitude s’en prenne. Soit dit en passant, on peut déplorer qu’aucun ministre thaïlandais ne soit venu se plaindre, jusqu’à présent, de la répression en Suisse des pédophiles suisses agissant dans son pays.  Il y a là une lacune qu’il urge de combler. Notre conception étriquée de la vertu n’est pas un impératif mondial. L’hypocrisie helvétique permet d’importer des prostituées sur le sol national alors qu’elles préfèreraient peut-être rester en famille. Après le Burkina Faso la Thaïlande nous adresserait ainsi une rude leçon de morale pratique.

 

 

 

Jacques Neirynck

Jacques Neirynck est ingénieur, ancien conseiller national PDC et député au Grand Conseil vaudois, professeur honoraire de l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), d'origine belge, de nationalité française et naturalisé suisse. Il exerce la profession d'écrivain.

43 réponses à “Le beau message de Harouna Kaboré

  1. Ce qui se passe ailleurs nous concerne aussi, car des entreprises basées ici contribuent en effet notoirement à maltraiter des environnements et des populations. Entre autres, l’exploitation des enfants est particulièrement odieuse et inacceptable. Ce point de vue n’a rien de néocolonialiste et d’offensant, c’est juste un scandale à dénoncer et contre lequel il est urgent d’agir. Aux législateurs de trouver les moyens. Le discours de ce ministre suggère que ces problèmes sont un moindre mal, voire un mal nécessaire pour la prospérité de son pays et du nôtre. C’est consternant et affligeant de constater que les nantis d’ici et d’ailleurs défendent leurs prébendes avec toujours autant de mauvaise foi, en souhaitant par leurs propos et leurs actes que surtout rien ne change, car tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, n’est-ce pas ?

  2. Avec toute la bonne volonté du monde, Je n’ai pas compris s’il fallait vous lire au premier ou au second degré. Je suppose néanmoins que, comme d’habitude quand vous êtes sûr de vous, vous prenez la tangente, une fine lame de rasoir entre ironie et indignation. Au final, je vous prends au second degré, sauf pour le néo-colonialisme, c’est peut-être pire que le colonialisme mais c’est mieux que de laisser le champs libre à la Chine.

  3. Merci pour ce délicieux commentaire qui m’a permis de bien démarrer ma journée.
    Je ne vous connaissais pas aussi sarcastique et l’exercice est particulièrement bien réussi.
    Ce que l’on peut aussi dire c’est que notre chimiste nationale aura bien gagné son futur siège dans un conseil d’administration … bon petit soldat.

  4. Félicitations pour cette ironie “second degré”. À noter que les nations européennes colonisatrices ont plus travaillé à leur ruine en voulant administrer l’Afrique qu’elles ne se sont enrichies sur le dos des colonisés, même si ceux-ci étaient maltraités et ont de bonnes raisons de leur en vouloir. La colonisation a eu un avantage pour l’Afrique: si une situation est mauvaise, c’est la faute du colonialisme; bien pratique pour éviter une auto-critique, mais de plus en plus difficile à faire avaler près de 60 ans après la fin de la colonisation.

    1. J’ai vécu sur place la décolonisation du Congo ex belge et je n’ai jamais assisté à une entreprise des destruction aussi rapide et aussi totale. Il aurait fallu soit ne pas coloniser du tout, soit ménager une transition mesurée et contrôlés comme l’on parfois réussi la France et l’Angleterre.

      1. Du n’importe quoi! Pour l’Angleterre on peut encore débattre! Mais pour la France, de grâce! Nous refusons de lui faire porter toute la responsabilité, mais ne le dites plus. Je peux débattre avec vous sur un néologisme que je tente de vulgariser : La Franslitude!.

        1. En comparaison de la Belgique et du Portugal, la France et l’Angleterre ont en moyenne mieux réussi. Ce n’est pas parfait parce que l’entreprise est périlleuse. Mais cela n’a pas systématiquement tourné à la catastrophe, façon RDC ou Angola.

