La mort de Nadia

Ma mère

Ma grand-mère, Nadia, est morte à Moscou ; elle avait 38 ans. Elle était oncologue et savait que son cancer du sein – avec métastases au foie et dans les poumons – n’avait aucune chance de guérir. Elle a essayé d’expliquer à sa fille de 8 ans – maman – qu’elle allait mourir. Peut-on imaginer le désarroi de cette petite famille – Mikhail, mon grand-père, Nadia et la petite Galia ?

1930. La Russie de Staline. Pas de médicaments ni pour guérir ni pour soulager la douleur. Nadia suppliait son mari de la tuer. Elle hurlait de douleur. Il ne savait pas quoi faire, sauf essayer de l’étouffer avec un oreiller. Il n’y est pas arrivé. Galia a vu sa maman mourir dans des souffrances terribles. Et puis, il a fallu fuir la Russie. Staline n’aimait pas les intellectuels.

Mikhail était professeur de marxisme-léninisme à l’université de Moscou. Sa femme, avant sa mort, lui a fait jurer de quitter la Russie avec la petite Galia. Elle connaissait le sort des orphelins dont les parents étaient envoyés dans des goulags. On ne pouvait plus fuir vers l’Ouest, comme dans les années qui ont suivi la révolution d’octobre. Il ne restait plus qu’une possibilité : gagner la Chine en passant par Vladivostock et la Mandchourie. C’était dangereux car si on se faisait prendre en chemin, on était immédiatement fusillé ou envoyé dans un goulag.

Il ne fallait pas non plus que les voisins se doutent qu’on avait l’intention de fuir. Bref, ils ont pris le train pour Vladivostock avec pour uniques bagages leurs cartables, comme si lui allait donner ses cours à l’université et comme si elle se rendait simplement à l’école. Autour du cou, elle avait des photos de sa maman et dans ses bras une branche avec un foulard – c’était sa poupée.

Ils ont passé deux semaines dans un hôtel borgne de Vladivostock avant de trouver un passeur qui leur a fait traverser la Mandchourie à pied. Ils dormaient le jour et marchaient la nuit pour ne pas faire de bruit. Ils buvaient l’eau des marécages. Dans le groupe (ils étaient plusieurs à essayer de fuir), il y avait un bébé. On le bourrait d’opium pour l’empêcher de hurler. Il en est mort.

A l’arrivée, le passeur a dénoncé tout le monde sauf mon grand-père et maman. Pendant les huit jours de marche, Mikhail, dit Mischa, avait expliqué les étoiles au passeur et celui-ci, reconnaissant, a renoncé à le remettre aux autorités soviétiques. Ils se croyaient sauvés lorsqu’ils sont montés dans le train vers la Chine.

Un homme est alors entré dans leur compartiment : « Vous êtes des fuyards, n’est-ce pas ? » Mon grand-père ne savait pas quoi répondre lorsque l’homme lui a dit : « A la frontière, il y aura des contrôles. Montez sur le toit du train et couchez-vous. Je dirai que la petite est ma fille. » C’est ainsi que Mischa a fait le voyage allongé sur le toit du train et qu’ils ont eu tous les deux la vie sauve. Maman a donc passé une partie de son enfance et de sa jeunesse en Chine, où je suis née.

Elle me parlait beaucoup de la Russie, de la forêt dans laquelle elle se promenait avec Nadia avant sa maladie. Elle y marchait pieds nus sur les fraises sauvages ; elle retournait à la maison avec les pieds rouges. Chaque fois que je me promène en été dans l’Oberland bernois, je vois des fraises sauvages et je ressens une angoisse telle qu’il m’est impossible de les cueillir.

Maman m’a transmis sa mélancolie. Je n’ai jamais su rire aux éclats et, même dans les moments heureux de ma vie, une angoisse indéfinissable troublait mon bonheur. Aujourd’hui, je suis sereine, car je suis en fin de parcours. Je ne dois plus lutter ni pour ma survie ni pour celle de ma descendance.

Je fais partie des chanceux : je ne suis pas dans un mouroir. Je suis indépendante. J’ai toute ma tête et je me sers de toutes les parties de mon corps, sauf de celles qui faisaient de moi une femme. Payer pour l’amour ? Ce n’est pas ce qui me branche, donc je n’y pense même pas.

Je n’ai pas envie de parler de mes pathologies. Elles ne sont pas intolérables, sauf que j’ai le choix entre avoir mal au dos (vertèbres fracturées) ou envie de vomir (les médocs contre le mal de dos). Je ne suis pas en train de me plaindre. Il y a pire. Sauf que ça ne va pas s’arranger et que je trouve idiot de souffrir en sachant qu’il n’y a pas d’issue. Je ne rajeunirai pas. Le mal de dos s’accentuera et s’accompagnera d’autres maux qui font partie du vieillissement de notre squelette, de nos organes et de notre esprit.

