Trop de médecins ?

 

Une fois de plus le Conseil des Etats a refusé d’entrer en matière sur le refus de contracter, qui serait accordée aux caisses maladies. Cela va de soi pour les médecins : au terme d’une très longue formation, ils obtiennent un diplôme donnant le droit de soigner. Si une ou plusieurs caisses peuvent arbitrairement les mettre sur une liste noire, en refusant de rembourser les soins, ces médecins sont de fait privés de diplôme. Il y aurait donc deux instances successives pour accorder un diplôme ou pour permettre de l’utiliserr : les Facultés de médecine et puis les caisses d’assurance. Les premières évaluent la compétence professionnelle et les secondes les coûts engendrés. Ce n’est pas au même niveau. Veut-on des médecins compétents ou économes?

Cela va de soi aussi pour les patients. Ils estiment avoir le droit de choisir leur médecin en fonction de tous les critères imaginables, à commencer par sa réputation professionnelle et par son empathie lors des entretiens. Exclure certains médecins revient à limiter cette liberté fondamentale du choix sur un libre marché. C’est pire qu’une médecine d’Etat à la soviétique ou à la britannique car l’instance de décision n’est plus l’Etat mais des entreprises privées.

Ce n’est pas la première fois que des mesures maladroites sont proposées pour réduire les coûts de la santé. Cela a commencé voici vingt ans avec le numerus clausus des facultés de médecine visant à réduire le nombre de médecins diplômés : cette mesure a tourné à la confusion de ses initiateurs puisque les jeunes Suisse, interdits d’étude, ont été remplacés par des médecins formés à l’étranger. Il n’y a donc pas eu finalement de réductions du nombre de médecins.

Sont-ils pour autant trop nombreux, comme le prétendant les partisans de leur réduction ? A en juger par le délai nécessaire pour obtenir un rendez-vous chez certains spécialistes, de trois semaines à trois mois sur la place de Lausanne, ils seraient au contraire surchargés et trop peu nombreux. Il n’y a pas trop de spécialistes et trop peu de généralistes. Ils sont peut-être mal répartis sur le territoire. Mais qui s’en occupe?

Ensuite on a proposé et mis en œuvre un moratoire sur l’ouverture de nouveaux cabinets par de jeunes médecins. Le seul résultat a été de les confiner dans les hôpitaux universitaires, où ils se sont spécialisés en créant prétendument une pénurie relative de généralistes.

Il n’y a donc pas de méthode simple et efficace pour diminuer les coûts de la santé. Toutes les interventions maladroites ont, jusqu’à présent, été à fins contraires. Quel que soit le système, il y aura toujours des malades imaginaires et des médecins complaisants: c’est inscrit dans la nature humaine, faite d’angoisses et de faiblesses. Si l’on réduisait effectivement la consommation médicale par des mesures administratives ou légales, on réduirait certes des dépenses inutiles, mais aussi d’autres indispensables. Dans un système de marché libre fondé sur la relation privilégiée entre patient et médecin, l’Etat est privé de moyens d’action et il le restera.

Le système de santé suisse est excellent en ce sens qu’il garantit une espérance de vie parmi les trois plus élevées au monde. Il n’absorbe que 12% du produit national. Ce n’est pas trop cher payé, même si c’est un luxe réservé à un pays riche. Si l’on estime qu’il y a trop de médecins, encore faudrait-il décider d’une norme objective. Il y a aussi, si l’on commence à compter, trop d’avocats, de fiduciaires, de stations de ski, de stades, de théâtres, de musées, de parcs, d’universités, d’avions, de voitures, de restaurants, d’antennes de téléphonie dont pourrait théoriquement se passer.

Mais dans ces domaines, il semble qu’il n’y ait jamais assez, parce que des lobbys puissants veillent au grain. Si les médecins étaient organisés en groupe de pression, s’il finançait de la publicité à la télévision, on se rendrait compte qu’ils sont vraiment utiles pour maintenir les gens en vie, en bonne santé et capable de travailler alors que ce n’est pas le cas des antennes de téléphonie, des stations services et des émetteurs de télévision.