  5. Cette initiative relève du symbole mais c’est un petit pas en avant pour aller plus loin.
    L’avis des élites dirigeantes des pays concernés par l’initiative n’est pas objective, car trop souvent ils sont complices des méfaits des entreprises étrangères (et aussi locales) sur leur territoire. Il serait plus pertinent de consulter les indigènes pour leur demander leurs avis, mais cela ne sera pas fait car chacun ici-bas préfère être payé correctement sans risques pour sa santé et envoyer ses enfants à l’école plutôt qu’à l’usine. Les intérêts des êtres humains (de la plèbe) ne pèsent pas lourd au regard des exigences de rémunération du capital.

  6. On devrait ici parler de l’initiative “pour un Parlement irresponsable”.

    Comment peut-on soumettre au peuple une brochure d’information indiquant les enjeux de la votation avec les pour et les contres, en indiquant que si la votation échoue, le contre-projet entrera en vigueur très rapidement (sic, car on veut aller vite).

    Mais ce contre-projet n’apparait nulle part sur la dite brochure, qui biaise les choses en donnant le camp du Parlement CF, jusque sur la dernière de couverture.

    C’est ce qu’on appelle un passage en force démocratique.

  7. Selon Transparency International, le Burkina-Fasso est dans le peloton de tête des pays d’Afrique les plus corrompus ! Au niveau Mondial ils sont au 85 rang sur 180.
    La grande majorité des politiciens Burkinabé comptent beaucoup sur les multinationales comme Cargill, Glencore, Huawei etc….. pour développer harmonieusement le pays sans une once de corruption dans l’avenir ….
    Et pour finir encore ironiquement, lisez le rapport d’Amnesty international sur ce pays : https://www.amnesty.ch/fr/pays/afrique/burkina-faso
    Nous prendrons donc avec beaucoup d’égards les respectables consignes de vote de ce ministre Burkinabé !!!
    Et au passage, Mme Chevalley pose fièrement avec le lobby 5G dont on connait les bienfait pour la santé!
    Décidément les Verts sont partout …

    1. Mais si l’initiative est acceptée, en quoi la corruption baissera-t-elle au Burkina Faso ? On n’achètera plus le coton burkinabé ? La belle affaire: à part ruiner les producteurs locaux, ce qui les poussera à licencier leurs employés, , je ne vois pas d’effet concret en faveur des populations mal gouvernées. Je ne vois pas le lien consistant pousser une entreprise suisse à ne pas commercer avec un pays et l’amélioration des conditions dans ce pays.

      1. J’attendais avec intérêt une réponse à votre question de la part d’un des nombreux partisans de l’initiative dans ce blog. Apparemment, personne ne veut se prononcer.
        Mme Chevalley a entièrement raison lorsqu’elle a déclaré dans le 24 Heures que la réflexion de la plupart des partisans ne va pas au-delà du titre de l’initiative.

      2. L’initiative ne vise pas la corruption mais les conditions faites au travailleurs et la protection de l’environnement. Il n’est pas davantage question de cesser de commercer avec les pays en question, mais de le faire dans des conditions correctes. Pourquoi s’opposer à l’initiative si tout est correct?

  8. Il y a tout de même un ton de condescendance typiquement colonialiste dans cet article ironique, et très spirituel, avouons-le. En gros, la Suisse riche et hautement morale de Dick Marty a une mission civilisatrice chez ces sauvages de la Haute-Volta (ancien nom du Burkina Faso), tout comme autrefois, la Belgique au Congo.

  9. Imaginons des politiciens africains, un pays, s’immiscer dans le nôtre, du point de vue de la justice par exemple, des ONG pour aider nos paysans de montagne, etc…
    Quel serait notre point de vue ? Super, c’est génial, ou bien on se sentirait rabaissé ?

    Sur cette initiative, il y a 2 réactions d’africains, ceux qui voient les entreprises étrangères comme des profiteuses, et ils sont favorable à cette initiative, et ceux qui ont en assez qu’on les traite d’ “incapable”.

    Cette initiative met en balance notre vision d’une Afrique incapable de se débrouiller face à des entreprises qui peuvent profiter de la passivité, de la corruption.

    Pour moi, c’est une initiative néocolonialiste qui veut rendre le monde meilleur, comme jadis les prêcheurs dans les colonies. Pour autant, je trouve insupportable certains comportements d’entreprises.
    Ne serait-ce donc pas à l’UA (Union Africaine) de décider ? La sensibilité africaine sur le néocolonialisme étant forte, leur réponse serait adapté pour le reste de la planète.