Si l’on compare ma situation (plutôt normale), d’une femme qui vieillit, avec celle de ma grand-mère Nadia, qui fut arrachée à la vie et à son enfant, alors qu’elle n’avait que 38 ans, mon propos semble ridicule.

J’imagine l’hiver russe. La petite fille qui vient de perdre sa maman après l’avoir vue souffrir une épouvantable agonie. Elle voit pleurer son père, complètement désemparé. Et puis cette fuite précipitée, cette promesse faite à une femme sur son lit de mort…

Je n’ai rien vécu de comparable et pourtant, toute cette souffrance et cette angoisse existent dans mes gènes ; souvenirs à la fois proches et lointains. Mes angoisses nocturnes que je n’osais avouer à personne ont fait de moi une louve solitaire et parfois violente.

Jacqueline Jencquel

Jacqueline Jencquel est née en 1943 à Tien-Tsin en Chine. Elle milite pour le droit de mourir dans la dignité, notamment au sein de l’ADMD France. Dans ce cadre, elle a accompagné des dizaines de Français en Suisse pour leur permettre d’obtenir un suicide assisté. Dans ce blog elle évoquera l’expérience d’une vie entre plusieurs continents ainsi que le quotidien de son combat.

17 réponses à “La mort de Nadia

  1. quel beau partage mais que dire. N avez vous pas l impression et c est mon cas qu avec l âge l on se rapproche plus de ses parents et grands parents et donc de sa jeunesse. Ma théorie est que cela est dù au fait que eux étaient pour nous alors que après nous “tions la pour les autres. !!!

    1. Je pense qu‘ on est le produit de l‘ évolution et donc que les gènes de nos ancêtres ainsi que leur vécu sont en nous de manière consciente et inconsciente .

