Quand la gestion de crise se résume à l’immédiateté

En cette période pré-électorale, nous assistons, au Grand Conseil Vaudois, a une montée en puissance d’interventions idéologiques empreintes du syndrome actuel d’immédiateté. “On veut (alors que le subjectif serait préférable) tout et tout de suite”. Les textes parlementaires se multiplient, oubliant que ceux-ci ne seront certainement pas traités avant les élections prévues en mars, mais permettant malgré tout d’affirmer “j’ai fait”!

Gesticulation électorale, oserais-je dire, j’en fais d’ailleurs parfois un peu partie… Toutefois, l’immédiateté demandée va à l’encontre des mes schémas de réflexion, peut-être désuets, et me dérange passablement! Pas de plans d’action, pas de feuille de route, pas de réflexion globale. Ici et maintenant voire même hier si cela avait été possible. Selon moi, l’urgence ne justifie pas de tels modes d’action.

A peine après l’entrée en vigueur des nouvelles mesures sanitaires du Conseil Fédéral – soit le lendemain, les députés demandent des indemnisations! Sans même connaître les effets desdites mesures, sans même connaître les secteurs les plus touchés, alors même que certains, dont l’hôtellerie, venaient de toucher des indemnisations pour plus de 29 millions supplémentaires. Mais ainsi l’espoir de toucher l’électeur et donc son vote.

Ici, maintenant, tout de suite…d’un clic si j’ose dire! Immédiateté certainement sous prétexte d’urgence mais qui génère un sentiment d’obligation. Pire encore, les textes se multiplient pour demander ce qui a déjà été fait. Efficience parlementaire quand tu nous tiens… Sans aucunement renier les besoins impératifs de nombreux secteurs durant cette crise, j’ai eu l’occasion, notamment en tant que membre de la commission des finances, de voir que sans gesticulation électoraliste, la démocratie permet une gestion réfléchie et efficiente de cette crise, gestion que nous envient de nombreux secteurs économiques dans les pays voisins.

L’urgence climatique en est un autre exemple. Tout, tout de suite! Chaque dépense, chaque poste budgétaire devrait être consacré à celle-ci, sans aucune coordination ni réflexion et encore moins d’évaluation intermédiaire de leurs effets. On multiplie les actions et on verra bien si elles atteignent leur but et sinon, on en lancera d’autres.

La mise en place exemplaire des centres de test et de vaccination dans le canton de Vaud – bravo et merci à l’Etat Major Cantonal de Conduite – montre bien une chose importante: l’anticipation, la préparation, la réflexion  mènent à une vraie gestion efficiente de l’urgence tant au niveau opérationnel que financier.

 

 

Aujourd’hui, on rase gratuit

L’État de Vaud a annoncé récemment qu’il mettait à disposition, gratuitement, des produits menstruels dans les lieux de formation. L’extrême gauche vaudoise se bat pour des transports publics gratuits pour tous. Les exemples sont nombreux…. Le terme “gratuit” est aujourd’hui devenu à la mode en politique.

Clientélisme? Populisme? Certainement, à moins d’une année des élections cantonales.

Pour les partis à gauche de l’hémicycle, les finances cantonales étant saines, il y a lieu de distribuer. Alors, arrosons! Car oui, il s’agit d’arrosage réalisé sans aucun ciblage. Avec au final, certains bénéficiaires privilégiés mais surtout de nombreux frustrés.

Non! Pas d’arrosage mais aidons et soutenons ceux qui doivent l’être. Ciblons les mesures afin de n’oublier personne.

Quelle valeur prône-t-on en privilégiant le “tout gratuit”? Certainement pas celle du travail qui devrait pourtant, encore aujourd’hui, être valorisée notamment auprès des jeunes.

Car non, rien n’est jamais gratuit, même l’amitié car elle s’entretient. S’il est en effet la tâche de l’État de fournir un filet social suffisant, celui-ci n’est pas gratuit. Et la population doit s’en rendre compte. Lorsque le canton de Vaud dépense CHF 100, près de CHF 30 sont consacrés au social. Et s’il peut se le permettre, c’est notamment grâce aux contribuables dont l’effort – certes trop important dans ce canton, j’y reviendrai – y contribue fortement. C’est grâce à ceux que la gauche nomme “les riches” et qu’elle dénigre régulièrement.

A l’avenir, promouvons plutôt, notamment au travers de nos décisions politiques, l’incitation, la valorisation, le ciblage des soutiens plutôt que d’arroser ou “d’offrir” car il ne s’agit, pour la plupart, d’aucun cadeau car créera immanquablement des injustices et des mécontents.