Ombres et lumières sur Palais fédéral

Saut périlleux de la Suisse en Europe?

 

La Suisse est en marche vers sa normalisation. Remplaçant le secret bancaire, l’échange automatique d’informations va s’imposer prochainement. Dans le même mouvement, les statuts fiscaux particuliers accordés aux entreprises européennes sont condamnés. Bref, le bénéfice que tirait la place financière de son isolement européen est en train de disparaître.

Simultanément, le prix de l’accès au grand marché européen augmente fortement. La multiplication d’accords bilatéraux sectoriels est terminée. Un nouveau cadre institutionnel global devra régir l’ensemble des relations entre la Confédération et l’UE. Et les discussions en cours montrent que la Suisse devra accepter une auto-satellisation si elle veut poursuivre son intégration économique tout en restant à l’écart du dispositif politique.

L’impasse prédite depuis longtemps ne peut plus être évitée. La stratégie consistant à vouloir être dans l’UE pour les avantages et dehors pour les inconvénients se renverse. Demain, la Suisse risque de subir les contraintes du droit européen, sans avoir les droits des Etats membres et, de surcroît, sans que cette satellisation n’apporte la moindre valeur ajoutée à sa place financière.

Certes, la solution consisterait à dire la vérité aux citoyens : l’isolement n’est plus la martingale pour remplir les coffres des banques et du fisc ; la souveraineté se défend mieux en participant aux décisions qu’en les subissant ; la marginalisation du pays comporte de réels dangers.

Mais un tel discours impliquerait d’oser pourfendre le nationalisme que des apprentis sorciers ont mythifié depuis deux décennies. Dans la définition de son destin sur propre continent, les défis qui se posent à la Suisse ne sont donc pas financiers, économiques, structurels, politiques. Ils sont culturels ! Comment quitter la légende pour affronter la réalité ? Voilà le vrai saut périlleux.

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