…scandale du pirimicarbe contaminé au fipronil: l’Union suisse des paysans réagit…

Sous le titre: SHARDA CROPCHEM LIMITED : aucun employé en Suisse, le journal “Bauerschweizer” réagit au cas d’intoxication d’abeilles en Argovie durant l’été. Il exige en particulier de l’Office fédéral de l’agriculture des mesures de surveillance plus sévères et l’interdiction d’octroi de licence de vente à des sociétés “boite-à-lettres”. A noter que le fipronil, interdit dans l’agriculture en Suisse et dans l’Union européenne, reste toujours autorisé dans les colliers acarides pour chiens et chats.

Voici une traduction de l’article de Susanne Meier du Bauerschweizer du 6 novembre 2019

SHARDA CROPCHEM LIMITED : Aucun employé en Suisse

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Un poison illégal tue des centaines de milliers d’abeilles en Argovie

Selon la SonntagsZeitung d’hier dimanche 20 octobre 2019, des centaines de milliers d’abeilles ont récemment été empoisonnées en Argovie par un insecticide commercialisé par les magasins Landi. Il contenait du fipronil, un produit interdit en Suisse et dans l’Union européenne. L’Office fédéral de l’agriculture tente d’étouffer l’affaire, Landi s’en lave les mains….

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… vous parlaient d’art contemporain…

Au cours des dernières décennies, les avancées de la science n’ont fait que repousser les limites qui nous séparent du reste du règne animal, reléguant un à un aux oubliettes de l’histoire des sciences les préjugés anciens sur ce qui fait le “propre de l’homme”. En effet, nous partageons une forme de “rire” avec les grands singes, de perception de la mort avec les éléphants et d’intelligence au sens large avec les grands cétacés et les mammifères en général, mais aussi avec de nombreuses espèces animales considérées comme beaucoup moins “évoluées”, telles que les céphalopodes, pieuvres et poulpes, qui appartiennent à l’embranchement des mollusques, qui sont donc des cousins des limaces et des escargots.

Ou encore avec les insectes, dont les abeilles mellifères, qui sont également capables de prouesses étonnantes. Il a été démontré qu’elles sont capables de manier des notions telles que le haut et le bas, la droite ou la gauche, de compter jusqu’à cinq et qu’elles maîtriseraient même la notion du zéro, un concept qui n’apparaît que tardivement dans l’histoire des mathématiques, et n’est guère maîtrisé avant 10 ans chez l’humain.

La danse des abeilles Mais les abeilles ont aussi développé une forme de langage symbolique, dont tous les détails ne sont pas encore complètement élucidés. Une butineuse est en effet capable en rentrant à la ruche, de communiquer à ses compagnes, en plus de sa composition et de sa qualité, la localisation d’une source de nourriture, en précisant à la fois la direction et la distance où la trouver. S’engage alors un processus de recrutement qui peut en quelques minutes, si les abeilles sont affamées et si la source est riche, inciter des centaines, voire des milliers d’abeilles mellifères à converger vers cette manne providentielle. Cette forme de communication est connue sous le nom de “danse frétillante des abeilles”, au cours de laquelle, la butineuse effectue de manière répétitive un parcours en forme de “huit”, dont l’orientation indique la direction et la vitesse du frétillement la distance à la source de nourriture (voir un exemple en video).

L’art comme ultime frontière ? Or pour nous la danse est un art, une forme d’expression culturelle, mais aussi de séduction, une ritualisation des rapports humains, de rapprochement des sexes et de formation des couples. Peut-on parler de performance artistique dans le cas de la danse frétillante des abeilles, dans les parades nuptiales de certains oiseaux, ou encore des ensorcelantes danses des serpents? A priori non. Et pourtant, à les regarder, à les observer frétiller sans comprendre la signification de leurs actions, on ne peut que s’émerveiller, y trouver une forme de beauté gratuite. Et c’est probablement ici que se situe l’une des dernières frontières entre animaux et humains. Si ces “danses” sont bien une forme de communication, elle ne revêtent apparemment pas d’intentionnalité en vue de produire du beau ou une émotion de nature artistique chez le spectateur ou le partenaire. Mais qui saurait vraiment l’affirmer? L’art serait-il donc l’une de ces frontières? En tout état de cause, il n’est à ce jour pas connu de forme d’ “art pour l’art” dans le reste du règne animal.

Arts, abeilles et écologie Il est difficile de faire communiquer des mondes aussi éloignés, et aussi peu perméables l’un à l’autre que sont les arts et les sciences. Pourtant, avec la philosophie et les sciences, l’art est en définitive ce qui reste de plus marquant d’une civilisation. Face aux enjeux environnementaux qui nous attendent en ce début de troisième millénaire, les abeilles (au sens large du terme) s’imposent comme nouvelle valeur universelle, à la fois symbole de perte de la biodiversité et de survie des humains sur Terre. Avec leur sensibilité propre, de nombreux artistes s’engagent et intègrent ces préoccupations majeures dans leurs oeuvres.

