Un uniforme : ça sert à quoi ?

En marge des incidents qui se sont produits aux abords du Stade de France, à Paris, le samedi 28 mai dernier (2022), lors de la finale de la Ligue des Champions, nombre d’interrogations me sont parvenues sur les uniformes que portaient les gendarmes, les policiers nationaux, les agents de sécurité privée, les hôtes d’accueil et j’en passe.

Voir mon Opinion intitulée Repenser le maintien de l’ordre, une urgence française publiée dans le quotidien Le Temps du 7 juin 2022

(121ème post – 2 minutes de lecture)

De la combinaison d’intervention noire, une pièce, affublée d’artifices de protection… au gilet fluo ; quelle utilité ? Quel sens décrivent ces survêtements ? Que revêtent-ils, au fond ?

N’y a-t-il pas un risque de confusion quand les accoutrements des forces de l’ordre s’apparentent à ceux que portent les voyous, de toutes espèces, venus pour en découdre ? Ou l’inverse ?

Sur quelle référence officielle de visibilité ou d’apparentement peut-on se fier ?

Qu’en est-il en Suisse ?

Quatre raisons pour porter un uniforme

En préambule, il est utile de préciser, ici, que l’uniforme, de manière générale, remplit quatre fonctions principales :

  1. De Protection contre les éclaboussures et pour renforcer la sûreté.

C’est le cas des mécaniciens, du personnel de l’hôtellerie, du personnel soignant, etc.

  1. De Visibilité pour la sécurité, de jour comme de nuit.

C’est le cas des patrouilleurs et agents d’entretien des routes, des secouristes d’urgence, etc.

  1. De Légitimité et de représentation de l’État, en faveur de l’autorité.

C’est le cas des agents (armés ou non) d’ordre, de sanction, de surveillance pénitentiaire, de secours, d’urgence et de prévention et lutte incendie, etc. Toutes celles et ceux qui engagent sur leurs « épaules » un organe étatique, quelle que soit la taille ou la nature territoriale (commune, canton, région, confédération).

  1. D’apparat lors des cérémonies solennelles.

C’est le cas, par exemple, des costumes de célébration religieuse, d’assermentation, de jubilé ou de témoignage historique.

Les forces de l’ordre, – celles qui détiennent le pouvoir de nous contrôler, de nous interpeller, de nous retenir et donc de limiter momentanément notre liberté de mouvement, voire d’user de la force à notre encontre, ce, dans l’intérêt du bien commun – quant à elles, remplissent généralement les trois premières fonctions précitées. Il existe toutefois des exceptions. Notamment, à la faveur des unités spécialisées en opérations d’infiltration ou d’assaut, qui, naturellement, ont tout avantage à se camoufler.

Néanmoins, en plus des insignes sur épaules (lire Conclusion) ou poitrines, la mention « POLICE » ou « SECOURS D’URGENCE» ou « CHEF INTERVENTION », par exemple, doit clairement être affichée sur le dos de l’agent d’État en référence au pouvoir d’autorité qu’il détient, lui-même étant soumis au devoir de transparence publique.

Toutes autres inscriptions, genre « SECURITE », sont d’obédience privée et ne sauraient limiter nos droits sur la voie publique. Leurs prérogatives s’exercent uniquement dans les périmètres privés dont les accès sont autorisés ou non par les propriétaires.

Conclusion

Nous sommes rassurés lorsque apparaît, de façons immédiatement visible et lisible, sur l’épaule de notre agent d’ordre, l’écusson ou le blason reconnaissable de sa ville ou de son canton. Circonscription à laquelle nous appartenons et que nous animons et finançons. De laquelle nous sommes en droit d’obtenir des explications et des justifications liées à tout déploiement et occupation de notre espace de vie publique.

 

Frédéric Maillard

Frédéric Maillard, socio-économiste, accompagne les nouvelles gouvernances d’une dizaine de corporations policières suisses. De 2005 à 2015, il a analysé les pratiques professionnelles de 5000 agent-e-s. Depuis, il partage publiquement son diagnostic, commente l’actualité et propose des innovations. fredericmaillard.com