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Il est plutôt rare de trouver un milliard de francs (999 millions pour être précis) sous son matelas. C’est pourtant l’heureuse surprise qui explique la bonne tenue des comptes 2021 de l’Etat de Genève. Dans une situation sanitaire très incertaine, les recettes ont franchi le cap de 10 milliards de francs, en augmentation de plus de 18% par rapport au budget. Que ceux qui osent prétendre que Genève vit une crise des recettes aillent au coin immédiatement!
Retenir les leçons des précédentes crises
Alors que les prévisions étaient sombres, avec un déficit attendu de près de 850 millions de francs, les comptes 2021 de l’Etat de Genève affichent un bénéfice de près de 50 millions. Une situation exceptionnelle, qui s’explique par plusieurs facteurs. Des transactions immobilières record, des fleurons de l’économie genevoise qui performent, ou encore une rétrocession particulièrement généreuse des recettes de la Banque nationale suisse. Au-delà du soulagement de voir un budget rouge vif se transformer en vert de l’espoir, quelques leçons doivent être retenues.
D’une part, il convient de se rappeler que certaines de ces recettes sont des «one shot», qui ne se renouvelleront pas forcément. On a tout intérêt à ne pas l’oublier avant d’engager des dépenses pérennes qui ne pourront être couvertes et qui devront être assumées par les générations à venir. La crise des années 1980 explique sans doute encore en partie les 12,4 milliards de francs d’endettement actuel du canton, bonnet d’âne du pays en la matière.
L’apport des grandes entreprises est réel
Ensuite, une partie de ces recettes est apportée par quelques grandes entreprises. Celles-là même sur lesquelles une partie de la classe politique ne cesse de vomir à longueur d’années. Mais la réalité est tenace: alors que plus de 70% des entreprises ne payaient pas d’impôt en 2020 (les chiffres 2021 ne sont pas encore disponibles), à peine plus de 1% couvrait les deux tiers des revenus fiscaux personnes morales. Ainsi, quelques dizaines d’entreprises au plus supportent la large majorité des recettes «personnes morales» et permettent ainsi de financer les prestations de l’Etat, qu’elles soient sociales, de formation ou encore culturelles.
Les riches n’ont pas besoin de Genève, mais Genève a besoin de ses riches
Enfin, on constate que les recettes personnes physiques sont les seules en baisse. C’est un signal d’alerte très clair face à la très forte progressivité de l’impôt. Alors que le pourcentage de personnes qui échappent à l’impôt est en constante progression, celui des contribuables qui paient repose sur une part toujours plus réduite. Et certains, lassés de se faire ainsi presser, préfèrent quitter le canton. Cet exode prévisible doit cesser et Genève doit revenir à la raison dans le traitement de ses contribuables.
Stéphanie Ruegsegger, directrice politique générale
On voit que cet article a été écrit par un lobby patronal, avec toujours les mêmes raccourcis faciles : “les riches risquent de s’en aller si on les taxent trop”. C’est évidement une histoire pensée pour faire peur aux pauvres et pour perpétuer le système en place qui permet d’accroitre encore plus les inégalités (voir rapport OXFAM qui dénonce cette captation des richesses des 1%).
La vraie raison de cette surprise à un milliard est très simple à comprendre. Il y a eu d’énormes masses de capitaux qui ont afflué à Genève durant la pandémie – plus de 140 milliards en 2021 (la Suisse est un refuge en temps de crise). Une partie est partie dans l’immobilier spéculatif qui a explosé (+20 à 30% sur le prix de certains biens en 2 ans). Une manne pour l’état, mais la fin d’un rêve pour la classe moyenne qui doit abandonner tout espoir de devenir un jour propriétaire de son logement… Et avec l’appauvrissement de la classe moyenne, c’est aussi une diminution des rentrées fiscales.
Enfin pour terminer, à force de bétonner à tour de bras, cela diminue la qualité de vie de certains résidents qui appréciaient la relative tranquillité de Genève.