  2. Chère Madame,
    Premier jour d’une semaine de vacances dans le Val d’Hérens. Je suis seule, je bois mon café et lis, sur mon Iphone, l’article du Temps « Mourir encore belle l’an prochain ». Je plonge sur internet, trouve votre blog et vous écris tout une « tartine ». J’appuie sur le faux bouton pour envoyer mon texte, je le perds. M…. Je vais faire pipi, je me calme, bois un verre d’eau et m’y remets.
    Le 25 août 2017, mon père a mis en pratique le même choix que vous… Il est donc mort à 85 ans grâce à une solution de pentobarbital. Son dossier a été accepté pour « pathologies invalidantes liées à l’âge, n’entraînant pas la mort mais péjorant la qualité de vie. » Cette décision était mûrement pensée, discutée, anticipée. Elle faisait cohérence avec l’homme qu’il était et nous – ses 5 enfants – n’en n’avons pas été étonnés outre mesure. Nous l’avons accueillie sans jugement, avec respect et discernement.
    Il a, pour cela, été accompagné avec rigueur, amour et bienveillance par « l’une de ses nombreuses épouses », comme il aimait à le dire : la troisième, celle qui lui a partagé ses mots, sa complicité et sa tendresse pendant une trentaine d’année.
    L’été dernier, en prévision de cette date, nous nous sommes retrouvés proches de lui et avons vécu de bien beaux moments : une semaine de fratrie entre rires, souvenirs et larmes, une partie de pétanque avec deux de ses petits-fils où nous ne l’avons même pas laissé gagner une dernière fois, plusieurs repas empreints de moments magiques et inattendus dont le dernier agrémenté de l’insouciance joyeuse de ses arrières petits-enfants, une dernière bouteille de rouge aux intenses saveurs de l’essentiel, des mots authentiques, une sincère attention… Nous étions là avec lui, pour lui, avec nous, pour nous, avec eux, pour eux.
    A lire mes lignes, tout porte à croire qu’aucun grain de sable n’est venu ternir ce scenario. Et pourtant, pour moi, il y en a eu un. Il est peut-être petit mais m’arrache encore des larmes aujourd’hui. Il peut paraître insignifiant mais il reste incrusté. Il semble banal mais son importance me submerge. C’est en son nom que je prends, je reprends mon clavier ce matin.
    Il fait écho à une phrase lue dans l’article : « Jacqueline ne veut pas de larmes. » Mon père ne voulait pas de larmes. Nous avions reçu un message tacite mais implacable ; aucun débordement émotionnel, pas de larmes, pas de cris, pas de colère, pas de critique. Je vais mourir dans la dignité, vous accueillez cela dans la dignité et vous serez dignes d’être à mes côtés.
    Ok, j’ai 60 ans, un mari aimant, trois enfants admirables, 4 petits-enfants adorables, 5 frères et sœurs intelligents, une maman vivante, un travail passionnant, une maison joyeuse, un salaire confortable et… la tondeuse à gazon.
    Mais c’était mon père, mon papa. Pas parfait, séducteur, égocentré tout autant qu’intéressant, passionné, cultivé, original… Mon seul père, mon unique papa. Alors j’étais couverte de tristesse, envahie de chagrin, pleine de larmes. Je n’étais pas droite, je mordais la poussière, j’étais disloquée. Il ne fallait pas, il n’y avait pas de place pour cela. La route était tracée, point final.
    Je me permets donc de partager avec vous, avec celles et ceux qui liront ce modeste témoignage une réflexion qui m’habite depuis. En cas de mort « ordinaire », la personne décédée ne lit pas les mots, les lettres, les cartes que ses proches reçoivent à son sujet, elle n’entend pas la musique, les notes, les chants choisis pour elle, elle ne voit pas les réactions de tristesse, d’émotion, de chagrin que sa disparition produit, elle ne sait pas les rituels, les cérémonies, les rassemblements qui sont organisés à son intention. Les vivants peuvent donner libre cours à la singularité de leurs propres réactions.
    Ce choix de mort annoncée, anticipée, connue à l’avance fabrique une distorsion du temps puisque ce qui se passe habituellement après, en dehors du principal concerné, aura lieu avant, sous ses yeux… Celles et ceux qui, comme vous, font ce choix de « mourir dans la dignité » (comme si, entre nous soit dit, mourir autrement n’était pas digne…) devraient au moins laisser à leurs proches la liberté de leurs réactions.
    Je n’ai rien à dire sur le choix de vouloir maîtriser sa propre mort. Je pense néanmoins que les affects des proches doivent avoir droit de cité et pouvoir s’exprimer, quand bon leur semble, avec une liberté égale à celle qui est revendiquée dans ce cas.
    Vous ne voulez pas de larmes et lui non plus.
    Les miennes, parce qu’elles ont été contenues au mauvais moment, restent coincées, enfermées dans un nœud qui me fait suffoquer encore bien souvent. Je peine à le dénouer car cette émotion s’est enkystée alors que tout était si intense, si primordial, si essentiel.
    Pour mon père, pour vous, je pense comprendre et respecter l’importance et la valeur de cette décision. Pour moi, pour vos proches et tous les autres, je revendique l’accueil et l’écoute de son impact.
    Anne Sylvestre a chanté : « Je cherche un mur pour pleurer », voilà au moins une bonne raison aux murs d’exister !
    Je souhaite que chaque jour qui passe vous apporte son lot d’émerveillement et forme mes meilleurs vœux pour que la suite se déroule à la hauteur de vos espérances.
    Puis, si, le jour venu pour vous, vous rencontrez mon papa au paradis des « autodéterminés », merci de lui rappeler combien je l’ai aimé.

    PS : à l’attention du journal « Le temps », le 24 août 2017, mon père a pris le train pour Zürich, avec sa femme et ma sœur aînée. Je les ai accompagnés à la gare et lui ai demandé s’il voulait que je lui achète quelque chose au kiosque. Il m’a répondu ; « prends-moi le Temps, s’il te plaît ». Il avait ce journal sous le bras lorsque je l’ai embrassé une dernière fois.

    « Si l’instant de ma mort ne m’appartient pas plus que le tourbillon frénétique et fragmenté de mon vécu, je n’aurai jamais eu une libre vision de ce qu’est être. » Jim Corcoran
    C’est le texte que nous avons joint au faire-part de son décès…

    1. Votre lettre me fait pleurer . Je sais que mes fils vont pleurer et aussi qu’ ils seront tristes . J’ ai mal quand j’ y pense . Votre papa et moi ne sommes pas aussi égoïstes que l’ on peut penser . Cette décision , nous l’ avins prise avant de devenir un fardeau pour nos proches . Réfléchissez : auriez- vous aimé que votre papa se désintègre devant vous ? Son souvenir reste beau . Mon fils filme sa maman telle qu’ elle est aujourd’ hui : pas une minette , mais une femme encore autonome , aux idées claires et à la démarche assurée . Je ne veux pas laisser le souvenir de la “ vieille au foyer accroupie “ ( Ronsard : quand vous serez bien vieille , le soir , à la chandelle …)