Ainsi, durant tout l’été et jusqu’au 11 octobre, Genève abrite une œuvre d’art éphémère consacrée aux abeilles dans un cadre insolite : le cimetière des Rois. S’inspirant du roman « Le sang des fleurs » de sa compatriote Johanna Sinisalo, l’artiste finlandaise Ulla Taipale nous invite à explorer cette frontière, à méditer sur les liens que nous entretenons avec la nature, mais également avec l’au-delà. L’exposition genevoise est également dédiée au grand naturaliste genevois, François Huber et maintes fois mentionné dans ce blog (cf Billets consacrés à François Huber ci-dessous), qui a su faire de sa cécité une force et a tant apporté à la connaissance de ces insectes sociaux,

Le vernissage de l’exposition, organisée par l’association Utopiana dans le cadre de son programme “1000 écologies” était initialement prévu le 19 juin. Il a dû être repoussé en raison d’un violent orage qui a abattu plusieurs arbres et endommagé le dispositif. Il se déroulera officiellement ce lundi 16 septembre 2019 à 17h en présence de l’artiste. L’expo est inscrite dans une démarche résolument moderne. Elle se présente sous la forme d’une expérience de réalité augmentée au cours de laquelle les visiteurs sont invités à écouter sur leur smartphone une dizaine de textes d’auteurs variés à propos des abeilles. Sur le plan pratique, il convient au préalable de télécharger l’application Arylin, puis, sur place, de chercher et scanner de petits panneaux distribués entre les tombes d’illustres personnalités qui ont fait Genève. L’app déclenche alors la lecture du texte associé au panneau.

 

1: Billets consacrés à François Huber

François Huber, le genevois qui mit au jour les secrets des abeilles,

Quand les abeilles s’assemblent en Landsgemeinde,

…vous invitaient à revivre l’épopée de deux François, Huber et Burnens ou l’histoire d’une révolution scientifique à Genève à l’époque de la révolution française…)

…sur les épaules des géants….

la démocratie des abeilles mise en oeuvre au sommet des jeunes pour le climat

Smile for future“, le sommet des jeunes pour le climat réunis à Lausanne la semaine dernière s’est terminé après cinq jours d’intenses débats par une remarquable prise de position rédigée en anglais et intitulée “Déclaration de Lausanne“. J’invite chacune et chacun à la consulter. Son contenu est impressionnant et ce document fera probablement date dans l’histoire moderne.

Le texte débute par une déclaration d’intention présentant les objectifs, mais aussi la diversité et les différences des participants à la conférence, introduction qui se conclut par “Ensemble nous voulons changer ce monde pour le meilleur. Pour nous et pour toutes les générations à venir“. Elle se poursuit en déclinant Valeurs, Motivation, Méthode et Action. Elle affirme l’unité, la non-violence, la transparence et l’absence de structures hiérarchiques comme principes cardinaux d’un mouvement parti de la jeunesse, ouvert à tous les âges, qui rejette toutes les discriminations et les propos haineux. La déclaration se termine par une liste de trois revendications autour du climat et une vingtaine de suggestions pour démarrer la mise en oeuvre. Quelle impressionnante maturité dans ce mouvement et cette déclaration réalisée en une semaine à peine par des jeunes de tous les horizons de la planète!

Michel Serres serait-il enfin entendu? Il y a près de 30 ans, en 1990 très exactement, le philosophe français Michel Serres, récemment décédé, publiait un texte fondateur, véritable déclaration d’amour à la planète Terre, intitulé “Le contrat naturel“, allusion métaphorique, mais explicite au “Contrat social” de Rousseau de 1762. Les idées égalitaristes du Genevois devaient se concrétiser, entre autres, par la “Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen” de 1789 et la “Déclaration universelle des droits de l’Homme” proclamée par les Nations Unies en 1948.

Dans ce livre écrit comme un poème d’amour, destiné à être lu à haute voix, exigeant, invitant à s’arrêter presqu’à chaque mot, Michel Serres fait le constat tragique suivant: depuis Rousseau et les Lumières, la philosophie et les sciences humaines ont oublié de prendre en compte le “Monde”.  Elles se sont attachées à décrire les relations entre humains et à théoriser la domination de l’homme sur la nature, une approche anthropocentrique qui caractérise toutes les formes de conception du monde en Occident, de la philosophie aux idéologies sociales, en passant par les religions, et cela jusqu’à la deuxième moitié du 20ème siècle.

Cette conception du monde, étroite,  restreinte par les oeillères de l’anthropocentrisme, ne posait pas véritablement problème, tant que l’action de l’homme sur le “Monde” restait insignifiante.En effet, la Nature, par ses déluges, ses tempêtes et autres tremblements et catastrophes naturelles se chargeait opportunément de rappeler périodiquement à l’ordre ce bipède “tout-puissant?”. Mais, tout a changé au 20ème siècle. Avec la maîtrise de l’atome, l’homme s’est soudain trouvé en possession d’armes assez puissantes pour détruire la Terre, “sa” Terre?. Puis, avec le “progrès” et la mondialisation, ont suivi l’empoisonnement des sols, des réserves d’eau, de l’atmosphère, sans parler de la la destruction progressive et en accélération des autres espèces vivantes. Enfin, cerise sur le gâteau, il a imprimé un impact majeur sur les conditions climatiques globales de la planète. Mais la Nature ne se laisse pas dominer si facilement. Le présomptueux Prométhée sur deux jambes doit s’attendre au retour de manivelle. S’il continue à maltraiter la Nature de la sorte, sans en connaître les lois, ni en mesurer la force, elle lui montrera ses capacités à surmonter des  “accidents”, tels que le passage de l’homme sur Terre, incidents négligeables à l’échelle des temps géologiques.

