Non aux taxes CO2

 

« Taxe incitative de 30 à 120 francs sur les billets d’avion, prélèvement compensatoire de 10 à 12 centimes sur les carburants, relèvement de 120 à 210 francs la tonne du plafond de la taxe CO2 sur les combustibles, création d’un fonds pour le climat, réduction des valeurs d’émission de CO2 pour les bâtiments : le Conseil des Etats a adopté mercredi par 37 voix contre 1 et 3 abstentions la révision de la loi sur le CO2. Il a ainsi remis sur les rails la réforme que le Conseil national avait rejetée en décembre. »

Cette loi fait fausse route. La Confédération spécule sur le renchérissement de l’énergie fossile pour en freiner la consommation. Elle n’ose pas aborder les autres méthodes, évoquées plus loin, qui seraient cependant seules efficaces. Car la révolte des gilets jaunes en France aurait dû enseigner que les taxes constituent une approche injuste et inapplicable, qui revient à étrangler les personnes les moins favorisées jusqu’à susciter une révolte qui faillit emporter la République.

Les consommateurs les plus aisés sont souvent les plus gros pollueurs, parce qu’ils en ont les moyens et qu’ils les auront dans le futur. Ils ont de grosses voitures et roulent beaucoup, ils prennent souvent l’avion, ils ont de grandes villas bien chauffées. Même si l’énergie fossile coute un peu plus cher, cela ne freinera pas leur consommation.

En revanche une famille de la classe moyenne, écrasée par les prélèvements obligatoires fait attention à ses dépenses. Elle achète une voiture économe, vit dans un petit appartement, ne se paie pas de WE à Londres. Pour aller à son emploi, le travailleur est souvent obligé de prendre sa voiture faute de transports en commun. C’est particulièrement le cas des régions périphériques et de la montagne où la population est trop clairsemée pour établir des transports en commun. Elle dépend de la voiture et elle paiera lourdement la taxe.

Le produit de la taxe sera, dit-on, redistribué pour moitié par divers canaux (assurance maladie ?) aux consommateurs et l’autre ira à un Fonds pour le climat. Mais ce mécanisme, par lequel la Confédération réalise vertueusement une opération blanche, ne sera pas neutre pour le consommateur. Il est impossible de rembourser par un arrosoir à chacun ce qu’il a déboursé avec les taxes sur le CO2. Car si on y parvenait il n’y aurait plus d’incitation à réduire sa consommation d’énergie fossile. Certains toucheront et d’autres plus qu’ils n’ont déboursé. C’est un système inopérant.

En fin de compte, cette loi pénalisera les petits et épargnera les gros, exactement le contraire de ce qu’il faudrait faire. Elle risque bien de couler en votation, car il y a plus de petits que de gros. Or, il y a d’autres méthodes. En cas de pénurie, lors de la dernière guerre, on a recouru au rationnement. Même quota d’énergie pour chaque personne par exemple. Avec des dérogations pour les cas particuliers évoqués plus haut : d’où génération d’une bureaucratie envahissante. Variante : attribuer à chacun son quota d’énergie au prix actuel et ne taxer que la consommation supplémentaire.

On arrive ainsi à une règle majeure de la transition climatique : il s’agit non seulement de réduire l’empreinte carbone, mais simultanément de réduire les inégalités, en tous cas de ne pas les aggraver ce que la loi actuelle fera.

Ce qui est vrai pour les individus, l’est aussi pour les pays. S’il faut compenser une production de CO2, c’est sur son propre territoire et non en achetant des droits de polluer à des pays moins riches. Ce marché des droits à polluer est d’une immoralité crasse.

Au-delà des taxes qui recourent à une imagination minimale, la transition climatique fait appel à la créativité : nous allons vers une autre société, malheureusement à travers de grandes épreuves. Il y faut d’autres institutions, une autre utilisation du territoire, un autre habitat, une autre agriculture, d’autres relations sociales, une autre culture. C’est davantage à l’élaboration de ce nouveau monde que nous sommes appelés qu’à rédiger mesquinement un catalogue de taxes.

 

 

 

 

Jacques Neirynck

Jacques Neirynck est ingénieur, ancien conseiller national PDC et député au Grand Conseil vaudois, professeur honoraire de l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), d'origine belge, de nationalité française et naturalisé suisse. Il exerce la profession d'écrivain.

