Le Salut d’une Suisse menacée dans son intégrité

Le Salut de la Suisse viendra, comme de coutume, du programme du parti le plus puissant, de celui qui exprime le mieux l’opinion populaire. Celle-ci est confrontée, selon l’analyse lucide d’Albert Rösti, président actuel  de l’UDC, à une situation apocalyptique : les trains bondés, les routes surchargées, le chômage croissants des plus de 50 ans, l’absence d’emploi pour les jeunes diplômés, les attroupements menaçants de requérants d’asile sur la voie publique. Tous ces maux découlent de l’immigration de masse en provenance de l’UE, à laquelle il faut mettre un terme, ce qui rétablira un visage plus avenant pour le territoire suisse, une vie plus confortable pour ses citoyens de souches.

Ce n’est qu’une composante d’un programme plus élaboré, qui comporte la réduction de l’aide au développement, la suppression des subventions à la culture, la disparition des bureaux de l’égalité, le transfert des investissements pour le rail au bénéfice de la route, le renforcement de l’armée, le renoncement à une politique de réduction du CO2. Toutes ces mesures permettront de réduire la charge des prélèvements obligatoires sur le revenu des contribuables suisses. L’essor résultant de la consommation locale compensera la fermeture de l’accès facilité au marché intérieur européen.

Ce programme harmonieux rejoint l’analyse perspicace des leaders charismatiques que sont Donald Trump, Marine Le Pen, Viktor Orban, Paolo Gentiloni. Le monde politique bascule à droite par-delà les frontières. L’insurrection des gilets jaunes reprend ces thèmes sous une forme synthétique, propre à la  concision française : moins d’impôts et plus de services publics. De même en réduisant tout simplement le nombre de voyageurs des CFF, on ne sera pas obligé de multiplier les trains. Plus l’étranger est le seul responsable de ces embarras, plus les citoyens en sont disculpés.

Pour l’instant, on n’évoque pas encore l’éventualité d’un mur de protection de la Suisse, à l’instar de ce qui se fait en Palestine, aux Etats-Unis, en Hongrie. Il faudra bien y arriver car la frontière est poreuse. En passant par les forêts du Jura ou les petites routes de Genève sans poste de douane, n’importe qui peut pénétrer sur le territoire. Un réseau de barbelés de 1 853 kilomètres de longueur relancera la production indigène et créera des emplois. Alors que les charges sociales de la Confédération ont bondi de 14 à 22.6 milliards, leur réduction drastique permettra de financer ce rempart sans effort.

On se réjouit à l’avance de l’application de ce programme. Une Suisse de l’entre soi fonctionnera mieux que l’actuelle ouverture sur un monde compliqué et offensif. En terminant, peut-on suggérer d’ajouter des mesures protectrices des racines judéo-chrétiennes de ce pays, menacées par l’invasion de l’islamisme. A quoi sert d’interdire seulement les minarets, si restent ouvertes des mosquées où des prêches radicaux sont prononcés ?

 

 

Jacques Neirynck

Jacques Neirynck est ingénieur, ancien conseiller national PDC et député au Grand Conseil vaudois, professeur honoraire de l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), d'origine belge, de nationalité française et naturalisé suisse. Il exerce la profession d'écrivain.

3 réponses à “Le Salut d’une Suisse menacée dans son intégrité

  1. Sous-entendez-vous que les “gilets jaunes” sont d’extrême-droite? La réalité est bien plus complexe à mon avis. Le FN/RN, les néo-fascismes de ce monde, ne manquent pas une occasion de faire parler d’eux, en récupérant les événements ici et là. L’encouragement d’un mouvement social, la négation d’un génocide… À tous les niveaux de gravité, tout est bon pour se mettre en avant. Tant qu’ils n’ont pas le pouvoir en tout cas. Ensuite, ils construisent des murs en effet, pour garder au chaud la haine et la bêtise. Jamais nous ne devons cesser de les combattre.

  2. Les gilets jaunes ne s’inscrivent dans aucun parti et les critiquent tous. Mais ils constituent une proie facile pour ceux-ci. Le RN s’y active avec beaucoup d’habileté.

  3. Votre tentative de synthèse caricaturale de ces visions politiques est assez bien réussie. Je resterai toujours étonné de l’admiration de certains individus devant les paroles des « ayatollahs de tout bord », et des tenants du « y a qu’a « prônant une vision simpliste du monde et de nos sociétés humaines. La négation de la réalité, de la diversité et donc de la complexité frise l’absurde. Courage, ce n’est qu’une passade, mais espérons avec le moins de nouveaux dégâts possibles. La planète terre et le système solaire, quant à eux, n’ont que faire de ces éternuements.

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