C’est donc à un constat d’humilité et de respect pour le monde que Michel Serres nous convie dans son livre. Il nous invite à vivre en harmonie avec le monde et à conclure avec lui un “Contrat naturel”, dans lequel les intérêts de l’homme, comme ceux de la planète seraient respectés, ainsi que Rousseau invitait ses contemporains à conclure un “Contrat social” face aux inégalités des sociétés humaines de son temps. Et c’est à l’ébauche d’un tel contrat que les jeunes ont travaillé la semaine dernière. Cette déclaration de Lausanne en est une première étape.

Ayant consacré sa vie à créer des ponts entre la philosophie, les sciences humaines d’une part et celles de la nature de l’autre, Michel Serres arrive au constat que ces deux mondes des connaissances humaines ne se parlent pas, ne se comprennent pas et que cela est source de tragiques conséquences pour nos sociétés. Il conclut en particulier que le “Monde” est dirigé par des personnalités formés en sciences humaines qui ignorent tout des lois du “Monde”, telles que décrites par les sciences de la nature. Et ils prennent forcément des décisions inadaptées. C’est aussi ce que nous rappellent les jeunes dans leur troisième revendication:

Décideurs: écoutez ce que la meilleure des sciences possible nous apprend !“.

Et les abeilles dans tout cela? Comme les jeunes l’ont indiqué aux media, l’accord n’a pas été simple à trouver. Des divergences, des dissensions se sont manifestées au cours des débats, mais à la fin, c’est à un consensus général résumé dans la déclaration qu’ils ont abouti. Et ce processus, rappelle étrangement les mécanismes de prise de décision d’un essaim d’abeilles. Comme déjà mentionné dans ce blog (Quand les abeilles s’assemblent en Landsgemeinde), la démocratie n’a pas été inventée en Grèce il y a quelques siècles, mais probablement depuis plusieurs millions d’années par les sociétés d’insectes.

Selon Thomas Seeley, biologiste américain, auteur du livre “La démocratie des abeilles“, ce mode de système politique serait une propriété émergente de la vie en société, avec comme archétype l’abeille mellifère. Lorsqu’un essaim d’abeilles cherche un emplacement pour s’installer, il délègue la tâche de la reconnaissance à quelques dizaines, ou centaines d’individus, qui vont visiter différents lieux, les évaluer, les comparer et en discuter au cours d’un véritable “débat démocratique“, chaque exploratrice se faisant sa propre opinion, puis tentant de convaincre ses collègues de la qualité de chacun des sites potentiels. Cette opération se déroule généralement sur deux à trois jours. Et ce n’est que lorsqu’un consensus absolu est atteint que les milliers d’individus formant l’essaim s’envolent vers leur nouvelle demeure, guidés par les exploratrices qui seules connaissent la destination. Sans consensus général, la colonie est vouée à la mort, car l’essaim se disperse dans plusieurs directions, la reine ne sachant quel parti suivre.

J’expliquais récemment ce mécanisme à un auditoire d’apiculteurs jurassiens. A la question d’un collègue, par ailleurs parlementaire connu, je répondis : “Imaginez les résultats d’un parlement dont les membres seraient contraints au consensus pour toute décision vitale, les décisions prises à la majorité étant fatales pour la société!”. C’est ce que les abeilles nous apprennent. C’est aussi ce que les quelques centaines de jeunes présents à Lausanne (représentants leurs pairs du monde entier) ont mis en pratique cette semaine à Lausanne. Faisant preuve d’une remarquable maturité politique, ils ont aussi su préserver leur jeune reine scandinave, sans laquelle rien ne serait possible…

…non, je ne communierai pas à la grand-messe veveysanne…

Voudriez-vous y échapper qu’il vous faudrait vous couper du monde, cesser de lire les journaux, d’écouter la radio et de regarder la télévision. Car depuis quelques semaines elle est partout, omniprésente, rendez-vous obligé de la romande ferveur. Et pourtant, non, je n’irai pas. Ma décision est prise de très longue date, bien avant même la mise en vente des billets, bien avant les récentes polémiques.

Ma position ne repose sur aucun des arguments que l’on entend ici ou là: des billets hors de prix, soudain bradés pour remplir les gradins, une tradition d’un autre temps, célébrant un folklore passé et suranné, des figurants qui devront probablement payer leurs costumes de leur poche, alors que le budget dépasse les 100 millions de francs. Non, ma décision repose sur un autre constat, un besoin de cohérence.

Comment dans un monde en profond bouleversement, au bord du gouffre, peut-on s’enivrer et célébrer à grands frais et large fracas l’une des substances les plus délétères, les plus nocives et les plus nuisibles qui soit? Il est vrai qu’avec Bacchus, l’humanité y est enchaînée depuis la nuit des temps. “Que diable!” me direz-vous. “C’est la culture d’un peuple, notre culture! Humez ce parfum, c’est un grand crû. Il a de la cuisse! Et ces arômes de framboise et de myrtille! Franz Weber, lui-même, l’indomptable et honni écologiste, s’était élevé contre tous pour en préserver les sols”.