17 réponses à “Non aux taxes CO2

  1. Le parlement a montré ses limites dans la compréhension du problème climatique qui nous concerne tous et pourtant ce ne sont pas les infos scientifiques de qualité qui manquent. Ce parlement l’a clairement démontré en recourant une fois de plus à son oreiller de paresse, les taxes. On attend, en principe, du renouveau avec les prochaines élections fédérales, mais je ne me fais pas trop d’illusions. Les quelques nouveaux élus n’auront que 4 ans pour ajuster péniblement notre législation, et encore. Finalement je me demande si ce n’est pas du côté de la société civile que viendra le changement.

  2. Cher Monsieur,
    Je suis admiratif de votre point de vue, pour un pays qui reçois des bénéfices exorbitants des institutions tels que la BNS, en plus des autres taxes et impôts, il me semble clair que cette politique n’a aucune ambition afin d’effectuer le tournant qui nous remettra sur la bonne voie. Ceci est d’autant plus inquiétant que nous ratons la révolution énergétique qui s’impose en ce moment. Comme disait un sage ancien ministre français, “nous sommes en guerre contre notre propre cécité”

  3. Bravo ! Vous avez dit ce qu’il fallait dire.
    Il n’y a que des crétins sans imagination qui ne songent qu’à taxer, car ils n’ont rien dans la tête.
    Et il y a encore des électeurs qui votent pour ces gens-là !
    Pauvre Suisse !

  4. Vous faite erreur.

    Les classes inférieures et moyennes regroupent la grosse partie des consommateurs , par ailleurs de plus en plus souvent propriétaires de PPE voir de petites maisons et de grosses voitures en leasing. Ces derniers consomment souvent aveuglément , goinfrés des crédits que nous leur donnons. Ils m’enrichissent et je les pleins, car ils ne savent pas investir.

    La taxe est donc juste. Elle vise le cœur du problème et permettra à ces gens de ralentir une grande partie de leur dépense superflue, ceci au risque de me faire perdre à mon tour beaucoup d‘argent . Mais j‘en ai cure.

    1. S’ils sont goinfrés de crédits, les taxes ne pèseront pas et ne les empêcheront pas de continuer à consommer.

    2. Juste une nuance : La classe inférieure n’existe pas, vous voulez probablement désigner la population à faible revenu. 5 francs de plus pour chaque plein de 50 litres, c’est beaucoup !

      1. La population à faible revenu essaie de ne pas contracter des crédits superflus et compte chaque centime afin de ne pas payer d’intérêts aux banques, sociétés et riches gens qu’y sont derrière, par contre, il me semble que le débat devrait être objectivement dirigé vers les solutions au lieu de chercher des boucs émissaires pour rester dans l’inaction, no?

    3. Oui désolé je ne fais pas dans le politiquement correct. Je veux soutenir nos politiques pour réorienter les besoins de ces classes vers des choses plus vitales. C’est tout .

      Ce n est pas juste non. Nous sommes pas égaux et n avons pas à chercher à le devenir non plus .

  5. Résumé en 1600 signe pour le courrier des lecteurs de LaLiberté (Fribourg), voici à peu près les mêmes arguments :
    CO2 Mon Amour
    Ainsi le conseil des états a accouché d’une nouvelle mouture de la loi CO2. On y retrouve la fameuse taxe dite incitative sur les combustibles, alors que plus aucune personne sérieuse ne croit encore à l’efficacité d’une telle mesure. Et le comble, c’est que les sommes perçues ne seront pas entièrement utilisées à des fins de protection de notre environnement, partant de notre santé, voire de notre survie en tant qu’espèce. Une ponction sur l’essence, pour redonner à l’AVS, c’est vrai que les retraités n’ont pas vraiment besoin de se déplacer ni de se chauffer, et les transports publics sont si abordables; et le peuple qui vient d’accepter, peut-être naïvement, une augmentation des cotisations AVS généralisées, alors que la précarité progresse. Une autre ponction en faveur des primes-maladies, ici on prend en otage les gens, souvent les plus précaires en terme de revenu, qui doivent utiliser leur voiture pour se rendre au travail par absence de transport public efficace (maison-crèche-lieu de travail-crèche-courses-maison) ou qui sont locataires et n’ont donc aucun choix sur le type de chauffage de leur logement; alors on leur donne une petite aide pour leur primes; en mathématique on appelle cela une simple translation. Mesdames, Messieurs les dinosaures qui avez peur de ne pas être réélus, interrogez-vous sur votre réelle utilité pour la société puisque vous n’avez plus la créativité nécessaire à nous prévenir des crises environnementales et sociales à venir. Car il s’agit bien de cela, rapidement pondre une loi par crainte d’une vague verte et sociale.