Jacques Neirynck

Jacques Neirynck est ingénieur, ancien conseiller national PDC et député au Grand Conseil vaudois, professeur honoraire de l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), d'origine belge, de nationalité française et naturalisé suisse. Il exerce la profession d'écrivain.

24 réponses à “Trop de médecins ?

  1. « Si l’on réduisait effectivement la consommation médicale par des mesures administratives ou légales… »

    Les mesures de dissuasion de consulter « inutilement » sont déjà en cours, exercées par les caisses maladies. Un exemple est la caisse qui offre une réduction de primes en instaurant le système de consultation préalable à distance, avant prise de rendez-vous au cabinet médical si jugé nécessaire. À premier abord ce filtre peut apparaître sans inconvénients, mais le médecin est limité dans son évaluation (signes physiques, toucher, prise de pression et autres mesures). Il en est cependant conscient, et « prescrira » une consultation traditionnelle s’il ne peut se faire un avis sûr. Mais et la prévention ? Ou la personne qui va consulter pour une grippe, et à qui le médecin dit : « Puisque vous êtes là, je vais vous prendre en même temps la pression… » Ou des changements que celui-ci remarque sur le comportement : « Vous me semblez faitigué(e), je ne vous ai pas vu comme ça les autres fois… » Des riens pour lesquels la personne ne consultera pas à distance, mais qui pourront être évoqués à l’occasion d’un rendez-vous pris pour un motif qu’elle estime sérieux. Ainsi en voulant réduire les consultations au cabinet à ce qui est « nécessaire », on crée une voie à sens unique entre le patient et le médecin. Cette règle de circulation permet évidemment des économies !

    Et la prévention ? On l’a souvent dite excessive, comme si celle-ci n’était que destinée à rassurer la personne sur « tout ce qu’elle n’a pas » Et parallèlement nous avons des statistiques fiables indiquant que le 50 % des hommes qui développent un cancer de la prostate auraient pu être mieux soignés s’ils avaient fait un contrôle dès la tranche d’âge où la probabilité se concentre. Un autre exemple encore qui concerne tous les âges, le cancer de la peau. Des dermatologues offrent des journées d’examen gratuit en plusieurs lieux, donnant en même temps un message allant dans le sens de la prévention. Ceux qui auront manqué ces journées prendront peut-être rendez-vous… Est-ce une prévention excessive ? Apparemment les dermatologues constatent qu’ils ne sont pas surchargés de personnes qui prennent rendez-vous pour un contrôle. Alors ce que je considère grave, c’est que les caisses maladies osent parler de « prévention excessive », qu’ils comptabilisent comment entre ce qui est excessif ou ne l’est pas ? Le pourcentage des contrôles « négatifs » en grande proportion vis-à-vis des « positifs » ? En matière de coûts cela pèse trop, autant dire que c’est la prévention qui est en trop… Il fut une époque où le choix des études de médecine pouvait être motivé par la perspective de devenir riche, cela était possible déjà pour le médecin généraliste qui avait le sens des affaires. Ce n’est plus le cas actuellement (hormis le secteur de la « médecine de luxe privée » qui propose des séjours de rajeunissement bénéfiques par la bonne hygiène de vie qu’elles offrent, mais en aucun cas par les traitements dermatologiques à base de cellules fraîches congelées, et autres mensonges qui font rire les dermatologues honnêtes). Ce sont maintenant les caisses qui veulent des médecins estimés honnêtes s’ils pratiquent à l’inverse une sous-médecine low cost. C’est là une solution purement commerciale, incompatible dans le domaine de la santé. Cette même approche, je l’ai constatée dans le secteur social, quand mon directeur m’a déclaré un jour : « Mettez-vous dans la tête que nous ne faisons plus de social, nous devons être rentables ! » Je lui ai répondu : « Eh bien vous êtes au moins honnête, le but de l’association est donc d’assurer un haut salaire au directeur, et un salaire appréciable à ceux qui l’entourent, dont moi… » Un système qui se détourne du but qu’il est censé viser pour gagner en rentabilité perd de sens !

