Regard économique sur l'actualité

Une victoire d’étape à concrétiser

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Lors du dimanche de votations du 15 mai 2022, le Conseil fédéral avait tout gagné. Et certains ont espéré retrouver enfin cette époque où la population suivait systématiquement les mots d’ordre du gouvernement fédéral. Le 25 septembre, il a fallu déchanter. Bien sûr, on ne peut que se réjouir du double oui à l’AVS, qui est une performance, compte tenu des échecs des votations précédentes sur cette thématique. Mais la marge de soutien est faible, alors que l’AVS aura besoin de réformes structurelles supplémentaires, que d’autres votations s’annoncent sur cet objet en lien avec des initiatives en cours de traitement et que la révision du 2ème pilier va être d’autant plus âprement négociée au parlement que la gauche a une revanche à prendre.

Ce dimanche de votation signifie aussi une nouvelle défaite pour le Conseil fédéral en matière de fiscalité, même si elle est moins forte qu’attendue. Or, l’attractivité de la Suisse se réduit en la matière et notre pays devra faire face à des enjeux majeurs au niveau de la fiscalité internationale, pour lesquels une défaite en votation populaire n’est tout simplement pas envisageable.

Les défis énergétiques auxquels la Suisse se trouve confrontée sont un prochain test sur la capacité du Conseil fédéral à rassembler la population autour d’un projet d’envergure. D’autres dossiers pourraient avoir à long terme des conséquences catastrophiques s’ils ne sont pas pris en main maintenant. Il s’agit notamment de la question européenne. Les accords bilatéraux subissent une lente érosion pénalisant déjà certains secteurs économiques alors que la place scientifique suisse se trouve exclue des programmes européens de recherche.

Réponse des autorités fédérales ? Elles se plaignent que l’UE « mette de la pression » sur la Suisse. Elles devraient plutôt louer la patience de leur puissant partenaire. Le mandat de négociation pour les questions institutionnelles a été adopté par le Conseil fédéral en décembre 2013. Les négociations ont été considérées comme terminées par l’UE en novembre 2018. Fin mai 2021, le Conseil fédéral a communiqué sa décision de ne pas signer l’accord cadre et depuis, on tente des entretiens exploratoires et autres discussions. Cela fera donc bientôt dix ans que l’UE attend que la Suisse se décide enfin à définir comment elle entend construire l’avenir de ses relations avec son premier partenaire. Cette indécision ne fait que favoriser les mouvements populistes de tout bord qui utilise l’Europe comme épouvantail pour satisfaire leur ambition électorale, au mépris du bien commun.

Alors que les jeux politiques vont gagner en puissance au fur et à mesure de l’approche des élections fédérales, on ne peut qu’espérer que le Conseil fédéral dispose de la force suffisante pour assumer pleinement sa mission principale : gouverner.

Catherine Lance Pasquier, directrice-adjointe politique générale

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