La Suisse, pays d’Europe le plus généreux envers les demandeurs d’asile ?

En 2017, la Suisse semble avoir été le pays d’Europe où les demandes d’asile ont le plus souvent débouché sur l’octroi d’une protection (81% de décisions positives selon Eurostat[i], cf. la carte réalisée par Philippe Rekacewicz pour l’organisation Vivre Ensemble). Elle devrait donc constituer une destination privilégiée pour les personnes en quête de protection. Les demandes d’asile ont pourtant diminué l’an passé de manière plus marquée en Suisse que dans le reste de l’Europe.

Comment expliquer ce paradoxe ? Faute d’analyses approfondies, seules des hypothèses peuvent être formulées, mais les plus vraisemblables sont les suivantes :

En premier lieu la Suisse protège, certes, mais octroie une proportion plus élevée de statuts fragiles. En particulier des admissions provisoires (permis F) révocables et pour lesquelles le regroupement familial est différé. Si l’on ne prend en considération que l’octroi du statut de réfugié (permis B), le taux de décisions positives diminue à 35% [ii].

En second lieu, la Suisse prend des décisions rapides – le plus souvent négatives – pour une série de pays d’origine considérés comme exempts de persécutions. De manière générale, les perspectives de séjour associées à la longueur des procédures sont donc restreintes pour des personnes n’ayant pas de motifs d’asile entrant dans le cadre de la loi.

Enfin la Suisse exécute avec célérité les transferts « Dublin » ce qui la rend peu attractive pour des personnes ayant transité par d’autres pays d’Europe.

 

 

 

 

[i] Le taux de protection calculé par le Secrétariat d’Etat aux migrations (57.5%), s’il reste élevé en comparaison européenne, est inférieur à celui d’EUROSTAT pour plusieurs raisons. En particulier car il inclut des décisions négatives « Dublin » pour lesquelles un autre Etat sera compétent (et qui peuvent donc devenir en fin de compte positives). Le SEM comptabilise par ailleurs comme négatives des décisions pouvant encore faire l’objet d’un appel. Cf. à ce sujet https://asile.ch/2018/08/20/statistiques-en-2017-quelle-reconnaissance-du-besoin-de-protection-en-suisse/#lightbox/0/

[ii] Modification apportée le 11.03 : le taux de décisions postives (taux de reconnaissance du staut de réfugié) à 35% est calculé sans les décisions Dublin et est donc comprarable avec le taux de protection de 81% – Il est de 26% si les décisions Dublin sont inclues et est dès lors comparable au taux de protection de 57.5% – cf. https://asile.ch/2018/05/11/statistiques-dublin-et-le-besoin-de-protection/

Etienne Piguet

Professeur de géographie à l’Université de Neuchâtel et Vice-président de la Commission fédérale des migrations, Etienne Piguet s'exprime à titre personnel sur ce blog.

7 réponses à “La Suisse, pays d’Europe le plus généreux envers les demandeurs d’asile ?

  1. Encore et toujours ce discours d’autoflagellation antisuisse! Et en plus par un professeur d’université censé avoir une autorité morale envers le public. Ca devient insupportable. On est impatient que les choses changent enfin, qu’il y ait un retour à la normale et que les autorités officielles cessent de plaider contre le peuple même qu’elles sont censées défendre.

    Il est fort vraisemblable, en effet, que la Suisse soit un des pays les plus généreux envers les demandeurs d’asile. Qu’elle ait aussi une certaine fermeté et célérité dans le traitement des dossiers, c’est une bonne chose, dont vous devriez vous féliciter.

    Les autorités suisses ont un devoir primordial, qui est de protéger le peuple suisse. Ne l’oubliez pas. Leurs obligations envers les étrangers et les demandeurs d’asile viennent seulement après leurs obligations envers le peuple suisse, dont elles doivent avant tout protéger l’intégrité, la sécurité, l’identité et la paix civile.

    Bien sûr ces vérités premières sont assez éloignées de la doxa idéologique à laquelle vous avez du faire allégeance pour être nommé à votre poste. Hélas nous vivons dans un monde à l’envers. Pourtant il serait bon que vous y pensiez et que vous en preniez enfin conscience, en tant que Suisse que vous êtes aussi, malgré tout.

  2. Merci de m’avoir lu et d’avoir répondu, en quelque sorte, à mon mon commentaire.

    Il faut vraiment souligner le côté positif:
    1. la Suisse accueille ceux qui ont besoin d’une protection (et je rejette votre terme de “privilège” quand + de 80 % des demandeurs obtiennent une protection);
    2. Et la Suisse a su s’adapter et se montrer intraitable pour les autres (décision dans les 48 heures, exécutions des renvois, etc.), notamment les migrants économiques.

    Résultat: la première catégorie continue à venir, la 2ème préfère se rendre en France, en Allemagne ou squatte les locaux mis à leur disposition par les no borders (clandestinité). Bravo à nos autorités !!!!