    1. Ils en ont assez qu’on les traite d’incapables? Alors qu’ils démontrent enfin le contraire, au lieu de générer des hordes de migrants totalement désespérés. Au vu des situations les plus graves qui nous sont régulièrement rapportées par ces émigrés et les médias, nombre de ces politiciens devraient plutôt être qualifiés de criminels. Peut-être qu’ici aussi, beaucoup en ont assez d’être traités d’affreux colonialistes coupables de tous les maux, plus d’un demi-siècle après l’indépendance de la plupart de ces pays. Il y a en effet de quoi se sentir rabaissé pour certains dirigeants qui vivent depuis tout ce temps dans le luxe, alors qu’à côté des populations entières crèvent de faim dans le dénuement et la misère. Et il faudrait mettre ces dirigeants corrompus et incompétents sur un piédestal en s’abstenant de toute critique, plutôt que de les confronter à la réalité et à leurs responsabilités? Comme exemple parmi tant d’autres, c’est hélas l’ONU qui doit assurer la protection du Dr Denis Mukvege, le fameux médecin qui panse depuis 1996 (25 ans déjà !) les atrocités du Congo comme vous le savez sans doute, l’UA et les autorités de Kinshasa ne faisant absolument rien. À l’égard de l’abnégation et du courage de cet homme absolument admirable, profondément croyant et bienveillant, votre allusion aux “prêcheurs” des “colonies” est totalement déplacée. Car ce sont effectivement de telles personnes qui rendent le monde meilleur, peu importe leur religion. Marre d’entendre et de lire toujours les mêmes discours lénifiants, mensongers et irresponsables. Désolé, mais ça ne prend plus. Les peuples africains, par toutes leurs qualités potentielles, méritent beaucoup mieux que ça.

  10. Ce ministre a juste peur qu’on le prive de ses cadeaux de Noël…
    Quant à Isabelle Chevalley, elle devrait commencer par chercher la définition du mot cohérence: elle combat les OGM en Suisse , mais défend les intérêts des multinationales qui les vendent au Burkina…

  11. D’après l’humoriste Thomas Weisel (voir sa page fb), Monsieur Neirynck est favorable à l’initiative !!! Devrions-nous nous attendre à un coming-out “vert” de l’auteur dans les prochaines heures !

    1. Citation d’un précédent blog : “si toutes les entreprises suisses sont impeccables, elles n’ont rien à redouter de l’initiative ; si elles s’y opposent, c’est que certaines ne sont pas impeccables ; si elles entraînent le parlement contre le sentiment du peuple, c’est qu’elles y possèdent un pouvoir occulte.”
      Il n’y aucun doute possible. Je fais partie du comité dit bourgeois qui la soutient. Je l’ai voté déjà. Cela ne signifie pas que je suis vert mais que je tiens à la dignité des travailleurs africains et à la protection de l’environnement.

      1. La Belgique possède une loi extraterritoriale qui concerne les crimes contre l’humanité, et dans ce cadre, un procès a été ouvert à Bruxelles contre le premier ministre israélien Sharon au sujet des massacres de Sabra et Chatila. Les suisses qui vont voter NON à l’initiative, comme moi-même, le feront pour ne pas biaiser la compétitivité des entreprises suisses. Le courage politique, qui manque cruellement aux initiants, aurait consisté à ouvrir la porte pour porter plainte en Suisse contre n’importe quelle entreprise qui opère dans un pays du tiers-monde, qui n’est pas membre de l’OCDE, ou qui est classé au delà du 70ème rang dans la liste des pays corrompus. Les bourgeois qui soutiennent l’initiative le font pour un idéal noble mais les gauchistes, ont d’autres calculs, et là ils vont ouvrir une brèche béante dans notre pays contre les intérêts de notre pays. Merci pour votre réponse et pardon pour commentaire, j’ignorais votre soutien à l’initiative !!!