En chiffres cela représente des revenus considérables! Environ 2 des 14 milliards de PIB que produit notre agriculture; moins de 10’000 emplois! Selon le Rapport vitivinicole 2018 de l’Office fédéral de l’agriculture, 148 km2 y sont consacrés en Suisse, dont 0.69 are (69 m2 tout de même) au divin Nebbiolo dans le val Mesolcina. Sans le jus de raisin, la production totale s’est élevée en 2018 à 1’111’534 d’hectolitres, soit 111,5 millions de litres, ou encore, avec un taux d’alcool de 13%, environ 14,5 millions de litres d’alcool pur, soit un peu moins de la moitié des 33 litres de vin consommés annuellement en moyenne par habitant dans notre chère Helvétie (sans compter les 55 l de bière et les 3,6 litres de spiritueux). Que représenteraient, en kWh d’énergie solaire, ces 148 km2 d’espace particulièrement bien exposés au soleil?

Selon “Addiction suisse”, plus de 11’000 décès et des coûts sociaux dépassant les 14 milliards (dont la moitié à la charge de la société) sont causés annuellement par les diverses dépendances, dont pour l’alcool, avec environ 250’000 personnes alcoolodépendantes, environ 1600 décès et 4 milliards de coûts directs et indirects. De quoi faire réfléchir! Car, clairement, le bilan, ne serait-ce que financier, est fortement défavorable.

Oserai-je vraiment cracher dans la soupe? Et l’exprimer publiquement? Car, cette fête, on nous la promet belle! Ne serait-ce que les costumes ! Les premières images démontrent déjà que le spectacle sera splendide. Et les chants? J’en ai entendu quelques émouvants extraits. De plus, deux des chanteurs qui entonneront le Ranz des vaches sont des voisins… dont le frère cadet du fameux Bernard Romanens. Oui, sans doute que ce moment je vais le regretter, mais saurai me consolerai en me remémorant les nombreuses occasions où j’ai pu les écouter dans des cadres plus intimes…

Car, en définitive, il s’agit de cohérence. Comment justifier, vis-à-vis des jeunes en particulier, les avertissements envers diverses substances, toutes aussi addictives et dangereuses les unes que les autres, lorsque l’on célèbre l’une d’entre elles, élevée au rang de valeur nationale? Je n’oublierai jamais la grande solitude ressentie lors d’une soirée de bobos cinquantenaires, intellectuels éclairés, élite de la nation, durant laquelle, toutes les conversations tournaient autour de la dégustation de la dernière bouteille débouchée, s’extasiant déjà sur les divines surprises que réservait la suivante, avant de sombrer plus avant dans l’ivresse. Est-cela que l’on appelle culture? Et ne nous y trompons pas, les jeunes ne sont pas des imbéciles: nos discours de prévention ne leur paraissent guère crédibles.

Non, je n’irai pas. Et peut-être que les gradins dont l’occupation s’annonce clairsemée indiqueront-ils que je ne suis peut-être pas si seul.

 

Le miel, meilleur que le sucre?

Dans son édition du 25 juin 2019, l’hebdomadaire  “Coopération”, organe de la société COOP, “géant orange”, numéro deux du commerce de détail en Suisse, présente dans sa rubrique “Le conseil de l’experte” une comparaison peu nuancée des qualités du miel par rapport au sucre blanc qui en a choqué plus d’un/e et a fâché les apiculteurs/trices du pays. De plus, l’article laisse entendre que l’idée largement répandue que les miels sont préférables au sucre de cuisine ne repose sur aucun fondement.

L’indice glycémique fait toute la différence: S’il est exact que le contenu en calories des miels et du sucre de cuisine sont similaires, les miels contiennent des sels minéraux, de nombreuses vitamines, des enzymes, des agents antiseptiques, en quantités certes faibles, mais néanmoins quantifiables, toutes substances excellentes pour la santé et absentes du sucre de cuisine. De plus, depuis plus de trente ans, on distingue les qualités des sucres en fonction de leur vitesse d’absorption dans le sang, sous la forme de l’indice glycémique (IG). Cet indice prend la valeur 100 pour le glucose, le sucre par excellence en physiologie humaine. Avec un IG de 20 seulement, on trouve à l’autre extrême le fructose, un isomère du glucose, une molécule qui ne diffère du glucose que par l’arrangement de leurs atomes.

Le sucre blanc est un di-saccharide, formé de glucose et de fructose en parts égales (50/50). Avec un indice glycémique de 80, il est classé dans les sucres à IG élevé. Les miels sont composés d’une fraction d’eau (moins de 18%) et de plus de 80% de sucres variés, dont le fructose (environ 40%), le glucose (environ 30%), le maltose (5-10%) sont les plus fréquents.  Comme la part de fructose est généralement supérieure à celle du glucose, les miels ont un IG généralement inférieur à 60, qui les classe parmi les aliments à indice glycémique modéré, avec la plupart des fruits riches en sucres naturels. Le miel d’acacia (ou robinier faux acacia), présente même un IG plus faible qui le classe parmi les sucres à IG faibles avec la carotte et la plupart des légumes crus. Il convient encore de relever que le fructose a un pouvoir sucrant plus élevé que le glucose.