      Nous n’ avons comme but final que la mort . Pour certains d’ entre nous , l’ image que nous laisserons nous importe peu . Pour d’ autres , l’ image d’ un cadavre n’ est pas celle que nous voulons laisser à nos enfants . Question de goût . Question de choix .. Je pense que mes enfants seront tristes , mais n’ auront pas à subir le spectacle d’ une maman courbée en deux , incontinente ou démente , ne les reconnaissant même plus . En France , on oblige les gens à vivre en passant par toutes ces dégradations , ces humiliations et ces souffrances . Mon geste est aussi un geste militant . Je me donne une liberté qu’ on ne m’ accorderait pas en France . J’ espère ainsi que quelque chose changera dans l’ esprit de ces politiques frileux et que s’ils ne sont pas prêts encore à accepter le suicide de bilan , qu’ ils finiront par accepter l’ aide médicalisée à mourir pour les maladies neurodégénératives et les cancers dont le pronostic est mauvais . Il faut accepter que nous sommes mortels . Par contre , la souffrance insurmontable ne peut pas continuer à être imposée à nos contemporains au nom de l’ amour de la vie . Aimer la vie , c’ est accepter qu’ elle se termine un jour . Quel jour ? A chacun de décider en son âme et conscience , mais seulement pour soi – pas pour autrui . Merci d’ avoir partagé cette très belle lettre .

      1. Vous ne voulez pas laisser l’image d’une femme courbée en deux….Tout est dit…Et si pour accepter le chagrin de la perte toutes les étapes étaient nécessaires ? Et si votre militantisme n’était au fond qu’une question d’image ?

  3. Une réflexion sur le texte de la page du blog …La narration de la fuite de Russie…Un détail bête peut-être mais comment se fait-il que votre grand mère (oncologue de plus) n’ait pas trouvé d’opium alors que pour calmer un bébé l’opium coulait à flots…C’est par des détails un peu bêtes qu’une mythologie s’effondre parfois…Soyons attentifs aux détails invraisemblables de notre histoire afin de ne pas être menés comme les moutons de Panurge….

    1. Monsieur , pourquoi toute cette haine ? L‘ opium , même en grandes quantités , ne suffit pas à calmer la douleur d‘ un cancer en phase terminale .

      L‘ opium a été fourni par le passeur pour que le bébé ne se mette pas à pleurer pendant la traversée .

      Le livre „ le petit octobre „ qui a paru chez Lattès dans les années 70 ( plus tard en livre de poche ) vous raconte en détail l‘ histoire de maman .

      Vous me qualifiez de mythomane narcissique . Mais qui êtes – vous pour me juger en déversant votre haine sur cette page ???

      1. Madame, je ne vois pas où vous voyez de la haine dans ma question logique. Je n’ai pas non plus employé les mots “mythomane narcissique” que je vous laisse.Cependant , cette hystérie à la moindre remarque n’allant pas dans le sens que l’on veut révèle effectivement un caractère bien instable et égocentrique incapable de discussion réelle avec échange de point de vue. L’opium peut”” anesthésier”” adulte et enfant et je suis étonnée qu’un médecin ne puisse pas en trouver alors qu’on en trouve pour empêcher un enfant de crier.J’ai un esprit logique qui ne laisse pas le pathos le submerger, ce qui je le conçois devient rare dans notre société guidée par l’émotion. Il n’y a vraiment aucune haine dans ma question. Si un livre est paru ce n’est pas une preuve, c’est soit une autobiographie, plus ou moins romancée, soit un roman. Je vous souhaite de prendre mon commentaire et ma question sans colère et sans haine comme il est écrit.

        1. Le médecin était déja mort ( ma grand- mère ) lorsque mon grand- père a entrepris sa fuite vers la Chine . Dans les régimes totalitaires , les passeurs et les narcos ont accès à des produits inexistants dans les hôpitaux et les pharmacies . La même histoire se reproduit aujourd ‘ hui au Vénézuéla .

          Quant à vos analyses superficielles de ma personnalité , elles ne m’ intéressent pas et je n’ ai plus envie de dialoguer avec vous . Je ne vous insulte pas , moi .

          1. Reprenez le texte en entier depuis le début et vous verrez que mon commentaire ne vous insulte pas et a du sens…Un médecin connait de nombreux moyens pour abréger la vie, votre histoire est faite pour créer du pathos. Mais bon votre système qui est de parler de haine et d’insulte pour éviter une discussion de fond, est très banal, et montre assez la superficialité de votre pensée.
            Je répète encore que le suicide intime et sans fanfare ni trompette est une liberté individuelle mais vouloir en faire un “””droit””” puis un “us et coutume” et ensuite une injonction/obligation n’est ni humain ni sage. Votre action est mortifère.

