Quelques pistes pour un monde plus éthique

Peut-on enseigner l’éthique ?

Enseigner l’éthique est difficile, d’une part parce que le monde actuel n’y attache pas grande importance (elle est plutôt perçue comme une saboteuse d’ambiance), mais aussi parce que chaque situation est unique. Il est donc délicat d’édicter des règles absolues, infaillibles, chaque circonstance, chaque action demandant une compréhension, une réponse spécifique.

S’inspirer des femmes et des hommes qui brillent dans le firmament de l’humanité

Il est des femmes et des hommes qui brillent dans le firmament de l’humanité, des étoiles splendides qui nous accompagnent et nous guident à travers les nuits sans lune ; ils éclairent le monde de leur grandeur et de la pureté de leur aspiration, inspirons-nous en !

Inspirons-nous de personnages historiques qui ont fait preuve d’éthique ou qui ont fait de grandes choses pour le bien de leur communauté ou de l’humanité : les Rosa Parks et Wangari Maathai, Martin Luther King et Mandela, etc., des prix Nobel de la paix, ou des grands hommes/femmes du passé tels Socrate, Confucius, Vivekananda, etc. Inspirons-nous d’eux à travers des lectures, des biographies, des films, des pièces de théâtre, des reportages, des présentations, des poèmes.

Pour atteindre l’éthique ultime, le don de soi absolu, nous devons garder vivant et nourrir dans nos profondeurs secrètes cette flamme de vérité qui miraculeusement brûle, cette intense aspiration qui s’élève vers le Bien ultime, cette quête suprême vers la vérité. Quelque chose en nous sait, par-delà nos conceptions et nos habitudes ; quelque chose en nous aspire à la vérité, à la bonté, à l’amour et à l’unité. Elle est là, voilée derrière l’agitation de surface, prête à nous amener vers une noblesse de l’être inimaginable ; cette flamme splendide nous guidera à travers les méandres de la nuit ignorante jusqu’à la frontière libératrice, jusqu’à l’aurore de l’être.

Une invitation à une attitude éthique

Invitons les enfants à être à l’écoute de leurs intuitions, leur sens de ce qui est juste et bien et à agir en accord avec cela. Consacrons du temps à l’introspection et à la réflexion personnelle afin qu’ils apprivoisent leurs pensées et leurs émotions, qu’ils prennent conscience et transforment les différents mouvements en eux qui résistent à ce qu’ils perçoivent comme juste et éthique. Cultivons les qualités qui les encouragent à vivre une vie qui a profondément du sens. Encourageons-les à écouter profondément à l’intérieur d’eux-mêmes et à faire preuve d’humilité, de patience et de bienveillance, à suivre leur sentiment profond, intime, tout en gardant le discernement et la raison comme gardiens. Encouragerons-les à être à l’écoute de leur ressenti profond mais aussi du sentiment de culpabilité, du sentiment d’avoir fait quelque chose de faux ou de mal : malaise intérieur, tension, tristesse, découragement. Demandons-leur de regarder si des intérêts, des préférences personnelles, des désirs influencent leur raisonnement, leur ressenti et leur action ; encourageons-les à être et rester purs, vrais, et à penser et agir avec sincérité.

Ils découvriront ainsi par une expérience directe que la santé psychologique, le fait d’être aligné avec les valeurs humaines fondamentales est tout aussi important, si ce n’est plus, que l’opulence matérielle et la satisfaction des désirs. Nous leur ferons découvrir la légèreté, le bien-être, l’assise sûre qui résultent d’une conscience claire, et puis la paix qui nous habite lorsqu’on a fait une action juste.

Quelques idées supplémentaires

Bien que ce texte soit adressé aux enfants, il est bien clair qu’il faudra commencer par travailler sur nous-même en tant qu’adulte.

