La Suisse peut devenir le nœud ferroviaire nocturne de l’Europe

Chère Jessica,

Dans le prolongement de mon précédent billet, je souhaiterais évoquer avec toi une autre mesure en matière de politique du climat et de l’environnement, cette fois-ci plus particulièrement dans le domaine des transports.

Sur notre continent, avec le développement des compagnies aériennes à bas coûts, les habitudes des voyageurs ont changé. Réserver un vol aller-retour pour un séjour dans une autre ville européenne est devenu un jeu d’enfant.

Autrefois, pour voyager en Europe, on prenait plus souvent le train, notamment de nuit lorsqu’il fallait effectuer de grandes distances. Jusqu’en 2009, il existait une liaison ferroviaire nocturne entre Genève et Rome. Depuis 2012, il n’y a plus aucun train de nuit au départ de la Suisse romande.

Ce n’est pas par nostalgie que je déplore cette situation, mais bien parce que devant les défis climatiques auxquels nous sommes confrontés, nous devons offrir des alternatives dignes de ce nom aux voyageurs. Parmi les alternatives à l’avion, il y a le redéploiement du train de nuit.

Quel dommage que les compagnies nationales de chemins de fer européennes aient si vite baissé les bras face à la concurrence des entreprises de transport aérien durant les années 2000 et 2010 !

Il y en a néanmoins une qui sort du lot et qui a bien compris que le train de nuit était un marché à développer : les chemins de fer fédéraux autrichiens (ÖBB), qui ont récemment décidé de renforcer leur collaboration avec nos CFF.

Développer les trains de nuit constitue clairement une solution pragmatique et intelligente pour agir en faveur du climat. Les jeunes comme les moins jeunes la demandent. La journaliste Céline Zünd a d’ailleurs décrit dans divers articles l’expérience du voyage en train de nuit pour montrer à quel point cela valait la peine de privilégier ce mode de transport par rapport à l’avion. On sait aussi que le «flygskam» a pour effet d’augmenter de manière importante la demande en transports ferroviaires au détriment de l’avion.

Certains m’accuseront de commettre de « l’écoblanchiment » (tu connais ma passion pour les anglicismes), mais j’ai la conscience tranquille. Depuis 2007, je suis membre du mouvement transpartisan Écologie libérale qui rassemble des membres et des élus de tous les partis politiques de la droite et du centre en Suisse romande dans le but de réconcilier l’économie et l’écologie.

Comme j’ai eu l’occasion de le dire à plusieurs reprises durant la campagne pour les élections fédérales qui s’achèvera ce dimanche, personne n’a le monopole de l’écologie et il y a un juste milieu entre la décroissance et le climato-négationnisme.

De par sa position géographique au centre de l’Europe, du moins de l’Europe occidentale, et grâce à un réseau ferroviaire déjà bien développé, la Suisse peut devenir une cheville ouvrière de la renaissance du train de nuit en Europe.

C’est d’ailleurs dans cette perspective que plusieurs parlementaires fédéraux issus de différents partis se sont joints à des élus d’autres pays européens pour lancer le projet « Objectif train de nuit » qui vise à promouvoir le train de nuit, avec la particularité de combiner les wagons de transport de personnes avec les wagons de fret.

Je soutiens ce projet. Et je le fais d’autant plus volontiers que je suis persuadé que la Suisse a les moyens de devenir le nœud ferroviaire nocturne de l’Europe.

On en reparlera volontiers autour d’un café à l’occasion, mais plus probablement ce soir à 19:00 heures dans l’émission « Genève à Chaud » de Pascal Décaillet sur Léman Bleu où nous sommes conviés tous les deux pour parler de notre blog.

Amicalement,

Murat

Murat Julian Alder

Murat Julian Alder est né en 1981 à Bâle, a grandi aux quatre coins du monde et vit à Genève depuis 1999. Avocat au Barreau de Genève, il est député libéral-radical au Grand Conseil genevois depuis 2013. Il a été vice-président du PLR genevois entre 2011 et 2015.

2 réponses à “La Suisse peut devenir le nœud ferroviaire nocturne de l’Europe

  1. Je prends connaissance de ce mouvement Écologie Libérale (par opposition a étatique j’imagine) que je perçois comme encourageant. Un réajustement urgent de notre activité économique est plus pertinente qu’une décroissance, franchement utopique. Les trains de nuit sont une très belle idée à remettre « en selle » et qui avait été abandonnée devant les facilités apportées par l’avion, mais cette dernière ne pouvait évidemment pas croître à l’infini (le vieux dogme de la croissance continue !). Les companies de chemin de fer, avaient mal perçu la réalité du transport européen et les CFF ont encore de la peine à l’envisager, ce qui est surprenant.
    Votre blog partagé avec votre consœur socialiste vaudoise donne l’espoir que le nouveau parlement qui sortira des urnes ce dimanche saura mieux discuter et négocier avec intelligence les enjeux de notre confédération au sein d’une Europe encore en devenir, et en reléguant aux oubliettes cette politique partisane désuète et stérile. Bonne chance à vous deux.

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