          2. Mais arrêtez enfin de me juger . Non , je ne suis pas superficielle . Et non , je ne veux pas créer de pathos . Je veux au contraire dédramatiser la mort .

            Que savez – vous des années 30 dans la Russie de Staline ? Moi , je ne connais que ce que ma mère m’ a raconté . Je n’ aurais jamais dû parler de mon histoire personnelle . C’ est la seule chose que je regrette dans ce débat car là je vous donne raison : c’ est un débat d’ idées et l’ histoire de ma famille ne regarde personne . Le suicide solitaire oblige des gens à venir vous reconnaître , souvent en bien mauvais état . Croyez- vous que je voudrais laisser un tel souvenir à mes enfants ? Vous êtes contre le suicide médicalement assisté . Moi , je suis pour . Restons- en là .

  4. Madame, vous militez et vous vous êtes mis dans la lumière via les médias sur une cause essentielle pour l’humanité donc vous ne pouvez tout simplement pas décider d’en rester là dès qu’il y a opposition à votre cause. Puisque vous êtes d’accord que ce sujet est un débat d’idée et ne doit pas être embrumé par des histoires personnelles reprenons le débat d’idée. Cela fait des années que dans les médias on nous propose des cas particuliers sur quantité de sujets pour faire basculer par l’émotion les foules sentimentales (merci Souchon) et il est évident qu’interrompre la vie, soit disant à la demande des intéressés, sera une aubaine pour les comptables de ceux qui dirigent le monde. Moi je milite pour la liberté absolue personnelle et le respect du mystère de la vie. Je ne condamne absolument pas une personne qui choisi de se suicider. Si cette personne craint la vision qu’elle laissera il existe des moyens pas si compliqués. Et on ne peut de toute façon pas aplanir tous les sentiments humains, refuser tout choc pour éviter une souffrance créera d’autres souffrances plus insidieuses et plus dangereuses. Vos enfants auront une sorte d’obligation à demander la mort dès la moindre crainte de “mal vieillir”. Si cette loi passe cela signifie une sorte d’obligation morale pour l’ensemble de la population. C’est comme cela que cela marche. Et à la prochaine “””crise””” financière, cette obligation morale deviendra tout naturellement une pratique légalisée sur décision administrative…De glissements en glissements voila ce que deviendra notre humanité, notre part de mystère. Je ne veux pas de cette société mortifère qui n’accorde à la vie de valeur que tant que consommation et jouissance est possible et ignore l’intime d’une vie, sa spiritualité, la richesse humaine que les vieux peuvent apporter aux jeunes dans une société saine d’âme et d’esprit qui va au-delà de question d’image (et de gros sous). Vous voulez tout contrôler de ce qui vous concerne, c’est un but vain, triste et impossible mais libre à vous d’essayer. N’obligez pas l’humanité à subir votre vanité.

    1. Mais cette loi existe en Belgique depuis 2002 . Il n‘ y a eu aucune dérive . Seulement 2% de la population a fait appel à l‘ aide médicalisée pour mourir .

      Je n‘ incite personne à se suicider . Bien au contraire , j‘ ai passé les dix dernières années de ma vie à retarder ou prévenir des suicides .

      Je n‘ ai jamais voulu faire de mon cas personnel une loi universelle .

      En écrivant ce blog , je ne m‘ attendais pas à une telle médiatisation .

      Mais bon , je surfe sur la vague en essayant d‘ attirer l‘ attention sur ceux dont on ne parle pas ou qui n‘ ont ni les moyens ni la force de s‘ exprimer , ceux qui croupissent dans des hôpitaux et des mouroirs en France et qui n‘ ont pas le choix de mettre fin à leur souffrance .

      1. 2002 c’est encore frais….Lorsque les esprits auront été suffisamment préparés et orientés par les campagnes médiatiques et que tous les pays auront adopté cette loi, et que la situation économique (due aux choix malsains de nos gouvernements) sera pire il n’y aura aucune difficulté à basculer dans l’abus et l’obligation. Ceux qui croupissent dans les hôpitaux mouroirs sont victimes du choix de sociétés (prévention santé, lobbying chimique-pharmaceutique…éducation, rupture des liens sociaux et familiaux, politique de la famille……etc etc tout est lié) découlant du choix politique depuis plus de 40 ans….Donc plutôt que d’abattre les vieux de gré ou de force, je préfère changer la société. Pour que les vieux vieillissent bien.

Les commentaires sont clos.