La vieillesse est une maladie incurable

Sagesse

Vivre en étant conscient de l‘éphémère, c‘est apprendre à se détacher tout en étant présent.

Savoir donner sans rien attendre en retour.

Ne pas se sentir obligé de faire ce que font les autres.

Je n’aime pas les voyages en groupe, donc je voyage seule.

Je ne fais pas de tourisme, mais je sais m’imprégner d’un lieu en y flânant. Je m‘imprègne aussi de quelques personnes. Lorsque je me trouve bien dans un endroit ou avec une personne, je ne m‘en lasse jamais.

La plupart du temps, je préfère la solitude avec un feu de cheminée en hiver, un jardin parfumé en été.

Je fuis la foule et les dîners en ville.

J‘ai toujours vénéré Eros – la beauté – sans craindre Thanatos – la mort.

Le spectacle de la souffrance me désespère.

Je sais bien qu‘on ne peut échapper ni à la laideur ni à la souffrance.

Je fais de mon mieux pour aider quand je peux et me détourner quand il n‘y a rien à faire.

Les plus beaux métiers – à mes yeux – sont les médecins – qui réparent les humains et les architectes d‘intérieur – qui réparent les lieux.

Viennent ensuite les artisans, les jardiniers, les professeurs (ceux qui écoutent leurs élèves).

Je ne fais pas que bavarder. Je réfléchis sur ce qui donne du sens à la vie. Je ne peux le faire qu’en me basant sur ce que j‘ai vécu. « Que m‘importe de lire que le sable des plages est chaud. Je veux que mes pieds nus le sentent » ( André Gide ).

J‘ai toujours été intransigeante. J‘ai en horreur la banlieue dans laquelle j‘ai passé une partie de mon enfance. Adoré les parfums de la Provence : la lavande, le thym, le jasmin.

A 18 ans, j‘ai quitté la banlieue parisienne pour une chambre de bonne dans l‘Ile Saint Louis. Etudié à la Sorbonne (pas ce que je voulais, car pas assez d‘argent) et travaillé pour subvenir à mes besoins. Babysitter (pour la chambre de bonne) guide touristique ou serveuse (pour manger). Même à l‘époque je ne portais que des jeans.

Plus tard, grâce à mon mari, j‘ ai eu les moyens de m‘acheter de belles robes de designers et de jolies chaussures… Ce fut toute une époque de vie mondaine – et en même temps de maman.

Les plus grands moments de bonheur, ce sont mes trois fils qui me les ont donnés. Je n‘oublierai jamais les virées à Saint Tropez, le ski nautique dans les Caraïbes et puis… Gstaad, la neige, les fleurs, les vaches suisses. Nous étions complices et amis. J‘étais tellement fière d‘eux. En revanche, moi, je les faisais mourir de honte quand j‘engueulais un vendeur pas assez attentif ou que j‘imitais un rire idiot ou une voix vulgaire dans un restaurant.

Une vie remplie de moments marrants (le plus souvent) de souffrance (inévitable) aussi.

Mais voilà : le bilan est bon et je me prépare à partir. Il vaut mieux y penser en amont pour ne pas se laisser surprendre. On prépare tellement de moments importants : les baptêmes, les mariages, les diplômes… pourquoi pas la mort ? Pourquoi vouloir absolument laisser un moment aussi important de nos vies au hasard ?

C‘est vrai que Thanatos peut apparaître à n‘importe quel moment, même sans rendez-vous.

Cependant, si on lui a permis de nous accompagner pendant le trajet (laissant place à Eros, si celui-ci nous enveloppait dans ses bras) on le connaît et on ne le craint pas.

Eros vient et repart. Thanatos est toujours présent. Mieux vaut en faire un ami !

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