Comment déterminer simplement l’indice glycémique d’un miel? Un critère simple est celui de la vitesse de cristallisation. Plus le contenu en glucose est élevé, plus rapide sera la cristallisation. C’est le cas des miels de fleurs et des miels de printemps (pissenlit, colza, etc.). En revanche, les miels plus tardifs, de tilleul, de châtaignier et de forêt en général ont un contenu plus élevé en fructose et une vitesse de cristallisation nettement plus lente, certains miels comme celui d’acacia ne cristallisant pas du tout.

En conclusion, pour toutes les raisons évoquées ci-dessus, il est démontré que les miels se distingues du banal sucre de betterave et qu’ils sont du point de vue diététique préférables au sucre blanc. Enfin, les miels ont des propriétés organoleptiques d’une infinie richesse dont il serait absurde de se priver.

…attendaient la canicule…

C’est une semaine de folie que certains apiculteurs ont vécue! La chaleur, étouffante, écrasante, que nous avons subie, obsédante, au centre de toutes les conversations, reléguant aux second plan le reste de l’actualité, avec ses listes de recommandations aux personnes fragiles, ses plans de baignades, la recherche d’air conditionné, les ventilateurs en rupture de stock et j’en passe, a aussi eu des conséquences inattendues qui n’ont pas fait la une des journaux télévisés.

En effet, une extraordinaire miellée de forêt s’est déclenchée durant la seconde quinzaine de juin. Depuis 15 jours, vers 7h du matin, chez moi l’air est parfumé d’une odeur sucrée que je n’avais plus ressentie depuis au moins 10 ans. “La sens-tu, cette divine odeur de miel?” demandais-je régulièrement à mes proches et à mes voisins, incrédules et insensibles, pour essayer de me conforter dans mes perceptions. La réponse était invariablement. “Non, rien de particulier, ou peut-être une vague odeur de foin séché?”  A quoi je rétorquais: “Non, c‘est autre chose, une fragrance sucrée, un parfum doucereux“.

Hausse vue de dessus. On distingue les cadres couverts par les abeilles, remplis de miel et les constructions de cire pour fixer les cadres au plafond de la ruche, le tout réalisé en une semaine, situation typique des fortes miellées.

Les abeilles, elles ne s’y sont pas trompé, comme les résultats de ma ruche connectée sur balance n’a pas tardé à me le confirmer. En effet depuis le lundi 24 juin, je reçois chaque matin entre 10h et midi le texto suivant : “Alarme: seuil de prise de poids dépassé sur la ruche de Vuippens”. Dans les paramètres de ma balance électronique, j’ai fixé le seuil d’alarme journalier à +/- deux kilogrammes. Une perte supérieure à 2 kg indique soit un prélèvement de miel, le retrait d’une partie du matériel ou en l’absence d’intervention humaine, la sortie d’un essaim, ce qui nécessite des mesures appropriées (récupération de l’essaim, suivi particulier de la colonie, etc.). En revanche, une prise de poids de même ampleur est le signe d’une forte collecte de nectar. Et chaque matin, le même scénario se répète: l’air embaume, de 200 à 600 grammes d’abeilles quittent la ruche vers 8h., soit à 100mg/abeille, de 2000 à 6000 butineuses qui battent la campagne.  Durant les deux à trois heures qui suivent, elles récoltent plus de 2kg de nectar. Puis la miellée cesse et la colonie s’occupe de sa récolte, assèche le nectar qui comprend plus de 50% d’eau. La colonie perd environ un kg d’humidité évaporée durant les heures suivantes et durant toute la nuit. Ce qui, du 24 au 30 juin, correspond à une récolte de 14kg de nectar au moins, soit  6 à7kg de miel une fois maturé1, ou une demi-hausse2.

La ruche en question est la plus faible de mon rucher. La colonie a changé sa reine en début de saison, ce qui fait que son développement est très en retard par rapport aux autres. La hausse n’a été posée qu’à la mi-juin, au lieu de fin avril pour les colonies “en bonne forme”. Ces dernières ont rempli la première hausse durant la même semaine et commençaient d’accumuler dans la seconde hausse et la situation était similaire sur mes divers emplacements. Donc, une très belle récolte en perspective pour la mi-juillet!

Et la situation ne semble pas être particulière à mon emplacement, ni localement restreinte, comme c’est souvent le cas de certaines miellées. Lors d’une rencontre à Delémont jeudi dernier avec les apiculteurs jurassiens, l’un des participants racontait: ” Je n’ai jamais vu cela: avant hier, elles ont rentré 6 kg, et hier encore 8 kg. Elles ne sortent pas de toute la journée, mais seulement en début de soirée, lorsque la chaleur s’atténue et que l’air fraichit un peu. Et elles travaillent presque toute la nuit. Sur le tilleul“. Et en fin de soirée, à la sortie de cette réunion, vers 10h, j’ai en effet à nouveau été assailli par ce parfum de miel embaumant l’air delémontain. Mais clairement teinté des senteurs du tilleul. Aucun doute, les abeilles devaient se régaler…