        1. L’initiative porte sur la Constitution qui est un catalogue de principes généraux. Il faut ensuite une loi d’application. Le parlement étant ce qu’il est à majorité de droite concevra une coquille creuse qui n’aura guère d’effet. On peut du reste douter que des tribunaux suisses puissent décider en connaissance de cause à partir de dossiers impossibles à monter dans des pays hostiles à toute transparence. Néanmoins, le principe vaut d’être énoncé même si l’on demeure dubitatif sur son utilisation. La Constitution est pleine de bonnes intentions qui parfois se matérialisent bien plus tard. Cette initiative est une pierre d’attente mais il faut la poser. Le contre-projet est une parodie et une dérision.
          Je répète l’argument central : ““si toutes les entreprises suisses sont impeccables, elles n’ont rien à redouter de l’initiative ; si elles s’y opposent, c’est que certaines ne sont pas impeccables ; si elles entraînent le parlement contre le sentiment du peuple, c’est qu’elles y possèdent un pouvoir occulte.”

  12. Bonjour je viens de lire le message de mon compatriote africain
    Ce qu’il dit c’est sont avis. Vous savez l’adage au lieu d’offrir le poisson apprend à la personne comment il faut pêché non seulement l’usage du matériel de pêche la fabrication aussi si possible. Vous savez tout est question de subtilité les déchets toxiques en côte d’ivoire ou les orpailleurs clandestins au Burkina Faso la destruction de la nappe phréatique oui il fait partie de cette élite amnésique qui ont des vu à court terme . l’initiative Suisse résulte d’une expérience de vie la production à outrance que ne découvrons nous pas aujourd’hui ? Des sols pollués la disparition des abeilles donc cette initiative c’est pour le bien des pays exploiter ce n’est ni une affaire de colonialisme ou néo colonialisme 60 ans ses indépendances de quoi ? Main et point lié à la France le CFA utiliser au Burkina Faso c’est quoi ? N’a t’il pas la capacité de mettre fin à cette monnaie esclavagiste ? Quand Nestlé offre des plantes de café ou cacao vous n’allez pas me dire que Nestlé n’est pas au courant du travail des enfants ? Ses enfants grandissent sans perspective et se retrouvent à prendre la pirogue pour l’Occident . Oui à cette initiative pour responsabiliser chacun c’est comme refusé d’acheter des vêtements à bas prix pour éviter la servitude souvenons nous de ses femmes qui sont morts au Bangladesh ses ateliers qui produisent pour des marques qui génèrent des milliards .la générosité vient des peuples responsable . Si le Burkina ou bien des pays africains singeaient le modèle Suisse je crois qu’il n’y aura pas de jeunes africains qui vont risqué leurs vies sur des pirogues pour regagner l’occident . Tout ses morts sur disent les élites africaines le silence pour des soins des mêmes élites prennent l’avion pour se faire soigner en occident leurs enfants vont dans des écoles en occident pour eux la vie est facile . Oui à cette initiative . A travers vos votes c’est une façon de dire nos actes conditionnent la vie demain meilleur pour tous ce qui est dommage c’est que l’initiative vienne de la Suisse et non des nations Unis

    1. @Drago Liam
      Merci Monsieur Liam pour votre témoignage! C’est très important que les opinions des peuples concernés puissent aussi s’exprimer et que ce ne soit pas le seul privilège des plus nantis. Cela peut avoir une influence positive déterminante sur le processus démocratique de la votation qui se prépare. L’Afrique n’est d’ailleurs pas le seul continent concerné, il y a aussi notamment les Amériques et l’Australie où des peuples autochtones (Amérindiens et Aborigènes) ont eu sérieusement à pâtir des actions de certaines multinationales basées en Suisse (pollutions graves et exploitation outrancière, voire expropriation et expulsion des gens de leurs terres ancestrales).

  13. Cher Monsieur Neirynck,
    Vous nous avez habitués à votre esprit aiguisé, voire parfois caustique. La lecture de vos écrits n’en est en principe que plus intéressante.
    Mais vous nous aviez aussi habitués à une honnêteté de bon aloi, ou tout au moins à vérifier vos sources avant d’asséner vos vérités.
    En tant que présidente du parti vert’libéral vaudois, je dois donc vous corriger: Mme Chevalley mène la lutte contre cette initiative à titre tout à fait personnel. Le parti vert’libéral est lui favorable à l’initiative pour des multinationales responsables, que ce soit au niveau national ou des différents cantons qui ont pris position.
    Je vous invite à prendre connaissance de mon Invité de 24H paru le 11 novembre, et qui vous aura peut-être échappé : https://www.24heures.ch/multinationales-responsables-une-initiative-moderne-et-progressiste-216210386873
    Bien à vous

    1. Avec toutes mes excuses pour une confusion inévitable entre la démarche spectaculaire d’Isabelle Chevalley et la position affirmée des Verts libéraux. Il me restait un doute bien compréhensible que vous venez de lever. Il valait la peine de préciser dans les médias qu’effectivement Isabelle Chevalley n’agit qu’en son nom propre. Voilà ce que je désirais clarifier et qui l’est maintenant. Merci pour votre intervention que j’espérais.
      Blog corrigé. Le dernier commentaire indique que la confusion était répandue.
      Je souhaite un brillant avenir aux Verts Libéraux dont les positions coïncident avec les miennes.