    1. Tout à fait d’accord sauf sur un point : j’attends depuis trois mois un rendez-vous chez un dermatologue. Ils sont donc réellement surchargés.

      1. (Mais peut-être qu’ils le seraient encore plus si le conseil de contrôler la présence possible de mélanomes était suivie)

  2. On ne peut totalement écarter le fait que des prestataires de service indépendants tels que médecins ou avocats tendent à remplir leurs agendas pour garantir leur chiffre d’affaire. Ainsi, un simple contrôle de routine comporte trois ou quatre rendez-vous au lieu de se limiter aux analyses de base et du commentaire du médecin. Le client est bien obligé d’accepter et de payer. Je vous donne raison sur un point: ce n’est pas à des entreprises privées comme les caisses maladie qui par définition poursuivent leur intérêt particulier de réguler cela. La santé est par définition une affaire de pouvoir publique et l’on observe que plus le système est libéral, plus les coûts engendrés sont élevés. La réponse toute faite d’une qualité incomparable n’est pas vérifiée par la statistique: en Suisse comme au Etats-Unis, les erreurs médicales ne sont pas significativement moins nombreuses que dans les autres pays occidentaux. Lorsque l’on observe les prestations couvertes par la sécurité sociale française, on pourait être envieux.

    1. La qualité des soins peut se mesurer par un critère simple, le seul vraiment significatif, l’espérance de vie. Elle est de 83.4 années en Suisse et de 78.1 aux Etats-Unis. En France elle est de 82.4.

      1. Sauf que l’augmentation de l’espérance de vie est surtout influencée par des facteurs environnementaux (en premier lieu la qualité de l’alimentation tout au long de l’année) plus que par les progrès de la médecine.

        1. L’espérance de vie est influencée par plusieurs facteurs mais je ne sache pas que l’on ait prouvé que l’alimentation est plus importante que la médecine.

    2. « …Lorsqu’on observe les prestations couvertes par la sécurité sociale française… »
      Croyez-moi, par expérience, il n’y à absolument rien à envier. Il s’agit là d’une usine à gaz, d’un coût faramineux pour une productivité dérisoire.
      Les coûts sont masqués, mais se voient dans le pourcentage de charges prélevées, le plus haut du monde.

    3. @ M. Gwaskell

      À moins que j’ai mal compris ce que vous exprimez, vous estimez que les analyses de base suivies du commentaire du médecin suffiraient, sans trois ou quatre rendez-vous (annuels). Mais il faut songer que l’état psychique d’une personne a une place importante dans sa santé globale. Je ne parle pas de troubles manifestés clairement, qui peuvent attirer l’attention de l’entourage ou causer des soucis à une personne consciente, mais de la dépression par exemple. Celle-ci est courante, et il ne faudrait pas croire qu’elle est décelable si facilement. Elle peut être niée par une personne qui veut « rester forte », et c’est parfois indirectement que le médecin la décèle, il ne recevra pas une demande de rendez-vous pour des signes courants qui peuvent être attribués à quantité d’autres raisons courantes : fatigue, sentiment de tristesse, manque de concentration, perte d’intérêt… Pour dire que ces manifestations sont banales prises isolément, mais peuvent faire suspecter une dépression au médecin qui pourra pousser plus loin ses investigations, dont un dialogue poursuivi… Cela prend du temps, et le mieux est de ne pas attendre un an. La dépression est une maladie qui touche beaucoup de monde, elle coûte cher autrement : Absentéisme professionnel, et « absence » dans d’autres domaines qui ont des répercussions sur l’entourage ou la famille, par exemple la mère souvent distraite, inattentive, qui ne parvient plus à bien s’occuper de ses enfants. Les petites discussions avec le médecin à l’occasion de rendez-vous, qui portent sur des choses ordinaires ne sont pas un luxe, la simple question « Comment ça va ?.. » est une large porte ouverte utile, sans attente particulière, sauf l’invitation à dire. Bien différent du « Comment ça va ? » quand on croise une connaissance qui n’attend pas même la réponse. Le médecin n’a pas besoin d’entendre que tout va bien pour se sentir dans une bonne atmosphère !