  6. M. NEIRYNCK a raison: les taxes sont une facilité et n’influenceront la situation qu’à la marge, en pesant principalement sur les revenus “moyens-faibles”, alors que les personnes riches ou simplement aisées paieront (en grommelant) mais ne changeront pas leurs habitudes.
    Malheureusement les autres scénarios incluant des mesures coercitives telles qu’un rationnement égalitaire se heurteront à la démocratie. Les quelques bruyants jeunes manifestants ne font pas une majorité populaire. Les politiciens le savent, et comme ils veulent être réélus, ils se gardent bien de présenter un scénario “autoritaire”; même les “verts” sont prudents sur cette voie, du moins ceux qui sont “éligibles”. Je vois mal comment retourner l’opinion publique alors que des mesurettes se heurtent déjà à une forte opposition.

  7. Le fait d’augmenter le prix des carburants est en effet une très mauvaise idée car à nouveau, c’est toujours les mêmes qui vont payer et surtout ceux dont le budget est déjà limite.

    Comme nous sommes les plus mauvais en terme de co2 de par le choix de nos voitures qui sont des SUV ou des voitures lourdes, le choix de taxer au poids les véhicules serait la solution. Mais voilà, qui de ces politiques ou des conservateurs serait prêt à lâcher son Q5 pour une Twingo?

  8. Nous avons le parlementaires que nous votons
    Malheureusement la plus part des candidats ainsi que élues ne pensent qu’à leurs intérêts personnels et non à notre environnements
    La taxe Co2 est la mauvaise solution
    Acheter des certificats encore pire
    Le problème est globale et donc a résoudre globalement
    La Chine est une des nations qui pollue le plus
    La Russie, l’afrique, l’amerique du Sud et du nord
    La solution n’est pas dans la taxe que seulements notre industrie sort des tirroir l’hydrogène
    Les voitures electriques sont un tres grand pollueur
    A amont et à avale
    A reflechir pour nos parlementaires, mais je crainds qu’ils ne sont pas capables

    1. Premièrement, la pratique du Pollueur-Payeur es révolue, elle a montre ces limites, et n’est efficace que dans des cas spécifiques comme l’achat des biens et/ou services qui polluent ( tout à fait d’accord avec M. Savary pour les grosses voitures), néanmoins les sociétés multinationales devraient prendre leur responsabilité en main et passer ou modèle du POLLUEUR-DÉPOLLUEUR, c’est à dire, il est de leur responsabilité de produire de manière propre et dans les cas contraires s’occuper du recyclage nécessaire au nettoyage de la planète au lieu de laisser cette tache aux collectivités, gouvernements et/ou à des pays en voie de développement, qui vont rester sous les détritus.
      Deuxièmement, nous envoyons des centaines de Fusées dans l’espace chaque année, leur combustible principal est l’hydrogène liquide ( heureusement pour notre atmosphère et poumons), comment est-ilpossible que les avions et navires de croisière n’utilisent pas cette technologie qui est dans le marché et que produite avec des énergies renouvelables est plus que propre. Le transfert du transport de marchandises doit aussi être accéléré.
      Celle-ci est, à mon avis, la véritable révolution énergétique dont notre planète à besoin avec bien sûr, l’implémentation des énergies renouvelables dans tous les domaines d’activité humaine. Tâche pas facile mais nécessaire du point de vue économique et écologique.

      Les politiciens renvoient le problème au peuple, quand il s’agit bien d’un modèle de production qui doit être réformé immédiatement, nos allons continuer à consommer mais d’une façon responsable et ferons marcher le capitalisme libéral dans un modèle d’économie circulaire en espérant que la redistribution de richesses deviendra la règle.

  9. Madame la CF Sommaruga soutient clairement le remplacement des voitures à carburant, d’origine fossile, par des voitures électriques. Elle ne tient pas compte cependant de l’énorme coût et le ravage environnemental pour la production de ces batteries, qui nécessite l’usage de métaux rares. On dirait qu’elle cherche une solution pour nos objectifs carbone de 2035 et 2050 et tant pie pour l’objectif de la planète. La voiture électrique trouvera un sens si elle est urbaine avec une autonomie limitée, par exemple, à 100 km par jour, ce qui ne nécessite pas des batteries ultra sophistiquées. Dans mon entourage direct (voisins & famille) personne ne roule plus que 100 km par jour en semaine. Et pour les longues distances il y a le train et la location de voitures sur place. Je sais que ce que j’avance n’est pas pratique mais le sauvetage de la planète ne va pas se faire sans sacrifices. Les TESLA et ses futures semblables sont des gouffres écologiques, et les promouvoir au niveau du CF, est une insulte à l’intelligence du peuple suisse.