      1. Cher Monsieur,
        Les Vert’libéraux genevois vous remercient de la correction que vous venez d’effectuer via la réponse donnée à Claire Richard. Le parti vert’libéral suisse, tant au niveau du groupe parlementaire, du Comité de direction, que de l’Assemblée générale des délégués, s’est en effet positionné sans ambiguïté en faveur de l’initiative.
        Vous invoquez la démarche spectaculaire d’ I.Chevalley comme source de confusion, on la comprendrait à moins.
        Mais votre propre notoriété inviterait, sans nul doute, à un correctif de votre texte qui fût moins confidentiel que votre réponse à la remarque de ma consoeur.

        Bien à vous,

        Marie-Claude Sawerschel, présidente des Vert”libéraux genevois

      2. Cher Monsieur Neirynck,
        Un grand merci d’avoir procédé sans retard à cette clarification, et à un nouveau développement de votre texte.
        Là, je me retrouve entièrement dans vos propos, comme très souvent…
        Bien à vous

      3. Dans ce cas, ça montre que le parti Vert libéral est une parfaite pétaudière. Çe n’est possible que la dirigeante number ont d’une des principales sections d’un parti mène une campagne tonitruante contre la ligne du parti.

    2. Chère Madame,
      Il arrive souvent que des personnalités politiques militent pour une cause précise contre la position de leur propre parti. Les sondages vous sont favorables depuis peu grâce à la confusion, puisque nombreux comme moi-même, pensaient qu’au fond la vraie position de votre parti est contre l’initiative, compte tenu de l’activisme salutaire de Madame Chevalley.

  14. Je vous remercie pour cet article ironique au plus profond de la moelle. JE vous invite à visionner le film “pas d’or pour Kalsaka” de Michel Zongo https://www.youtube.com/watch?v=InCxIPGxiQo pour comprendre. Si vous avez le temps, faite une traçabilité de l’or extrait dans ce village paisible devenu aujourd’hui un trou béant, des eaux de surface et souterraines polluées, des terres agricoles confisquées et détruites avec la complicité des autorités. Je vous laisse deviner où se trouve cet or… Le Ministre Kaboré ne peut tenir que ce discours donc. Le vrai combat qui libèrera les populations exploitées est celui de la solidarité entre les peuples. Et c’est bien ce que le Ministre Kaboré a compris: briser cet élan depuis la Suisse permet de perpétuer l’exploitation des peuples par les gouvernants des pays en développement, en toute complicité avec des entreprises étrangères sans fois ni loi…

    1. Merci pour ce message qui rejoint ma motivation. J’ai passé six ans en Afrique et j’ai beaucoup appris sur l’exploitation, d’abord par le pays colonisateur , ensuite et de même façon par la bourgeoisie locale. Ces pays sont toujours colonisé mais de façon invisible.

    2. La solidarité entre les peuples est un noble idéal. Mais c’est quand même le peuple burkinabé qui choisit et élit ses dirigeants, ceux-là mêmes qui ont laissé faire à Kasalka. C’est toujours un véritable choc et un scandale de voir les dévastations des compagnies minières, ce qui pose aussi la question de la réparation des dégâts (cratère de la mine, pollution de l’eau et du sol) et de leurs conséquences pour les habitants ainsi que les cultures, si toutefois il est possible de savoir comment procéder et le temps que ça prendra. Car c’est un énorme problème, tant il ne fait guère de doute que d’énormes quantités de produits chimiques très toxiques pour extraire l’or ont été laissées sur place et répandues dans l’environnement.