  3. Les coûts de la santé (et les primes!) continuent par contre d’augmenter de 4-5% par an, ce qui ne semble pas viable à long terme. Pensez vous, qu’il faille les stabiliser ? et si oui, comment, si ce n’est en régulant le marché?
    Question subsidiaire: ne pensez vous pas que par définition un marché soutenue par une assurance obligatoire créera des distorsions de marchés s’il n’est pas régulé? Dans un marché normal, si un prestataire augmente ses prix, une partie de ses clients se tournera vers la concurrence. Mais si le client ne doit pas payer la prestation, comme c’est le cas quand les frais sont couverts par une assurance, il n’y aura pas de baisse de la demande quand le prix augmente. Le prestataire (hopital, pharmacie, ou médecin) peut donc augmenter ses prix sans que cela n’affecte la demande. Le mécanisme de base de l’économie de marché ne fonctionne donc pas.

    1. Il faudrait définir ce que c’est qu’un marché de la santé “régulé”. Par qui et comment? Si c’était possible, ce serait déjà fait. On peut et on doit sanctionner les gaspillages évidents et grossiers. Mais tout le reste? Si un généraliste demande un IRM ou une coloscopie, qui va décider que c’est pertinent ou non? Le colloque singulier entre patient et médecin doit être couvert par le secret professionnel. Je ne vois aucune solution réaliste, sauf à rationner administrativement les soins. Qui va faire cela?

  4. Concernant le nombre de médecins, il y a effectivement un problème et certains cantons y sont plus exposés que d’autres, en particulier pour certaines spécialités.
    Les facultés de médecine suisses forment en fonction de leurs places disponibles. Démographiquement parlant, de nos jours se sont majoritairement des étudiantes (c’est ainsi) qui sont inscrites en faculté de médecine. Leur formation terminée, FMH en poche, certaines restent à l’hôpital Universitaire pour tenter une carrière, d’autres rejoignent parfois l’industrie, mais la majorité cherchera à s’installer de préférence en cabinet de groupe (tendance actuelle, homme et femme confondus, les banques ne prêtent plus aussi facilement qu’avant).
    S’y est ajouté le problème du travail à temps partiel (hommes et femmes, mais plus marqué chez les femmes, c’est ainsi et c’est compréhensible. Mais du coup le nombre d’étudiant(e)s formés en faculté ne correspond plus à la demande (< 100%).
    Alors on a fait venir des médecins formés à l'étranger, ce qui épargne aussi des coûts de formation à l’état (parole de CN au tj de la RTS à l’époque).
    Pour que ces médecins étrangers puissent au final travailler au plein tarif Tarmed remboursé par les caisses maladies, ils devront aussi avoir accompli au moins 3 ans en hôpital publique (FMH oblige). Des places de formation ont finalement et récemment été crées (même l’EPFZ s’y est jointe), mais ces futurs jeunes médecins ne seront pas effectifs avant 10-15 ans (généralistes et spécialistes). Donc patience !

    1. Pour l’instant un quart des médecins pratiquant ont été formés à l’étranger. Il s’agit donc d’une tendance lourde et longue. Elle épargne à la Suisse près de 700 millions par an, subtilisés à nos voisins.

