Le Cube 365

Le Cube 365 a passé chaque semaine de 2015 dans un endroit différent du canton du Valais
Le Cube 365 a passé chaque semaine de 2015 dans un endroit différent du canton du Valais

 

Prenez un studio d’une quinzaine de mètres carrés: chambre à coucher transformable en salle à manger en un clic de souris, frigo garni de produits du pays, douche et toilettes. Glissez le tout dans l’équivalent d’un container maritime. Dotez-le d’une domotique moderne commandée par tablette électronique, le rendant parfaitement autonome grâce à des panneaux solaires, à une mini station d’épuration et à une pompe à chaleur, tout cela habilement dissimulé sous le plancher. Glissez-y chaque nuit de nouveaux invités de marque ou d’heureux gagnants d’un tirage au sort et trimballez le tout, un an durant, aux quatre coins du Valais: du col du Grand St-Bernard au glacier d’Aletsch, des golfs jusqu’aux lacs, du Rhône jusqu’aux alpages. Neuf tonnes d’ingéniosité, d’artisanat et de technologie, mais aussi d’accueil chaleureux en toute intimité.

Dans le cadre du bicentenaire de l’entrée du Valais dans la Confédération Suisse, le Cube365 parcourt, semaine après semaine, l’entier du territoire valaisan. Idée du directeur de l’office du tourisme de Sierre mise à disposition de tout le canton, elle est une antidote contre l’esprit de clocher qui freine encore les progrès de la branche. L’opération n’est certes pas sans frais, mais elle marque les esprits: « Quelle belle ironie que cette magnifique résidence secondaire qui parcourt le Valais, signent fièrement Franco et Nathalie, un couple « d’encubés » le souffle d’une nuit.… Que la Suisse nous en veuille? Peut-être.. Que la Suisse nous envie? Sûrement! … Verdict? Un sur dix pour le cube? Non! Treize sur treize! »

«  La nuit des martyrs, quelle nuit! Et St-Maurice qui soufflait son histoire dans le cube: nous ne sommes que de passage… Le Cube n’est rien sans la beauté et la force des paysages qui le protègent… » Manuella Maury et Thomas Tscharner
« La nuit des martyrs, quelle nuit! Et St-Maurice qui soufflait son histoire dans le cube: nous ne sommes que de passage… Le Cube n’est rien sans la beauté et la force des paysages qui le protègent… » Manuella Maury et Thomas Tscharner

Disposé en pleine nature, face à un décor de vignes et de montagnes, le Cube 365 dévoile en effet  un charme exclusif. Imaginez-le dans un lieu inédit d’une grande ville européenne, au cœur de foires promotionnelles ou au centre d’une animation culturelle destinée à mettre le patrimoine valaisan en valeur. C’est non seulement le savoir-faire de tout un canton qui conquiert des hôtes potentiels, mais la démonstration d’un pays innovant, différent des clichés qu’on aime à entretenir à son sujet. Pour cela, il faudrait que Valais/Wallis Promotion, l’organisme cantonal de promotion économique, s’empare de l’objet comme support de campagnes inédites. Tout comme il aurait pu profiter de l’engouement culturel, artistique et événementiel généré par les manifestations du bicentenaire. Cinphonie2015, Oh! Festival, film 13 faces ou encore 13 tableaux musicaux, autant de créations artistiques de qualité demeurées presque uniques et réservées aux seuls valaisannes et valaisans. Autant de supports originaux qui sortiraient le Valais de ses ornières traditionnelles… à condition qu’elles franchissent les frontières cantonales! VWP oserait-il faire le pas? Saura-t-il profiter de tant d’idées créatrices issues des valaisans?

Un assemblage moderne et de qualité, démonstration de la valeur des entreprises valaisannes ayant collaboré à l’entreprise
Un assemblage moderne et de qualité, démonstration de la valeur des entreprises valaisannes ayant collaboré à l’entreprise

 

L’été de la St-Martin à Ferpècle

La langue du glacier de Ferpècle s’est effondrée en un tour géant
La langue du glacier de Ferpècle s’est effondrée en un trou géant

 

Ferpècle, un petit matin d’automne serein: mélèzes couleur d’or, chamois couleur ébène, torrents gelés malgré la douceur ambiante. Les pentes d’herbe ont viré au brun et il devient difficile d’y distinguer le pelage du bouquetin. Pourtant, ça et là, fleurissent encore quelques pensées ou violettes automnales, témoins d’une abondance printanières colorée. Un mince filet d’eau s’est figé à même les dalles jadis polies par le glacier; il est contraint à l’immobilité par un vent frais qui dévale des hauts sommets. Le courant descendant siffle une mélodie triste, amplifiée par de profonds tuyaux d’orgue sculptés dans la moraine surplombante. Le glacier a revêtu un fin manteau dont la blancheur contraste avec le décor flamboyant.

Un réseau de crevasses étranges entaille la langue terminale du glacier de Ferpècle. Vu depuis Bricola, elles forment un faisceau de rides autour d’un œil taillé dans la masse de glace bleuâtre. La caverne frigorifique est entourée de blocs de glace écroulés. Un torrent plat s’en échappe un peu plus bas, puis se prélasse dans quelques gouilles couleur bleu crème.

Un torrent plat s’en échappe un peu plus bas, puis se prélasse dans quelques gouilles couleur bleu crème.
Un torrent plat s’en échappe un peu plus bas, puis se prélasse dans quelques gouilles couleur bleu crème.

 

Dans ce décor superbe, cet œil pleure au cœur de l’observateur attentif. Il taille une vaste brèche dans la langue glaciaire et marque le recul accéléré du glacier. La couche de glace devenue un jour trop faible s’est effondrée, créant cette figure surréaliste mais temporaire, car amenée un jour à fondre entièrement. Manifestation unique d’un phénomène commun: partout dans les Alpes les glaciers reculent car les températures se font de plus en plus douces.  Novembre n’est-il pas en train de battre tous les records de douceur? La plupart du temps, les glaciers abandonnent dans leur retraite un décor de roches en ruine et de sable fin abandonnés sur des dalles lisses. Mais parfois la masse en peine abandonne une caverne latérale, un portique glacé,  isolé de sa masse par un lac ou un bout de moraine.

Il en est ainsi dans toutes les alpes. La langue du glacier du Rhône fait place à un lac profond enserré dans un verrou rocheux. Celle de l’Unteraar délaisse une vaste plaine sablonneuses dans laquelle méandre un torrent brunâtre chargé de limons. Les ogives du glacier d’Aletsch disparaissent petit à petit et de vastes pentes jadis immaculées font place désormais à de tristes et gris dévaloirs de roches disloquées. Telle est la triste mélodie du réchauffement climatique, qui ailleurs se manifeste de manière plus funeste encore.

Dominé par les tuyaux d’orgue de la moraine et par le Mont-Miné, le glacier de Ferpècle s’effondre sur lui-même
Dominé par les tuyaux d’orgue de la moraine et par le Mont-Miné, le glacier de Ferpècle s’effondre sur lui-même

 

La langue du glacier du Rhône fait place à un lac profond enserré dans un verrou rocheux
La langue du glacier du Rhône fait place à un lac profond enserré dans un verrou rocheux