Personnellement, je n’avais plus vécu de telles conditions depuis de nombreuses années. Il y a dix ans environ, la première récolte, celle des fleurs, était une rentrée de miel garantie, sauf en cas de conditions météorologiques exceptionnellement mauvaises. Depuis lors, les pratiques agricoles ont tellement changé que même cette première récolte est devenue une exception en dehors des plaines à colza. Cette situation évoque, la canicule de 1995, l’année ou Lausanne accueillait en fin d’été Apimondia, la rencontre bisannuelle des apiculteurs du monde entier. Les apiculteurs romands rayonnaient de joie et du plaisir de faire visiter des ruches débordant de miel à leurs hôtes des pays voisins. Les conditions climatiques avaient été exceptionnelles : presque un mois d’une chaleur inhabituelle durant le jour, des précipitation régulières, mais modérées durant les nuits, et le nectar ruisselait des feuilles, jusque sur les pare-brise des voitures stationnant sous les arbres, les pucerons se gorgeaient de sève sucrée et les abeilles s’en régalaient. Décidément, la canicule peut aussi avoir de très bons côtés.

 

1: selon les nombres européennes, un miel doit contenir moins de 20% d’eau pour se conserver et être commercialisable; en Suisse le seuil conseillé est abaissé à 18%

2: la hausse est un compartiment supplémentaire que l’apiculteur ajoute au corps de la ruche pour que les abeilles puissent y déposer le miel. Un apiculteur responsable et respectueux, ne prélève que le miel situé dans la hausse en s’assurant que ses abeilles disposent de suffisamment de nourriture dans le corps de ruche pour faire face à une période de disette, qui survient souvent après de belles récoltes.

 

…l’abeille valeur universelle…

Pour saluer la décision historique de la formation d’un groupe parlementaire “abeille” formé de 60 membres du Parlement suisse, soit un quart de nos élus, je reprends ici un texte publié initialement à l’attention de mes collègues apicultrices et apiculteurs en avril dans la Revue suisse d’apiculture à l’occasion de la journée mondiale des pollinisateurs du 20 mai dernier. Ce texte a pour ambition de mettre en valeur le rôle étonnant que l’abeille, prise dans un sens très large, occupe dans les cultures humaines et dans notre courte histoire sur cette planète, nous humains dont l’espèce n’est guère vieille que d’un à deux millions d’années, alors que les abeilles sont présentes sur terre depuis plusieurs dizaines de millions d’années, qu’elles sont restées pour certaines presque inchangées, elles qui ont accompagné et modelé l’apparition et le développement des plantes à fleurs avec lesquelles elles ont établi ce pacte unique de collaboration et de paix réciproque, jamais remis en cause, que nous nommons “pollinisation“.

En effet, l’abeille occupe depuis la nuit des temps une place unique dans l’histoire de l’humanité. Aussi, loin que remontent nos connaissances et que l’homme laisse des traces interprétables (c’est-à-dire grosso modo depuis le néolithique), des indices de cohabitation entre l’homme et l’abeille sont avérés. Sur le plan figuratif, la plus ancienne représentation remonte à quelques 6’000 à 10’000 ans, avec cette très célèbre scène de récolte de miel (ou chasse au miel), illustrée sur une paroi de la grotte de l’Araignée (Valence, Espagne). Datant de la même époque, des traces de cire d’abeille ont également été retrouvées sur des restes de poteries dans de nombreux sites archéologiques à travers le monde. C’est toutefois à la période historique que les premières représentations d’apiculture au sens moderne du terme apparaissent, en particulier sur des bas-reliefs de l’Egypte antique. Des fouilles archéologiques ont confirmé que des ruches cylindriques en terre cuite étaient répandues à la même époque dans l’ensemble du Moyen-Orient.

Au-delà de l’exploitation des produits de la ruche, l’abeille occupe dès l’antiquité une place à laquelle aucun autre insecte n’a osé prétendre : celle de divinité. C’est le cas dans l’Egypte ancienne, dans la Grèce et la Rome antiques avec le mythe d’Aristée, mais aussi dans les civilisations pré-colombiennes, avec les abeilles mélipones (abeilles mellifères sans dard d’Amérique latine) qui sont considérées comme filles du dieu créateur de l’univers.

Bien que toujours respectées, mais domestiquées et exploitées pour la cire et le miel, les abeilles perdent leur statut de divinité avec l’avènement des religions monothéiques, dans lesquelles un dieu unique règne sans partage. Malgré cela, l’abeille conserve au cours des deux derniers millénaires de notre ère une part du charisme acquis dans l’antiquité, celui d’un insecte industrieux, régulé par des relations sociales remarquables et souvent donné en exemple pour assoir ou justifier des positions politiques : une société conduite par un roi dans l’antiquité, puis par une reine dès la Renaissance, pour finir par illustrer le modèle de la démocratie participative dans laquelle les décisions sont prises lors de véritables « débats démocratiques » résultant en consensus comparables à ceux dont s’enorgueillit l’Helvétie moderne.

Mais patatras, voici qu’à la fin du 20ème siècle, les populations de cet insecte, dont ne se préoccupaient plus que quelques passionnés, s’écroulent. Dans une indifférence générale et un silence assourdissant, malgré les cris d’alarme de ces passionnés. Qui finissent par se faire entendre en invoquant un mythe moderne, faussement attribué à Einstein : « si les abeilles disparaissent, l’humanité n’aura plus que quelques années à vivre ». Les signaux d’alarme se transforment en cris de détresse. Ils finissent par inonder les media qui les répercutent au point que chacune et chacun est désormais dûment informé et s’inquiète du destin des abeilles et des pertes de biodiversité qui accompagnent le déclin de leurs populations.