  5. Le système de santé en Suisse est d’une rare complexité. L’Etat impose à la soviétique à chaque individu d’être assurer “en Suisse” et de subir les hausses des primes sans pouvoir y échapper, que provisoirement, en sautant d’une caisse à l’autre à l’occasion de chaque hausse. Les caisses maladies sont d’une nature monopolistique malgré leur nombre. Elles ne décident pas seulement de vivre sur grand-pied en se rémunérant gracieusement, mais en plus elles se font des réserves !!!! soit-disant pour faire face à des situations imprévisibles. Vient après les relations “incestueuses” entre couverture de base et les couvertures semi-privée & privée. Personne ne sait comment ils font le compte. D’après le refus des caisses d’assurer des personnes en “privée” prouvent qu’une certaine catégorie de personnes aisées bénéficient indirectement des primes de base payées par la masse des couches populaires les plus modestes. Je pense qu’il faille mettre en place deux systèmes où les moins favorisés payeraient beaucoup moins et auront un catalogue de soins et des médecins salariés des assurances. Et la liberté du choix des médicaments et des médecins resterait à ceux qui payeraient le juste prix. La tendance actuelle des cantons à élargir l’assiette des bénéficiaires des subventions des primes d’assurance maladie est injuste car inéquitable vis-à-vis des contribuables.

    1. @ M. Elie Hanna

      Notre système de santé vise encore toujours, heureusement à mon avis, l’équité en qualité de prévention et de soins pour chacun quel que soit son niveau financier. L’assurance privée est un plus en matière de confort (par exemple le remboursement d’un séjour de convalescence dans un établissement offrant un bien-être type hôtelier), elle ne donne cependant pas accès à des traitements plus poussés. Ce n’est pas une « injustice » de vouloir garantir l’égalité des soins purement médicaux. Un système plus juste, dans le sens que vous exprimez, serait une remise en question du principe même de l’assurance. Le « juste prix » est celui de la prime mensuelle que l’on paye, et l’on souhaite évidemment qu’elle ne soit pas à un tarif excessif dans les wagons classe unique du réseau de santé. Commencer à vouloir établir des voies parallèles de sécurité moindre, en créant la confusion entre sécurité et confort, reviendrait à catégoriser les passagers. J’espère que l’on n’en arrivera pas là !

      1. Merci pour votre commentaire. Le cœur de ma conviction est que les pauvres payent pour les plus riches dans le système actuel. Un ouvrier qui tombe malade à 70 ans ne vas pas remuer “terre et ciel” pour se soigner autant qu’une personne aisée, sans évoquer l’espérance de vie, plus longue chez les riches. Un couple modeste qui gagne 100’000.- francs p.a. (90’000.- après impôt) et qui a 2 enfants adultes à la maison payent à Genève environ 24’000.- p.a. pour l’assurance maladie. C’est disproportionné même indécent. Les médecins “privés” qui traitent les personnes aisées vont plus facilement leur promulgués des traitements plus chers en psychiatrie, en convalescence & les médicaments les plus récents et les plus chers. En quoi cela dérange-t-il de faire payer le “juste prix” à ceux qui ont les moyens, et qui sont 2 fois plus demandeurs de sophistication dans les soins. La moindre de la moindre des choses est de couper net et totalement les liens entre couverture de base et les autres couvertures, voire même, faire spécialiser certaines caisses pour la SEULE couverture de base.

