À l’occasion de la publication de son nouveau site internet, l‘École Supérieure d’Ambulancier et de Soins d’Urgence Romande (ES ASUR) présente sur sa page d’accueil un Guide de gestion des abus et des harcèlements.
Gestion des abus et des harcèlements
Le monde professionnel préhospitalier est aussi concerné par les abus, les harcèlements et les discriminations. Les uns comme les autres pouvant sévir en tout temps et défigurer collaboratrices, collaborateurs, stagiaires, sans compter les cohésions d’équipes au sein des services d’exploitation.
(2 minutes de lecture – le féminin est compris dans le texte – 115ème post)
Spécialement conçu pour les ambulancières et ambulanciers en exercice, cet outil de gestion en 10 points, comme 10 étapes, complète les actions de prévention, les mesures de gravité et de détection enseignées au sein de l’école supérieure ASUR depuis 2016. Ce guide a été élaboré par une psychologue d’urgence et un économiste d’entreprise puis étayé et complété de 2017 à 2021 par une coalition pluridisciplinaire composée d’experts en ressources humaines, soins d’urgence, travail social et police.
Guide pratique et comportemental
Durant les formations initiales et continues dispensées par l’ES ASUR à destination des futurs ambulanciers mais aussi de leurs chefs et adjoints de service, des cas de figure concrets ont été traités en ateliers. Depuis lors, ce sont plusieurs services d’ambulances qui mettent en œuvre ces enseignements dans leurs organisations. Ainsi, du bassin lémanique jusqu’à Neuchâtel, des outils de prévention et de résolution des problèmes sont développés conjointement par les praticiens et leurs cadres à tous les échelons décisionnels et opérationnels.
C’est le but de tout employeur que d’assurer la protection de ses employés, de la théorie à la pratique. En clair : incarner les expériences et leurs analyses dans la transformation du management.
Sinon, à quoi servent les formations d’adultes ?
Transcrire, dupliquer, compléter
Vaincre l’harcèlement c’est aussi – veuillez excuser le côté méthodique qui ne saurait supplanter les souffrances humaines – de l’organisation et de la détermination. C’est pourquoi si je devais retenir une composante utile de ce guide, plutôt qu’une autre, ce serait sans nul doute les conseils relatifs aux points 7. , 8. et 9. invitant les victimes et les éventuels témoins à documenter et compléter les méfaits subis ou/et leurs observations. Comme le précise ledit document, toute transcription a un effet thérapeutique très important mais permet aussi, des années plus tard, d’évacuer les doutes et les relativisations (dès lors qu’elles existent) peu productives des entourages familiaux ou professionnels.
Et, si la force venait à manquer, n’oublions pas que les régulateurs téléphoniques (144) et les ambulanciers sont des professionnels de toute première intervention qui, avec l’aide de ce guide, veillent et se préoccupent de leur bien-être institutionnel interne mais à qui l’on peut aussi confier ses difficultés ou ses craintes liées à toutes formes d’abus.
ES ASUR, en sa qualité d’espace innovant de formation et de laboratoire de recherche-action, se devait et se doit, aujourd’hui, de partager ses compétences et de défier les harcèlements, les abus et les discriminations partout où ils pointent leur nocivité.
Bonjour Monsieur Maillard,
Ce guide pratique et comportemental de gestion des abus et des harcèlements est fort bien construit et serait utile à présenter aux jeunes (dans les collèges par exemple), en cas non seulement d’abus, de harcèlement, mais il me semble aussi applicable en cas d’agression. Ce guide a bien une visée d’apprentissage civique (actions des victimes, mais aussi des témoins), cela permettrait d’être plus efficace lorsque de tels événements ont lieu, car on manque d’outil pour faire face à ce ce genre de situation.
Pour augmenter l’efficience de l’intervention, il s’agirait également que les personnes rencontrées par les victimes soient bienveillantes, exemplaires, compétentes, à la hauteur de la tâche quand il s’agit d’accueillir et d’écouter des personnes victimes; des personnes qui ont réfléchi aux droits humains et qui ont eu le temps dans leur formation d’intégrer pratiquement le fruit de leurs réflexions. Parce qu’il arrive que la victime rentre à la maison avec le sentiment de ne pas être crue. Cette petite digression m’amène à penser que – si on enseignait ce guide à tout un chacun- il contribuerait à dénoncer plus haut et plus fort, à aider à prouver que de tels agissements ont lieu, à identifier les personnes responsables et à les empêcher de nuire.
Je vous rejoins aussi sur le point 7 de ce guide quant à sa vertu d’objectivité, de lutte contre l’oubli, mais aussi et surtout comme vous le dites dans sa vertu thérapeutique. Mais je n’avais pas mesuré la portée à long terme pour évacuer les possibles doutes et relativisations d’autrui, des années plus tard. Alors merci pour cet éclairage.
Bonjour Monsieur,
je vous remercie pour votre commentaire. Vous avez raison, ce type de guide (adapté ndlr.) doit être présenté dans les milieux scolaires, d’orientation et d’études. Fort heureusement, c’est ce qui se fait de plus en plus à l’exemple de cette exposition : https://plus-fort-que-la-violence.ch/fr/exposition/ et d’autres initiatives qui se produisent sur Vaud, Fribourg, Berne, etc. ça bouge.
Bien au plaisir,
Frédéric Maillard