Elle a voulu se marier. Quant à moi, prétendant que cette
«formalité» ne changerait rien à notre vie de couple, j’étais
contre. J’avais un argument de poids, un argument irréfutable!
Sûr de moi, je lui expliquais qu'en Suisse, les couples mariés
étaient pénalisés. Etre marié signifierait payer plus d’impôt.
Souffrant d’un complexe de supériorité, maladie masculine
répandue et incurable, j’avais sous-estimé l’intelligence subtile
de mon «adversaire».
La logique des femmes est impénétrable
«Et si je vous prouve le contraire?» me demande-t-elle.
Silence, silence assourdissant…
Restée sans réponse de ma part, elle proposait spontanément
de rester à la maison, c’est-à-dire de renoncer à travailler.
«Comment? Quel est le rapport?»
La logique des femmes est impénétrable, me suis-je dit.
«Oui», poursuit-elle, «je suis tout à fait prête de renoncer
à toute activité lucrative».
Stratégie démontée, la mienne
Elle m’explique alors que les couples mariés ne paient
pas plus, mais moins d’impôt. Il suffit que la femme reste à la maison.
Aïe! Effectivement je ne m’attendais pas à ça. Je n’y avais
pas pensé. Son argument avait du poids, il était irréfutable.
Ma stratégie était démontée. J’étais coincé, sans défense.
Echec sur toute la ligne.
Le soi-disant sexe faible avait de nouveau prouvé sa
supériorité sur le sexe soi-disant fort. Dépourvu d’une réplique
valable, il ne me restait plus que la capitulation.
Ainsi, grâce au fisc, elle s’est mariée et,
par la force des choses, moi aussi.
Ma légitime me réclame 150’000 francs
Aussi incroyable que cela puisse paraître, elle a résisté à la
tentation de travailler, à gagner de l’argent pendant toutes
ces années. Elle a tenu parole, pas d’activité lucrative!
Avec le soutien du fisc, elle me réclame maintenant
CHF 150'000.–. Cent cinquante mille francs suisses!
Argument de poids, irréfutable!
Très sûre d’elle, elle sort un argument de poids, irréfutable!
En effet, un article récent dans l’HEBDO, lui a mis la puce à
l’oreille. (Preuve que ce magazine est subversif.) Selon son
calcul j’avais, grâce à elle, grâce à son argument irréfutable
en faveur du mariage, économisé au moins CHF 150’000.–.
«Comme concubin», dit-elle, «j'aurais payé chaque année
en moyenne CHF 2’630.– francs d’impôt en plus».
Elle m’explique que le calcul est vite fait. Me rappelant que
nous sommes mariés depuis 38 ans, elle calcule 38 fois CHF 2'630.–
font CHF 100’000.–. En ajoutant les intérêts composés avec
un taux moyen de 2% il faut encore ajouter CHF 50’000.–.
Bref, je lui devais une compensation pour avoir volontairement
renoncé à travailler/contribuer au budget familial. Grâce à
son «sacrifice», j’avais, selon elle, réalisé des économies
fiscales à hauteur de CHF 150’000.–.
Et j’avais encore la chance, disait-elle, que les transactions
entre conjoints ne sont (au moins dans le Canton de Vaud),
pas imposable, sinon…
Conclusion
Régi par une femme, le mariage peut coûter très cher, mais qui
peut encore douter de la supériorité féminine en matière de logique ?
PS. Mon épouse vient de m’annoncer qu’elle souhaite divorcer
afin de pouvoir bénéficier d’une rente AVS entière, à savoir
CHF 2’350.–, plutôt que de devoir se contenter de seulement CHF 1'762.50,
soit la moitié d’une rente de couple.
La bonne nouvelle: Elle serait d’accord de rester ma femme
à condition que je lui verse la perte mensuelle de CHF 587.50
et ceci, jusqu’à que la mort nous sépare.