        1. Merci d’avoir donné une réponse. Le danger, à mon avis, de vouloir attribuer des soins perçus de qualité variable en rapport d’un “juste prix” ne favorisera personne, parce qu’actuellement l’assuré privé ne bénéficie que d’un plus « santé » mineur en rapport de la prime élevée payée pour un plus « confort ». L’ouvrier que vous citez, qui aurait besoin d’être hospitalisé en psychiatrie, n’aura rien à envier au plus riche pour espérer mieux guérir. Il est soigné par des médecins ayant une formation équivalente de celle des « seigneurs » qui arrivent dans la chambre de la clinique luxueuse. Ceux-ci aiment les affaires, et il y a des patients pour croire que plus on paye, mieux on aura. Ce qu’ils auront en plus, ce sera l’esbroufe, les tapis au salon, une belle salle de bains dans leur chambre, etc.… Ce qu’ils risquent d’avoir en moins, ce sera l’honnêteté scientifique qui consiste à ne pas laisser le patient dans l’illusion qu’il existe de meilleurs traitements à plus haut prix. Il est courant d’entendre des patients pressés de déclarer : « Je peux payer ». Le « seigneur » de la clinique de rajeunissement où se croisent vedettes du show-business, acteurs, politiciens, sait trop bien que son client peut payer, même beaucoup. Il pourra alors lui dire : « Chez nous vous aurez le meilleur ». Et posé sur la table de chevet, le dépliant en couleur qui suggère que l’impossible n’est pas un rêve. Les deux médecins de mes illustrations ont tout deux signés le Serment d’Hyppocrate, le premier le prend au sérieux, le second moins.

          Vous parlez aussi de l’espérance de vie, qui peut effectivement être plus favorable pour la personne ayant les moyens de s’offrir une bonne qualité de vie, mais là ce n’est pas la caisse maladie qui joue un rôle. Je ne pense pas que les pauvres payent pour que les riches soient en meilleure santé. N’oubliez pas que ce sont les impôts qui subventionnent le système de santé, et les PC de l’AI ou l’AVS qui prennent en charge les cotisations à la caisse maladie. Les prestations du CMS dépendent également des subventions, la personne pauvre y a droit sans restrictions, les autres payent progressivement depuis le tarif faible jusqu’au normal qui n’est pas donné !

          L’ouvrier malade qui conduit une brouette “ne remue pas ciel et terre quand il est malade”, son patron qui conduit une Mercedes 500 oui. Mais l’un et l’autre sont sur le même chemin où ils ont accès à l’hôpital, pour y être soignés dans des conditions identiques. Une fois dehors le premier prendra le bus, le second le taxi. Et s’ils ne quittent pas l’hôpital debout, ce ne sont pas les bouquets ou la couronne plus grande qui rendra le voyage plus heureux ou confortable au riche.

          1. @ DOMINIC: J’ai l’impression que mon idée de séparer la couverture de base du reste, a trouvé une certaine grâce à votre plume, puisque vous ne la critiquer pas, malgré la longueur de votre commentaire. suis content, merci!

  6. Votre commentaire est parfaitement pertinent! Bravo!
    Ce n’est en effet pas la première fois que la suppression de contracter veut faire son entrée. Couchepin Ier l’avait déjà dit: Le moratoire ne sera levé que lorsque la suppression de contracter sera effective…
    Le moratoire est encore là… les suisses aiment pouvoir choisir leur médecin! C’est un fait!
    Cependant je ne suis pas d’accord avec votre idée de faire aux médecins de la publicité, du lobby etc… ce ne sont pas leur rôle.
    Leur rôle est de soigner.
    Au politiques de savoir qui croire. On tape sur les patients, sur les soignants, sur les labos, on force le tarmed à la baisse… pas d’effets.
    A quand un moratoire sur les employés de caisses?
    A quand un moratoire sur le nombre de caisses?
    Une limitation sur le salaire des directeurs et cadres?
    Les assureurs sont géniaux: 5% de frais administratifs: stables depuis 20 ans alors que les primes explosent et qu’ils perdent cycliquement des millions en bourse, qu’ils développent et engagent…
    le problème vient de la LAMal qui est à l’agonie.
    Changeons le système avant qu’il n’implose et que des gens meurent faute de soins.

      1. Simplement en modifiant la loi.
        En supprimant l’obligation d’assurance. Les caisses doivent « veiller aux principe d’economicité » des traitements. Alors ils faut également qu’elles soient contrôlées.
        Que le moindre franc versé à la base aille au remboursement des soins tél que cela est prévu.
        Mais pour cela on ne peut pas faire autrement que retirer l’assurance de base aux caisses actuelles. Elles mélangent volontairement assurance de base et complétementaires.

