« Werbung macht krank »

« La publicité rend malade ». C’est la traduction du message en allemand inscrit sur le panneau d’une affiche arrachée, près d’un arrêt de bus à Berne.

La publicité commerciale n’est pas d’utilité publique. Même s’il faut payer le droit de la déposer, les profits qu’elle génère ne servent ni l’intérêt général ni la santé publique. Elle pullule pourtant dans les endroits publics et s’infiltre dans pratiquement toutes les sphères de la vie. Bien plus que l’immigration que certains voudraient limiter, la publicité envahit nos espaces physiques et virtuels sans modération. Loin d’éduquer, elle pousse à consommer ou à adopter une opinion à coup de slogans magiques qui s’impriment dans le subconscient sans consentement.

Au début du XXème siècle déjà, sa stratégie était celle-ci : « Il s’agit de capter les regards par une originalité, et de retenir l’imagination au moyen d’un texte ingénieux, ce qui constitue en somme une tentative pour créer la réceptivité et impressionner le subconscient. Pour être efficace, cette sollicitation doit être multipliée, de manière à obséder l’esprit, à y faire germer puis fleurir une tentation qui portera tôt ou tard ses fruits. (1)» Les procédés publicitaires qui visent à capter notre attention épuisent non seulement notre énergie nerveuse, mais y puisent aussi des éléments extrêmement utiles à notre santé : la réflexion, la prise de recul, la canalisation des émotions, la prise de décision par pesée d’intérêts.

À quand alors une votation populaire pour limiter la publicité, véritable invasion barbare ? Dans le domaine de l’industrie du tabac, une tentative de réduire les possibilités de publicité et de promotion pour protéger les jeunes a été empêchée par le Parlement en 2016 : le projet de loi fédérale sur les produits du tabac (LPTab) est rangé aux oubliettes (2).

Die Macht der Werbung

Si j’inverse les mots inscrits sur le panneau publicitaire à Berne, j’obtiens : « Die Macht der Werbung » qui se traduit par « Le pouvoir de la pub ». Autrement dit, on pourrait aussi observer davantage l’impact de l’image et des slogans qui agissent comme de véritables mantras, au lieu de les subir.

En matière de migration et de ses représentations, il y a de quoi se demander comment la publicité et la propagande agissent sur les subconscients collectifs. Sommes-nous capables d’écouter et de nous représenter en images le débat entre Shakespeare et Cendrillon ? Et quel rôle joue la Suisse au milieu de l’Europe, souvent perçue comme un eldorado ? La situation liée au Covid-19 n’efface pas ces questions mais souligne au contraire les véritables problèmes à régler.

Sources et références:

– (1) citation tirée de “Méthode scientifique moderne de magnétisme, hypnotisme, suggestion” de Paul-C. Jagot.

– (2) Voir le reportage de la RTS “Attention, ce parlement peut nuire à votre santé

Hélène Agbémégnah

Juriste de formation, ses expériences professionnelles et personnelles lui ont permis, entre autres, de côtoyer des problématiques liées à la migration et à la diversité. Elle a été membre de la Commission fédérale des migrations (CFM) pendant quatre ans et s’intéresse, dans ce blog, à partager ses vues et réflexions multiples.

4 réponses à “« Werbung macht krank »

  1. “La publicité commerciale n’est pas d’utilité publique. ” Réflexion inhabituelle mais salutaire, ô combien!
    Merci Hélène

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