        1. Je suis bien d’accord avec vous, cher Monsieur Neirynck, mais qu’y faire si on ne veut justement pas être accusé de néocolonialisme? Pour son plus grand malheur, le Burkina Faso semble posséder un sous-sol riche en or. D’après les quelques chiffres disponibles, environ 15 tonnes d’or ont été extraites à Kalsaka de 2008 à 2015 par une compagnie minière britannique ayant investi plus de 40 millions de dollars US à cet effet. Selon les variations du cours de l’or durant cette période, les profits nets ont donc dû être à peu près équivalents. Cela pour causer des dégâts quasiment irréparables, avec un immense cratère profond de 120 m (!) ainsi que le risque d’une large pollution des eaux et des sols au cyanure et à l’arsenic. Ces éléments très toxiques sont en effet présents avec d’autres en grande quantité dans les résidus d’exploitation minière stockés dans des fosses et terrils mal isolés. Avec le temps, il ne fait aucun doute qu’ils se répandront largement et empoisonneront l’environnement et les populations humaines. Voilà où on en est actuellement et ça ne semble hélas pas vouloir s’arranger selon les projets du gouvernement burkinabé et des compagnies minières. Pouvoir poursuivre en Suisse des entreprises responsables d’un tel gâchis serait certainement un premier pas très dissuasif. C’est aussi un devoir moral envers des populations africaines en grand danger, qui risquent d’absolument tout perdre à cause de la cupidité inextinguible de notre civilisation.

          1. Je ne puis trop vous approuver. Le néocolonialisme, c’est l’exploitation des peuples africains par leurs propres bourgeoisies, en complicité avec les compagnies étrangères. C’est contre ce colonialisme que l’initiative a été lancée. L’intervention d’un ministre burkinabé dans la campagne suisse est révélatrice de cette collusion. J’espère qu’elle sera révélatrice pour les électeurs.

  15. Il n’est pas toujours faciles de démêler les voies insondables du Seigneur, de la politique, du commerce et de l’économie. Aussi vais-je me limiter à exposer quelques faits par ordre chronologique éclairant la dispute opposant Mme Isabelle Chevalley (IC) et l’initiative pour des multinationales responsables. Mais aussi l’imbrication de la politique, des atteintes à l’environnement et des entreprises-voyous.
    2020 Mr Harouna Kaboré, ministre du commerce du Burkina Faso (« le pays des hommes intègres ») et selon ses propres propos, producteur de coton, est invité par IC pour conforter sa position contre l’initiative. Le Burkina Faso (BF) est marginalement intéressé par cette initiative mais l’ONG Solidar l’a accusé d’exploiter des enfants notamment dans la culture du coton dont l’exportation offre un revenu important de ce pays parmi les plus pauvres.

    2003-2006: Le coton burkinabé est attaqué par des insectes prédateurs. Mr Salifou Diallo alors ministre de l’agriculture se fait le chantre d’un OGM, le coton transgénique Bt Ballard II de la firme Monsanto. Cet homme politique important sera par la suite président de l’Assemblée nationale du BF en 2016 et on dit qu’IC a compté au nombre de ses conseillers.
    2008: introduction du coton transgénique Bt avec de forts appuis de la diplomatie américaine.
    2015: les trois quarts du coton burkinabé sont d’origine transgénique, c’est une histoire à succès.
    2017: les rendements chutent après l’apparition de nouveaux ravageurs résistants aux insecticide dont l’utilisation explose et le coton d’origine transgénique, de mauvaise qualité, ne trouve plus preneur sur le marché international.
    2018: abandon du coton transgénique après la ruine de nombreux cultivateurs et des suicides souvent par ingestion de pesticides. C’est une répétition des événements survenus en Chine du nord et en Inde après l’introduction de coton transgénique Ballard I de Monsanto en 2002 abandonné en 2010. Les insectes quant à eux restent résistants aux insecticides.
    2020 Mr Harouna Kaboré, ministre du commerce du Burkina Faso et producteur de coton, est invité par IC pour conforter sa position contre l’initiative…

    Il n’est pas question d’attaquer l’honorabilité d’IC ni de ses motivations, mais l’intervention du ministre bukinabé est pour le moins maladroite dans un tel imbroglio de conflits d’intérêts.