        Cela passe par une assurance de base , garantie par l’état. (Attention non gérée par l’état)

        Rafistoler un maison ancienne coûtera toujours plus cher que de reconstruire à neuf!
        La LAMal est à l’agonie et le portefeuille des suisses aussi. Il faut juste avoue l’honnêteté de dire « on a fait faux, on recommence, et on essaie de faire mieux  »
        Les pseudos-experts internationaux mandatés par le CF ne font qu’enfoncer le clou. Ils donnent en exemple l’Allemagne et l’Angleterre… mais quels bons exemples de systèmes de santé catastrophiques!!!
        Et le CF va suivre ces mesures car il ne sait pas de quoi il parle!
        Pour preuve, quand M. Berset déclarait t’il y a un an, (relayé par tous les médias) que l’operatIon de cataracte était plus rapide maintenant que l’on utilise le laser… alors en fait… c’est la seule avances technologique qui permet de ralentir une opération! De plus le patient doit payer ce laser de sa poche (1500.-) pour un gain en sécurité très relatif.
        PS sa mesure de diminuer le tarmed a fait arrêter d’opérer plusieurs chirurgiens.

        Ce n’est pas à moi de proposer des nouvelles mesures mais au parlement!!! Il faut juste qu’ils aient le courage de le faire.
        Mais sans être arrosés par derrière par les lobbies

  7. Les caisses d’assurance voudraient faire la part entre les bons et mauvais médecins en rapport de critères dénués de sens médical, comme le rapport d’efficacité résultat / temps. Et les médecines dites non traditionnelles qu’elles remboursent pour gagner des assurés, qu’en est-il du rapport d’efficacité ? Cela fait 223 ans que l’on n’a jamais pu apporter la moindre démonstration d’un quelconque effet réel de l’homéopathie, à l’instar des 200 types de « médecines » parallèles générées hors des universités. Quelques-unes de celles-ci sont homologuées, et leurs « praticiens » autorisés à exercer, à condition d’avoir suivi une « formation » de six mois au minimum (douze fois plus rapide que les études de médecine). Je ne nie pas que ces pratiques puissent apporter une sensation de bien-être aux adeptes, mais les caisses pourraient alors aussi offrir aux médecins généralistes de confortables fauteuils destinés à la salle d’attente, les plantes vertes et les magazines. Dans la volonté de réduire les coûts en faisant la chasse aux contrôles « inutiles », soit on nie la capacité du médecin d’en juger, soit on le considère a priori malhonnête. Et à côté de lui on paye les factures de son mime blanc qui n’a rien étudié de réel ! Mais pour la caisse, rembourser ce qui ne vaut rien, à moindre coût que ce qui est sérieux, est sain dans les chiffres.

  8. Cher Monsieur, le problème de la santé et de la politique de la santé restent de toute évidence complexe. Les caisses maladie suisses raisonnent en comptable et veillent jalousement à leurs prérogatives très rémunératrices. Notre CF Berset à réuni des spécialistes suisses comme étrangers pour lui fournir un rapport destiné à comment faire pour réduire les coûts de la santé. Ce rapport a essentiellement débouché sur des diminutions de certaines positions Tarmed, décisions aussi stupides que de supprimer le laboratoire du praticien décidée par le CF Couchepin et sans conséquences sur les coûts de la santé. Le CF Berset et ses conseilles caressent un nouveau projet de type budget global, une illusion politique de plus. Comme les assureurs, le CF Berset raisonne aussi en économiste qu’il est, même si socialiste. Contrairement aux avis des assureurs, les avis réalistes, les analyses pertinentes, de même que les commentaires très professionnels de la société médicale de la Suisse romande (SMSR) ne sont curieusement jamais ou très rarement écoutés. Mon point de vue est que cela est donc bien dommage.

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