Autrefois considérés comme de sympathiques illuminés, les amis des abeilles sont subitement devenus des héros modernes, incarnant le futur de l’humanité. Mais surtout, c’est l’abeille qui prend une dimension nouvelle : elle symbolise désormais par son déclin les dégâts que l’homme a causés à son environnement. Mais par les mesures prises en sa faveur, elle incarne aussi la voie et l’issue à nos errances passées. Prononcez le mot « abeille » et vous générez autour de vous un formidable élan de sympathie. Eh ! oui, l’ « abeille » au sens large, métaphorique, incluant l’abeille domestique, les abeilles sauvages et solitaires, mais aussi les divinités des civilisations anciennes bénéficie d’un engouement extraordinaire. Tout le monde en veut dans son jardin, sous formes d’hôtels à abeilles sauvages et même sous forme de colonies d’abeilles domestiques. Jamais il n’à été si difficile d’élever et de garder des abeilles en vie, jamais l’intérêt de débuter en apiculture n’a été si prononcé

L’ abeille, valeur pour le 21ème siècle.

En 2017, l’ONU, lors de son Assemblée générale a décrété à l’unanimité le 20 mai « journée mondiale de l’abeille », reconnaissant ainsi la valeur exceptionnelle de cet insecte à la fois comme pollinisateur, mais également comme élément important de nos cultures. Mais, ne nous y trompons pas, l’abeille n’a pas de pouvoir magique : ce ne sera qu’en réalisant, en prenant la mesure et en admettant l’ampleur des dégâts, puis en ayant le courage d’initier et de mettre en place les mesures de correction nécessaires, que les choses changeront et s’amélioreront.

Toutefois, l’ « abeille »  au sens large a un effet multiplicateur, car elle est ce qu’on appelle une espèce « parapluie ». En prenant des mesures pour la protéger, on protège et on soutient indirectement tout un cortège d’autres espèces, souvent méconnues, et qui constituent ce qu’on appelle la « biodiversité ».  A prendre ces mesures, il y a là bien sûr des intérêts directs pour le bien-être et la santé humaine, mais il y a surtout derrière ce projet un idéal profond et puissant qui transcende et doit dépasser une pure et simple conception utilitariste de la nature.

La nature est belle : c’est une raison suffisante et même impérative pour en prendre soin, la respecter et, par là-même offrir à nos enfants et petit-enfants la chance d’éprouver la joie de s’en émerveiller eux aussi. Notre intelligence et notre capacité d’action sur le monde sont gigantesques : la responsabilité et les devoirs qui en découlent sont de la même ampleur. C’est à une dimension morale, éthique que nous sommes confrontés. L’« abeille » peut devenir l’une des « valeurs » qui motivent et conduisent nos actions au 21ème siècle.

Mesdames et Messieurs les parlementaires à vous de jouer, d’ouvrir et de déployer le parapluie!

Forum des 100 : repenser l’agriculture…

En septembre 2018, « avenir suisse », le thinktank d’ « economie suisse » publiait, sous la plume de Patrick Dümmler et Noémie Roten, un document polémique, intitulé « Une politique agricole d’avenir : stratégie en 10 points en faveur des consommateurs, des contribuables et des entreprises agricoles». Cette publication est en fait une déclaration de guerre au peu qui subsiste d’agriculture et d’agriculteurs/ices dans ce pays. Un arrêt de mort, décliné en 10 mesures de politique néo-libérales.

Si rien n’est fait pour inverser la tendance, la dernière exploitation agricole pourrait disparaître avant 2050 en Suisse

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… verte panique chez les libéraux …

Aurais-tu perdu la raison? ne cesse de me susurrer la petite voix qui me tient lieu tout à la fois de conseillère prudentielle, d’assistante personnelle et d’agence en communication. T’attaquer à Poncet! Le Poncet! Ce grand maître de l’éloquence, de la rhétorique et de l’ironie? Toi qui es incapable d’articuler deux phrases en public sans chercher tes mots (ni les trouver d’ailleurs), sans les ponctuer de “euh!” et de raclements de gorge embarrassés? Quelle mouche t’a donc piqué? Une abeille sauvage? un faux-bourdon? Il va t’écraser comme un misérable vermisseau, le Poucet, toi qui n’es rien. C’est un suicide médiatique!

Mais non, vas-y, courage, n’aie pas peur, me murmure et m’encourage l’aiguillon de la témérité et de l’inconscience. Ta “petite voix” n’est qu’une mijaurée, une défaitiste!  Elle n’a jamais cru en toi. Allons, tu as gagné perfide! Je me lance, c’est trop tentant, j’en ai trop envie, même si je sais que tes conseils de diablesse ne m’ont jamais rien valu de bon.

