Les lumières de la ville

La Berlinale s’ouvre vers l’Est

L’ouverture de la 64ème édition de la Berlinale, hier soir, était exceptionnelle à plus d’un titre. Pour une fois il ne pleuvait pas et ne neigeait pas non plus. Il faisait une température tellement printanière que la présentatrice de la cérémonie a finement remarqué qu’il ne manquait plus que la plage. Exceptionnelle car les discours politiques – habituellement un peu trop longs, convenus et souvent fastidieux – se sont limités à celui de la nouvelle ministre de la Culture, Monika Grütters, qui se prêtait pour la première fois au jeu, avec charme, brio et fermeté. Le maire de la ville de Berlin, quant à lui, s’était excusé. Exceptionnelle enfin par l’extraordinaire plateau de vedettes qui était assises dans le Berlinale Palast. En particulier John Hurt, Julian Schnabel et le casting d’enfer du nouveau film de Wes Anderson – The Grand Budapest Hotel – au grand complet: Ralph Fiennes, Adrien Brody, Willem Dafoe, Jeff Goldblum, Tilda Swinton, Léa Seydoux et Bill Murray. Il ne manquait à l’appel que F. Murray Abraham et Mathieu Amalric. Donc après une bonne heure de cérémonie d’ouverture, en grande verve, Dieter Kosslick – le directeur depuis 13 ans de la manifestation – a annoncé l’ouverture du Festival et la projection du film – le premier en compétition – a pu commencer.

En fait, The Grand Budapest Hotel aurait presque pu servir de film d’ouverture des Jeux olympiques de Sotchi, tant il est chaotique, baroque, et orienté vers les neiges de l’Est… Dans un immense capharnaüm architectural, narratif et esthétique, ce récit fantaisiste inspiré de Stefan Zweig nous emmène dans une petite ville thermale et station de ski de la république de Zubrowska – à chercher quelque part entre Bordurie et Syldavie – et évoque furieusement les années 30 et son cinéma, la tradition des serials aux rebondissements multiples, et un monde à la Tintin. Course poursuite d’un concierge d’hôtel (M. Gustave) qui tente de préserver l’héritage d’une vieille veuve richissime, le film est un hommage à l’époque révolue des Grands Hôtels de prestige, où chacun se sentait toujours à la maison. Véritable catalogue d’architectures d’époque – avec un clin d’œil aux rénovations malheureuses des années 70, The Grand Budapest Hôtel nous emmène à la recherche d’un temps révolu, d’un bonheur passé où l’aventure avec un grand A dictait sa loi. Et même si ce n’est peut-être pas le plus intense des films de Wes Anderson, il est, certainement, le plus fabuleux.

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