La vague artificielle #2

Parcours d’un curieux : Vincent DUVIGNAC

Et si la première fonction des vagues était simplement de rendre heureux ? Ce n’est pas Vincent Duvignac qui nous dira le contraire. Surfeur professionnel français de 31 ans, il est l’acmé du récit, « La Vague Artificielle ». Duvi pratique sa discipline, tel un curieux, ancré dans le XXIème siècle. Des vagues, à visée récréative, sont aujourd’hui fabriquées par l’homme. Leur accessibilité dans des « Wave Park » réinterroge la pratique et l’imaginaire du surf. Le parcours décomplexé de ce professionnel, permet d’accompagner notre réflexion sur ces vagues mécaniques. Palmarès des plus enviables : 3 fois champion de France, 2 fois champion d’Europe et champion du Monde avec l’Equipe de France. Il est parrain du projet « Wavelandes Atlantique », la première piscine à vague dynamique en France. Doué et plein d’humilité, Vincent Duvignac incarne aussi bien, le surf des puristes de toujours, que le surf mondialement démocratisé de demain, dans des paradis artificiels.

Premiers Horizons surfistiques

Comme d’autres grands surfeurs, l’aventure commence au bord d’un rivage familier, blanchi d’écume. A Mimizan, dans les Landes, il y a le soleil et du sable, l’océan et des vagues ! Bien avant de savoir nager, Vincent Duvignac s’élance avec son père et son frère, dans la houle, avec sa planche. Dans un océan agité, vouloir tenir debout, dans toutes les positions, révèle un caractère de passionné. Il est repéré par une marque mythique du surf, l’américaine Quiksilver. Dans les années 2000, il côtoie dans le programme « Kids » de la marque, d’autres talents en devenir, comme Jérémy Flores (actuel N°1 au classement national). Son horizon s’élargit à d’autres « riders » acharnés, à d’autres océans déchaînés. C’est la période des entraînements, des compétitions et des premiers voyages à l’autre bout du monde. Son objectif est de devenir un professionnel du surf. Duvi se construit avec une passion indéfectible pour ce sport. Sa technicité s’affirme, et son style allie performance et esthétisme. Il cumule les titres de gloire (dont Champion d’Europe en 2009 et 2013) et les articles dans la presse sportive spécialisée. Jeune adulte en pleine ascension, il perd son sponsor de l’époque Rusty, à la suite d’un revirement de stratégie de la marque australienne en Europe. Son ambition était de rejoindre le Championship Tour. Insécurisé, il puise dans sa motivation profonde. Ironie du sort, cette infortune semble marquer une rupture régénératrice dans son parcours pro. Le surf, son surf, devient un projet d’ensemble.

Horizons surfistiques pluriels

Vincent Duvignac passe son brevet professionnel pour enseigner et monte sa propre école de surf, à Mimizan. Il collabore avec des fabricants de planche pour la mise en œuvre de nouveaux process de fabrication. Doté d’une structure alvéolaire et en mousse haute densité, le matériel innovant gagne en légèreté et en résistance. Duvi se concentre sur quelques compétitions. Avec des vidéos très soignées, il renforce son image de free-surfeur dans les médias. Ses efforts conjugués lui permettent de conquérir de nouveaux sponsors, et notamment la célèbre marque australienne, Rip Curl, en 2015. Lors de l’organisation des championnats du monde à Biarritz, l’équipe de France de surf remporte pour la première fois le titre de champion du Monde, en 2017. Il détient 12 sélections en équipe de France.

Toutefois, nul besoin de faire la compétition de plus, ou de trop. Vincent Duvignac assume de mener de front une carrière de pro et de free-surfeur. Au gré des vents et de sessions « idéales » incertaines, il voyage et nourrit sa passion, la glisse. L’océan abrite des milliers de barrels (vagues tubulaires dans lesquelles le surfeur entre), tous uniques en leur genre. Il enchaîne les sessions « à la recherche du barrel parfait » aussi bien dans des endroits de la planète, froid et gris, que vers des terres intactes, où vanilliers et manguiers embaument l’air. Il prend des vagues en pirogue à balancier, en planche de surf connectée, en SUP (Stand-Up Paddle), en Alaïa (retour au surf originel sur une planche en bois), … Il s’autorise même, grâce à une préparation adaptée, à taquiner le surf de gros (vagues comme des murs d’eau, de hauteur supérieure à 6 mètres).

Il étend son territoire d’action. Dans une démarche de co-branding Rip Curl & Citroën, Duvi est cascadeur et acteur d’un film publicitaire. Il surfe des vagues invisibles dans les rues de Lisbonne. Il est la doublure du personnage principal d’une série fantastique télévisuelle « La dernière vague » (prochainement sur France2). Il fait siennes plusieurs facettes du surf et participe pleinement à la démocratisation de son sport.

Les vagues, sont en nombre limité et sont incertaines. Désormais, le surf se départira de cette « sublime incertitude », ça s’est une certitude ! Vincent Duvignac devient parrain du projet « Wavelandes Atlantique », à Castets, à mi-distance entre Bordeaux et Biarritz. Avec des vagues « maîtrisées », l’accès au plaisir sera plus immédiat. C’est un projet innovant de parc de sports et de loisirs pour la pratique du surf. A partir de 2020, des vagues seront modulables en forme et en hauteur. Des milliers d’apprentis surfeurs ou de riders confirmés pourront parfaire leurs apprentissages et s’enivrer de vagues, en quantité et en qualité.

En 2020 également, auront lieu les Jeux Olympiques à Tokyo : le skateboard, l’escalade, et … le surf y font leur entrée ! Et pourquoi pas retrouver Vincent Duvignac en commentateur sportif au côté de journalistes ? C’est ce que nous souhaitons vivement à ce talentueux curieux !

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© Gilles Esparbet

Gaëlle Rey

Gaëlle Rey a un parcours fortement orienté innovation technologique, de la Microélectronique à la Papertronique. Son quotidien au sein de la plateforme technologique franco-suisse Mind : maturer des solutions disruptives, éprouver des potentialités et des sens possibles. Son travail l’a conduit progressivement à intégrer des champs créatifs, décloisonnant ainsi les savoirs.

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