Hier au soir, 29 avril 2019, le célèbre avocat genevois était, fort opportunément vous en conviendrez, en interview dans l’émission Forums de la RTS, invité à s’exprimer sur la vague verte, le tsunami, qui s’abat sur son cher parti libéral-radical (à réécouter en podcast interview de Charles Poncet). Que vous m’avez déçu mon cher Carlo ! Vous ne m’en voudrez pas j’espère, que je m’autorise cette familiarité. Cela crée une forme d’intimité et me donne le sentiment d’appartenir un peu à votre monde. Car même si vous ne me connaissez pas, vous appartenez un peu à mon monde à moi. Avec vos amis, Jacques-Simon Eggly, CriCri Luscher, le bellâtre Bonnant et heureusement le camarade Jean Ziegler pour faire contrepoids et contre-balancer vos ardeurs, vos audaces et vos excès, oui vous faites un peu partie de mon monde, vous qui depuis plusieurs décennies nous rappelez que les ténors de la politique et du génie libéral se retrouvent au bout du lac.

Et pourtant, pour la première fois, vous m’avez déçu. Pas la moindre perfidie, pas un sarcasme, aucune cruelle saillie, pas la moindre pointe d’ironie, ni même d’humour tout simplement. Seriez-vous souffrant? Je suis inquiet. Pire même, on vous a entendu encenser les sociaux-démocrates ! Croyez-moi, l’autre CriCri a frôlé la syncope. Je vais l’appeler d’ailleurs pour prendre de ses nouvelles et je crains le pire pour Jean Z. Peut-être est-ce une nouvelle stratégie? Est-ce ainsi que vous comptez désormais combattre vos adversaires?

Je suis un peu rassuré toutefois par la clarté de votre message, quoi qu’inquiet que vous ayez dû le répéter mot pour mot par trois fois. Vous répéter ainsi, comme un régent d’école primaire! Ce message se résume en trois points (corrigez-moi si j’en oublie): “Si, et je dis bien “si” (car tout le monde n’est pas de cet avis), si, dis-je donc, les questions environnementales sont un problème, ce n’est pas avec des taxes que nous les résoudrons, mais par des solutions technologiques”. Quelle pensée limpide! quelle clarté dans l’expression! Et ce “si”, ce “si” qui suggère, insuffle le doute : là je retrouve enfin un peu votre verve. Ah les taxes! Ces taxes liberticides! Comme je vous comprends! Et comme je partage avec vous la profonde conviction que l’idée même de taxe ne peut éclore que dans des esprits (mais peut-on parler d’esprits?) dénués de toute imagination! Et que j’approuve votre foi inébranlable dans la technologie! Des insectes ravagent nos cultures? Inventons l’insecticide! Les insecticides se déposent dans nos aliments? Qu’à cela ne tienne: inventons la machine à détoxifier les aliments. Tiens quelle bonne idée! Je suis convaincu que personne n’y a encore songé. De nouveaux marchés vont s’ouvrir. Des brevets à rédiger, à défendre, de beaux procès en perspective. CriCri, tu me suis? On va pouvoir engager de nouvelles stagiaires… engager? que dis-je? inviter à se former. C’est cela l’économie libérale. Et puis dans 30 ans, nous serons toujours là, prêts à défendre nos partenaires contre les attaques insidieuses de prétendues victimes de ces technologies désormais dépassées depuis longtemps. Quelle magistrale leçon de libéralisme! Tu me suis toujours, CriCri?

Et pourtant je ressens un malaise, comme une inquiétude. Car, non, tu n’étais pas dans ton assiette, Carlo (tu ne m’en voudras pas de passer au tutoiement, je ressens si fort ta détresse). Comment cette Petra a-t-elle osé? demander à tout un chacun son opinion? et laisser (volontairement sans doute) fuiter les résultats… Comment est-ce possible? Je te l’avais bien dit CriCri. Jamais nous n’avions dû confier les rennes du parti à cette Petra. Un coeur d’artichaut! Une féministe probablement! Une incapable, sans nul doute. D’ailleurs, aucune autorité! On l’a bien vu avec Maudet… Te rends-tu compte du désastre CriCri?

Oh oui, Carlo! Je l’entrevois aussi et comme je le partage ton cauchemar éveillé, te retrouvant comme Jonas dans le ventre de la baleine, gobé par les verts libéraux d’Isabelle Chevalley. Je t’entrevois aussi, comme aux carrousels, entraîné dans une folle sarabande avec la dissidente Isabelle, tous deux accrochés aux pales d’une éolienne… Puis, pourquoi pas absorbés par les Verts eux-mêmes? Je t’imagine, pauvre Carlo, invité par une journaliste narquoise pour défendre les idées de ton nouveau parti sur les ondes de la RTS. Et les titres des manchettes, et les commentaires du lendemain: “C’est avec son brio légendaire que Me Poncet a défendu la t axe carbone! Quelle remise en question! Quel chemin parcouru par cet homme de convictions”. Oui la politique peut être cruelle parfois…

Mais tu ne m’as toujours pas répondu, Carlo. Etais-tu souffrant? Un coup de chaud? Un peu de température? Cela n’a l’air de rien, mais un ou deux degrés et on ne se sent plus le même, on perd ses moyens, on a des sueurs froides, des tremblements, des crises de panique parfois. Un ou deux degrés, une jeune suédoise portant couettes tressées suffiraient-t-ils à terrasser le vieux lion?