Le 21ème Congrès de l’Union nationale d’apiculture française (UNAF) s’est déroulé du 27 au 30 octobre 2016 à Clermont-Ferrand. Ces grandes réunions sont l’occasion de faire un tour d’horizon des derniers développements des connaissances, d’une mise à niveau des techniques apicoles, de faire son marché en petit et gros matériel et, enfin, d’échanger expériences, anecdotes, joies et déboires avec les collègues des pays voisins. Parmi les plus de 6’000 visiteurs annoncés, on notait quelques représentants d’Helvétie, dont notre Rose, butineuse de la revue de la SAR (Société d’apiculture romande), quelques anciens présidents de ladite SAR et même quelques collègues de Gruyère.
Parmi les points forts :
- l’après midi du jeudi 27 octobre consacré aux techniques d’élevage des reines
- en soirée la conférence de Renaud Lavend’homme sur la méthode de la fondation Arista Bee Research (https://aristabeeresearch.org/) de sélection du comportement hygiénique (VSH: Varroa sensitive hygiene) chez les abeilles Buckfast et carnica. Cette approche offre enfin des raisons d’espérer dans la lutte contre le Varroa (fera le l’objet d’un futur article plus détaillé)
- celle de Gilles Ratia, globe-trotteur apicole, qui nous a fait voyager dans un inoubliable tour du monde des amis des abeilles
- le vendredi 27, encore un moment fort avec la conférence de Vincent Dietemann, chercheur à l’Agroscope de Liebefeld, rapportant une découverte récemment publiée dans la revue Nature avec plusieurs de ses collègues. Il s’agit d’un mécanisme nouveau permettant à Apis cerana, hôte naturel de Varroa en Thaïlande, de résister au parasite. Les chercheurs ont dénommé ce phénomène, “apoptose sociale” par analogie au mécanisme de mort cellulaire bien connu chez les organismes multi-cellulaires. Dans ce cas, la colonie d’abeilles, vue comme un super-organisme, aurait développé un mécanisme d’auto-sacrifice, ou de “suicide” des ouvrières au stade nymphal pour préserver l’ensemble de la colonie. Si les larves mortes sont détectées au sein du couvain operculé et nettoyées par les abeilles présentant le comportement hygiénique VSH, le parasite n’aura pas le temps d’effectuer son cycle de reproduction. Il ne représente ainsi plus un danger pour la cononie, qui est capable de supporter le parasite sans en mourir. C’est un cas typique de co-évolution hôte-parasite dans lequels les deux protagnonistes survivent et trouvent leur avantage, un stade auquel ne sont pas encore parvenus Apis mellifera et Varroa destructor qui ne se sont rencontrés que depuis quelques décennies.
- en fin de matinée le vendredi, l’inauguration officielle du congrès avec la ministre de l’environnement, Ségolène Royale, annonçant l’interdiction prochaine des néonicotinoïdes en France et peut-être en Europe
- en soirée une série de conférences très suivies sur le thème de l’apithérapie
- en vrac, le point sur le frelon asiatique en France, la situation du petit coléoptère des ruches en Italie, des recherches sur les néonicotinoïdes et autres poisons des insectes pollinisateurs
- le samedi 29, avant le dîner de gala, une très intéressante et houleuse table ronde sur le thème du marché du miel
- et enfin le dimanche 30, l’état des lieux sur les OGM et les risques pour les abeilles des nouvelles méthodes de génie génétique “CRISPR-Cas” avec Guy Kastler, agriculteur et moutonnier engagé, qui a fait le tour des de la question des OGM VRTH (Variétés Rendues Tolérantes aux Herbicides).
Références:
Page et al. 2016 Social apoptosis in honey bee superorganisms; Scientific Reports 6, Article number: 27210