Assise dans le tram, je regarde gratuitement « le film » que le paysage fait défiler dehors. Le tram s’arrête. Le regard scotché à la vitre, je vois alors une jeune femme jongler à cinq massues près de son vélo. Subjuguée, j’admire. Elle est plutôt douée, d’une précision à couper le souffle : on dirait une pro qui fait ça l’air de rien ! Le tram redémarre. La jeune femme remet les massues dans sa sacoche, se synchronise avec le mouvement du tram qui repart, remonte à vélo et poursuit sa route. C’est à ce moment-là que j’aperçois son visage et la reconnais : « Ah, mais c’est elle ?! ».
Terminus du tram, « le film » est terminé. Je file au magasin m’acheter un demi-litre de sorbet à la framboise qui, une fois chez moi, s’est transformé en flotte : pas à cause de la chaleur, mais parce qu’à la sortie du magasin je recroise l’actrice principale « du film »…
Ride for the Future
À la sortie du magasin, Joëlle ne me reconnait pas, car on s’était rencontrées par hasard, il y a une année, dans la voiture d’une connaissance en commun. Il faut le dire, Joëlle, elle, ne se fait pas de films, elle concrétise ses rêves à 200%. « Ride for the Future – Bike for Peace », c’est le nom du projet qui est né avec l’association Urumuri, suite à son voyage, en 2020, à travers l’Afrique qu’elle a sillonné seule à vélo. C’est courageux, mais je découvre encore, en parlant avec elle, une personne engagée, inspirante, enthousiaste et une battante qui sait ce qu’elle veut. En effet, le projet vise à créer de l’emploi et des opportunités en faveur de jeunes souhaitant se former dans des métiers d’avenir. En fabriquant des cadres de vélo à partir du bambou, matière locale au Rwanda, le projet est à la fois écologique et promoteur d’échanges de compétences entre la jeunesse suisse et rwandaise.
L’engagement de Joëlle est également inspirant et enthousiasmant, car elle a décidé de se consacrer à plein temps et de manière bénévole au projet avec Urumuri. Interpellée par sa détermination, j’oublie que Joëlle sait jongler au sens propre et figuré avec toutes sortes de difficultés et que quand elle décide quelque chose, elle y va jusqu’au bout. D’ailleurs, elle n’hésite pas à me proposer spontanément de la rejoindre pour un tour à vélo au Rwanda ce mois d’août. Que dire ? À l’heure des questions liées aux crises économiques, sociales et environnementales, la motivation qui se situe au cœur des échanges humains et des entreprises tournées vers un avenir durable n’est-elle pas essentielle ? Faire preuve de créativité et entreprendre semble parfois si ardu, mais sans ces qualités, comment sortir de nos crises actuelles, individuelles et collectives ? Après notre discussion et des recherches internet, je tombe sur une interview de Joëlle à la radio et j’apprends qu’elle a effectivement été jongleuse professionnelle : c’est une femme de cœur qui suit ses passions et ça vaut le coup de s’en inspirer !
L’Afrique et ses lumières
Urumuri qui signifie « lumière » en kinyarwanda, résume la vocation de l’association dans laquelle s’inscrit le projet « Ride for the Future ». C’est Gilbert Bigirindavyi, Suisse et Rwandais, qui a fondé l’association en 2004. Joëlle coordonne les projets culturels, de formations, sportifs et artistiques. Elle gère aussi la communication et l’organisation des évènements. Avec « Ride for the Future », il y a partage de connaissances de la mécanique du vélo, mais également une jeunesse Suisse et Africaine avec des compétences sociales, de la motivation, des capacités créatives et des potentiels d’inventivité. Car ne l’oublions pas : l’Afrique, continent ouvert à son propre essor, a ses lumières et roulera pour le futur…
Informations complémentaires :
Suivre le projet sur internet
Comment contribuer au projet ? faire un don / contacter Gilbert Bigirindavyi (079 303 61 14) et/ou Joëlle Huguenin (076 754 96 06) / écrire à [email protected]
Pour mieux connaître l’association Urumuri : www.urumuri.ch
Interview de Joëlle Huguenin à la radio RTS la première
super j’apprécie cet article et je découvre cette association avec un but très écologique et très en adéquation avec les réalités économiques et sociales des deux continents. l’Afrique a ses propres réalités culturelles et ses propres forces humaines à mettre et à organiser pour son futur. L’Entraver ne fera que retarder son essor au détriment du monde car son savoir est étouffé au nom d’une universalité culturelle et civilisatrice occidentale qui n’a qu’en vue profits économiques et financiers