  10. Tout à fait d’accord.
    Ma maison est chauffée par une pompe à chaleur, mon eau chaude par un boiler pompe à chaleur, mon électricité par de l’hydraulique, ma voiture est considéré moins polluante ( pas de taxes pendant 3 ans) . Je fais de mon mieux pour diminuer mon empreinte carbone et je me considère à revenus “moyen-faible”.
    Je suis très pessimiste pour l’avenir.
    Est-ce que vous avez regardé dernièrement une mappemonde? La Suisse n’est pas plus grande qu’une tête d’épingle! Vous croyez qu’en rajoutant toutes ces taxes cela va nous sauver? Il faut agir sur les industries, les navires, le transport des marchandises qui traverse tous les jours notre pays. Nous ne sommes qu’une miette dans un monde de pollueur. Est-ce que vous avez vu toutes les cheminées à Montréal au mois de janvier ou les embouteillages dans toutes les grandes villes du monde? A elles seules, elles polluent en un jour la même quantité que la Suisse en un mois!
    On n’éduque pas en punissant mais en donnant l’exemple et les moyens,

    1. Bravo pour vos efforts. La Suisse pollue toute l’année autant que le reste du monde pendant 8 heures seulement ! Avec l’énorme effort que nous allons consentir, et qui va appauvrir davantage les familles à revenus modestes, la proportion va tomber peut-être à 07:40

  11. Mr Neirynck est la voix du bon sens dans cet article. Mais c’est trop tard, le mal est fait.

    Moi ce que je vois c’est que tous ces partis ont fait exactement ce qu’il fallait pour que l’UDC cartonne à ces élections. Car l’UDC est le seul parti qui ne se couche pas devant les manipulations des spin doctors de Extension Rébellion ni devant l’horripilante et ridicule Greta. Donc l’UDC va pouvoir retirer les marrons du feu.

    Toute cette campagne mondiale avait pour but uniquement de créer artificiellement une vague verte, dans tous les pays et ce uniquement dans le but de contrer le ”populisme”. Et en particulier en Suisse car les mondialistes veulent mettre au pas la Suisse dont l’esprit d’indépendance les insupporte.

    Eh bien vous allez voir qu’en Suisse tout ça ne donnera rien, qu’un pet dans l’eau.

    Selon le dernier sondage Tamedia les Verts n’atteignent même pas 10%. Ils sont à 9.9%, autant dire un pet de lapin. C’est une progression mais qui n’apporte rien et ne permet absolument pas de rêver à un siège au CF. Les autres partis s’effritent lentement. L’UDC se maintient à un très haut niveau, perdant à peine un demi point ! Un succès mérité et logique car l’UDC est le seul parti qui soit clair et dise la vérité en s’opposant à un accord cadre qui serait la fin de la démocratie suisse et dont personne ne veut. A la fin la constance et la sincérité payent. Bref Opération Libero & Cie risquent de se retrouver gros Jean comme devant.

    Tout ça pour ça ! Une campagne mondiale, des marches pour le climat, avec l’appui de tous les médias, la Greta, Extension Rébellion, une manif de 100’000 personnes à Berne, Dubochet prix Nobel qui a mouillé la chemise et les Verts n’atteignent même pas les 10%!!!!!

    Bref le barnum mondial fait un bide. Les sommes colossales engagées par le show business mondialiste l’ont été en pure perte. C’est à désespérer pour les Al Gore et Soros de ce monde.

    Oui c’est à désespérer. Mais si l’opération panique mondiale est un flop en Suisse, à mon avis, ce sera beaucoup à cause de cette, on ne peut plus stupide et malencontreuse taxe carbone et taxe sur les billets d’avions. Parce que ça, ça s’appelle une bourde et ça va leur asséner le coup de grâce, par leur propre faute. Ha ha ha ha ! ! ! ! ! !

    Ca fait rudement plaisir de voir tous ces toutous du mondialisme en Suisse ruiner tous les efforts de leurs maîtres oligarchiques étrangers. D’un seul coup, par simple bêtise épaisse. Patatras ! Une balle dans le pied. Bien fait!

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