Réfugiés et migrants: Pourquoi l’Italie ?

Après une longue attente, c’est en Sicile que les 180 personnes accueillies à bord de l’Ocean Viking ont finalement pu débarquer dès lundi soir avant d’être mises en quarantaine.

Une fois de plus l’Italie se trouve donc en première ligne en matière migratoire et une question m’a récemment été posée: pourquoi ?

Avant de tenter une réponse, il y a lieu de relativiser l’impression d’une Italie seule concernée. Au cours des cinq dernières années, selon l’Organisation internationale pour les migrations, la Grèce a ainsi enregistré plus d’arrivées de personnes en fuite que l’Italie. L’Espagne a elle aussi connu jusqu’à tout récemment des arrivées importantes.

Les explications valables pour l’Italie sont cependant aussi pertinentes, dans une certaine mesure, pour ces deux pays.

La proximité géographique

Ce facteur joue pleinement son rôle au vu des foyers de crise actuels et de la fermeture de la route des Balkans. Ainsi depuis la Libye ou après un transit par la Tunisie, les îles italiennes sont les plus proches. C’est aussi – avec Malte – vers les ports italiens que vont logiquement se tourner les navires ayant accueillis des migrants à bord.

L’effet Dublin

Une fois débarqués en Italie, les migrants sont en principe obligés d’y rester s’ils souhaitent faire examiner une demande d’asile; la seule voie possible pour immigrer légalement. Conçue en 1990, à une période où les arrivées étaient relativement bien réparties en Europe, la Convention de Dublin exerce à cet égard un effet de concentration géographique très problématique en mettant toute la charge de l’accueil sur les pays de première arrivée.

L’effet « transit »

Dans une logique complémentaire mais inverse au blocage imposé par Dublin, les possibilités de transit rendent sans doute l’Italie plus attractive que la Corse ou les Baléares dans la mesure où, face à une solidarité européenne défaillante, les autorités italiennes ont durant certaines périodes fermé les yeux et laissé de nombreuses personnes poursuivre leur route vers des pays d’accueil plus attractifs. C’est sans doute l’une des explications de la proportion somme toute assez faible de demandes d’asile finalement déposées en Italie.

Les besoins du marché du travail informel

En complément aux facteurs évoqués et pour des groupes de populations ayant peu de chance d’obtenir l’asile, l’Italie a aussi pu s’avérer attractive en raison de l’importance du secteur informel et des besoins de main-d’œuvre qui s’y manifestent. Un degré de régulation et de contrôle plus faible assorti de campagnes de régularisation de clandestins ont permis d’offrir des perspectives d’emploi et peut-être encouragé le regroupement familial.

Une certaine ouverture politique

Même si, en 2018 et 2019, le gouvernement de Matteo Salvini s’était illustré par une attitude particulièrement hostile à l’immigration, le bilan de l’Italie en matière d’ouverture et de tolérance s’avère très honorable sur la durée. Si les institutions étatiques sont parfois insuffisantes pour assister les personnes en fuite, la société civile s’est souvent montrée particulièrement accueillante. Cette attitude ne saurait constituer un facteur attractif en soi, mais se retrouve au niveau politique et a débouché à de nombreuses reprises sur une attitude plus humaine de l’Italie tandis que d’autres pays fermaient les yeux sur les drames méditerranéens.

C’est conjointement que les différents facteurs que nous venons d’évoquer expliquent que l’Italie soit à l’heure actuelle en première ligne en matière de migration. Une analyse véritablement rigoureuse demanderait qu’ils soient systématiquement pondérés, ce qui reste difficile. L’image générale qui ressort de notre esquisse est cependant tout à l’honneur de l’Italie et plaide d’urgence pour une politique d’accueil européenne qui ne la laisse pas seule face à la géographie, aux contraintes d’un droit communautaire imparfait et à la nécessité de défendre les valeurs humanistes du continent.

 

Les migrants quittent le navire Ocean Viking à Porto Empedocle, lundi 6 juillet. — © AFP /Shahzad ABDUL

Etienne Piguet

Professeur de géographie à l’Université de Neuchâtel et Vice-président de la Commission fédérale des migrations, Etienne Piguet s'exprime à titre personnel sur ce blog.

6 réponses à “Réfugiés et migrants: Pourquoi l’Italie ?

  1. Qu’est ce qu’il ne faut pas lire de nos jours.

    Qu’est ce qui vous fait croire que la société civile italienne est pour ?

    Y êtes vous déjà allé sur place pour voir ?

    Aujourd’hui le terme “réfugiés” n’a plus aucun sens pour des gens qui sont majoritairement des migrants économiques.

    Qu’est ce que les pakistanais font sur les bateaux ?

    En guerre le pakistan, ou ça, contre qui ?

    Le bateau europe coule à cause des valeurs soi disant humanistes, pour ne pas dire gauchistes, et vous êtes là à pavoiser de ça.

    Félicitations.

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  3. non l’italie ne les veut pas , et n’en peu plut
    savait la misère de l’italie du sud ?
    l’italie ne peu pas accueillir la misère mondiale
    ils serait temps que les choses change dans leur pays d’origines

  4. en tout cas complétement hors sol cette article
    je suis franco italienne , mon homme et italien sa famille et la bas
    y’as pas taf en italie du sud
    la réalité et totalement diffèrente

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