  • Habituons et encourageons les enfants (et nous-même) :
    – à tourner leur regard vers l’intérieur et à écouter et suivre leur ressenti, à faire confiance en la guidance venue de l’intérieur (sentiment de malaise après une action ou une parole ; élan spontané d’aider son voisin ; sentiment que quelque chose est faux ou « mal » ; sentiment que les choses ne sont pas à leur juste place et besoin d’ajuster une situation ; besoin de s’excuser pour une parole, une action, une erreur ; besoin de demander réparation quand un sentiment d’injustice se fait sentir) ;
    – à prendre conscience des émotions (fierté, timidité, peur) qui empêchent la connaissance de ce qui est bien et juste de se manifester dans l’action et à transcender ces limitations en explorant diverses stratégies ;
    – à discerner entre les intuitions (de ce qui doit être fait ou dit) et les désirs, les souhaits, les peurs, les réflexes et impulsions (qui quelquefois simulent une intuition) ; à faire la distinction entre les besoins et les caprices.
  • En tant qu’adultes, évitons de tout diriger et de tout contrôler dans leur vie :
    – en leur faisant confiance ;
    – en les aidant à comprendre les limites à ne pas franchir et les besoins des autres ;
    – en les encourageant à être responsables, autonomes et à suivre leur propre chemin (en fonction de leur âge et de leur maturité)
    – en les accompagnant afin qu’ils deviennent des êtres de plus en plus conscients et au service de ce qui est juste.
  • Soulignons les circonstances où ils ont fait preuve d’éthique. Quand ils font quelque chose de bien, félicitons-les, encourageons-les : quand ils font preuve d’honnêteté, de franchise, qu’ils aident quelqu’un, qu’ils respectent la nature, qu’ils font un effort pour être justes, etc. Explorons avec eux :
    Comment l’impulsion t’est-elle venue ?
    Comment t’es-tu senti en faisant la chose juste ?
    Quelle force de caractère as-tu utilisée ?
    Comment pourrais-tu reproduire cette attitude dans d’autres circonstances ?
  • Protégeons les enfants des trop nombreuses pressions auxquelles ils sont exposés de plus en plus jeunes de la part des parents, du système scolaire, des médias, des réseaux sociaux, d’internet : être performant à l’école, dans le sport, subir, etc. car dans ce contexte il leur est parfois difficile de garder leurs valeurs, leur authenticité. Régulons les heures de télévision, l’exposition à certains médias, l’utilisation d’internet, etc. et encourageons le sport, les jeux, la lecture, l’amitié, l’art, la nature et la créativité.
  • Observons leurs tendances naturelles et encouragerons-les à développer leurs centres d’intérêt. Aidons-les à découvrir et développer leurs qualités intrinsèques et à accorder le même privilège à tous ceux qui les entourent (en utilisant leurs forces de caractère ils s’approcheront tout naturellement de la vérité de leur être).

 

Les deux premiers articles sur le sujet :

Sans culture morale, aucune chance pour l’humanité

Est-ce éthique de suivre les règles ?

Fabrice Dini

Fabrice Dini est cofondateur de deux écoles et l’auteur d’un ouvrage préfacé par Matthieu Ricard "Une éducation intégrale pour grandir en s'épanouissant". Il intervient dans de nombreuses écoles et entreprises en Suisse romande. Fabrice s’est formé au CFM de l’Université du Massachusetts et enseigne la pleine conscience, la gestion du stress et l'éducation intégrale.

2 réponses à “Quelques pistes pour un monde plus éthique

  1. Merci pour ce chouette billet véhiculant une pensée positive. Je le conserverai bien précieusement.

    “– en les aidant à comprendre les limites à ne pas franchir et les besoins des autres ;”
    J’ai en mémoire un article dont j’ai malheureusement oublié l’auteur mais très probablement sur Le Temps. Celui-ci prônait de renoncer à menacer son enfant de sanction s’il venait à enfreindre l’une ou l’autre règle fixée pour son bien, et de chercher sa confiance et son adhésion sur le modèle : “fais-moi confiance, si je te dis que c’est dangereux ou que c’est néfaste pour toi et que je te demande de faire/de ne pas faire quelque chose, crois-moi il y a une bonne raison”.

    Ce qui m’amène à une petite réflexion sur le rôle de l’entourage et des fréquentations des enfants de tous âges et qui constitue une difficulté par rapport à ce que vous avez écrit : il ne suffit probablement pas de pousser nos enfants à être des êtres bons et justes. Nous devons également les préparer à rencontrer des semblables dont la nature est plus néfaste (tantôt pour des raisons éducatives, tantôt pour des raisons médicales), d’une part, et aux injustices que la vie réserve à chacun de nous, d’autre part.

    “Quand ils font quelque chose de bien, félicitons-les, encourageons-les”
    Si je puis me permettre, je pencherais plutôt pour leur dire que leur comportement me rend fier. Je réserverais les verbes féliciter et encourager à des résultats concernant des choses plus terre à terre.

    1. bonjour,
      Merci pour votre message, en effet il y a de nombreux autres éléments auxquels il faut être attentif.
      Privilégions une attitude intérieure sincère et la bonne manière de communiquer et de gérer les difficultés nous viendra spontanément.

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