    1. Merci F. VERDON,

      Je suis Burkinabè et je suis témoin d’une chose qu’IC a faite dans ce pays qui m’a laissé pantois. Elle qui se dit écologiste, encourage, bien sûr en soutien aux autorités locales, particulièrement au président de l’assemblée, successeur de Salif Diallo, une carrière de granite qui se trouve en pleine ville à Ouagadougou. Dans cette carrière travaillent des vieilles femmes et des enfants. Le comble, des pneus de camions y sont brûlés tous les soirs, au grand dam des riverains qui souffrent sérieusement. Malgré les plaintes adressées aux autorités, la carrière demeure et IC y vient régulièrement.
      Comment voulez-vous qu’une telle personne soit pour des entreprises responsables ? Nous avons tenté de la joindre pour lui informer de l’illégalité de la carrière et des nuisances car, nous nous sommes dits qu’en temps qu’élue suisse, elle comprends mieux les problèmes de pollution que les gouvernants locaux et est à même de les influencer pour que les choses s’améliorent. A notre surprise, elle le savait déjà… Et elle trouve que c’est normal parce qu’en brûlant les pneus, les travailleurs de la carrière évitent d’utiliser de la dynamite…
      C’est vous dire à quel point je suis bouleversé, voire outré, par le comportement d’IC dans mon pays.

      Bonne votation à vous.

      ps :
      Un article de journal sur la carrière : https://www.lobspaalga.com/?p=12822

      la carrière est ici : https://www.google.com/maps/place/Ouagadougou/@12.347157,-1.5680606,641m/data=!3m1!1e3!4m5!3m4!1s0xe2e95ecceaa44cd:0x799f67799c743b8b!8m2!3d12.3714277!4d-1.5196603

      1. @Claude
        C’est une évidence qu’une pollution aussi toxique devrait cesser immédiatement. Mme I.C. a manqué là une belle occasion de se rendre utile (!), sa réponse est surréaliste et totalement inappropriée. D’autres voix se font d’ailleurs maintenant entendre ici même :
        https://www.lematin.ch/story/isabelle-chevalley-une-alliee-bien-encombrante-259138825566
        Car des solutions satisfaisantes peuvent toujours être trouvées si on le veut bien. L’or extrait dans le seule “petite” mine de Kalsaka représente une valeur actuelle de 750 millions de dollars US. Outre l’appréciation régulière du cours de l’or, à qui profite donc le pactole extrait année après année du sous-sol burkinabé? N’y a-t-il pas là de quoi trouver quelques ressources pour secourir des populations qui en auraient bien besoin? Les compagnies minières déclarent officiellement des bénéfices modestes en paraissant ainsi tout à fait honnêtes et honorables, mais la plus grande partie des profits sert d’arrosage notoire à une foule de gens permettant et entretenant le très lucratif business de l’or. Car comment expliquer sinon que les terribles déprédations perpétrées au Burkina Faso par l’exploitation minière ne provoquent pas les hurlements exacerbés des gouvernants et de tous ceux qui, nantis et favorisés, sont pourtant si prompts à vouloir dénoncer ingérences et néocolonialisme, en réclamant sans cesse plus d’aides financières au développement? En attendant, les migrants sont paradoxalement de plus en plus nombreux, de même que les djihadistes dont il est fort à craindre qu’ils ne finissent par s’imposer à terme dans une grande partie de l’Afrique si rien ne change rapidement. À ce titre, la doxa néolibérale est en effet indissociable des totalitarismes contemporains.

  16. Grâce et avec cette initiative populaire faisant un écho d’une telle ampleur, nous constatons l’échec de la politique fédérale de ces 40 dernières années, depuis Tschernobyl dont le nuage radioactif s’est arrêté aux frontières françaises et au Röstigraben, la perte de notre Neutralité inaliénable signée au XIXè Siècle avec l’entrée de la Suisse dans l’ONU, les multiples votes pour obstinément nous faire entrer dans l’UE et maintenant cette initiative qui révèle le fossé existant entre ce que l’on veut nous faire porter comme responsabilité citoyenne avec notre tri des piles, du carton, du PET et les petites poubelles vertes que l’on s’évertue à diligemment respecter depuis notre tendre enfance et la politique économique étrangère bien différente, en interdisant certains fertilisants et désherbants toxiques et cancérigènes sur sol Suisse mais autorisant les fabricants à les synthétiser, conditionner et les vendre à l’étranger….

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