    Il y a aussi une autre conséquence: le discours de l’extrême gauche est totalement déconnecté de la réalité. On nous dit que la Suisse profite de Dublin (vous surfez un peu sur cette vague) et qu’on devrait avoir honte (d’autres que vous le disent). Mais si on se réfère aux faits plutôt qu’aux mythes, il y a grosso modo 22’000 personnes au bénéfice d’une protection en 2018 contre 1’500 transferts Dublin ! C’est ça “profiter” ??… J’irais jusqu’à qualifier le discours majoritaire de l’extrême gauche de propagande. Et vous ?

    Et je trouve sidérant que vous sembliez découvrir ces chiffres !!

    1. Cher Monsieur le Vice-président de la Commission fédérale des migrations,
      Est-ce que vous partagez le fait que la générosité de la Suisse implique une responsabilité dans la certitude de l’exécution des renvois ? Et que la nouvelle de la reprise des renvois vers l’Afghanistan, la Somalie, le Bangladesh et l’Ethiopie est une excellente chose ?
      https://www.blick.ch/news/politik/erste-abschiebungen-seit-jahren-nach-afghanistan-und-somalia-schweiz-schafft-wieder-in-kriegsgebiete-aus-id15282884.html

      Bien sûr, nos autorités doivent assurer un traitement équitable et juste aux demandeurs d’asile.

      Mais, au bout du bout, partagez-vous le fait que lorsque toutes les voies et moyens de recours ont été utilisés, un renvoi est obligatoire ??

      Et, au vu des nouvelles de la journée, que pensez-vous du fait que la Suisse a octroyé l’asile à un ressortissant du Sri Lanka qui est recherché dans son pays pour terrorisme (D-3322/2017 du 28 mars 2019) ? A force d’être l’Etat le plus généreux d’Europe, ne perdons-nous pas le sens de la mesure ? Qu’il ne soit pas renvoyé dans un pays qui torture les terroristes, je le comprends, mais l’octroi de l’asile ?? la Suisse soutient maintenant les terroristes au Sri Lanka ?

      1. Cher Monsieur, La CFM n’a pas pris position sur ces cas. Il est claire pour moi que l’exécution des renvois fait partie intégrante d’une politique d’asile cohérente. Chaque cas doit par ailleurs être examiné selon les dispositions légales et le droit international.

        1. Je vais prendre position, à titre personnel.

          Pesonnellement, je n’ai pas peur de dire que je félicite notre nouvelle conseillère fédérale et
          les autorités zurichoises pour avoir reconduit en Somalie un prédicateur de haine.
          https://www.letemps.ch/suisse/limam-haineux-winterthour-expulse-suisse

          Et un grand bravo tout particulier aux policiers, courageux, qui ont mis leur vie en danger pour l’accompagner lors de cette reconduite ! Nul ne pourra ainsi dire qu’un renvoi n’est pas possible pour certains pays (cela demande juste de l’engagement).

          Nous devons garantir un droit d’asile absolu aux personnes en danger pour les motifs énumérés dans la convention sur les réfugiés. Pour les autres, lorsque toutes les décisions de renvoi ont été confirmées par la justice et sont entrées en force, nous devons les reconduire à la frontière; qu’il s’agisse d’hommes, de femmes ou d’enfants…
          Pour les mineurs non accompagnés, il s’agit particulièrement de permettre leur réunification familiale dans les meilleurs délais (s’ils ne peuvent pas prétendre à l’asile à titre personnel) car on ne peut plus se permettre de “voler” les enfants de pays en développement au motif qu’ils sont mieux ici que là-bas. Les enfants tsiganes (arrachés à leurs parents suisses), sri lankais (adoptés sans consentement), etc. nous maudissent pour ce qu’on leur a fait; ne répétons pas les mêmes erreurs.

          Malheureusement, les reconduites ne touchent pas que des prédicateurs de haine (ce serait tellement plus simple à justifier humainement)…, mais je trouve regrettable que votre Commission ne défende pas publiquement le travail des policiers qui ont été par exemple obligés de reconduire cette famille géorgienne qui s’est maintenue illégalement dans le canton de Vaud pendant des années et dont le père s’est mutilé devant ses enfants pour tenter d’entraver le renvoi.
          https://www.letemps.ch/suisse/vol-special-tbilissi-une-famille-yezidie

          J’ai confiance sur le fait que nos autorités ont tout tenté pour les convaincre de partir volontairement, pendant 8 ans ! (si j’ai bien compris), et votre commission devrait clairement intervenir dans la presse pour contredire le discours des médecins/Amnesty et expliquer objectivement pourquoi les policiers ont respecté la loi en n’interrompant pas un renvoi en raison d’un risque suicidaire.

  3. Oui, la Suisse accueille des réfugiés qui sont peut-être des terrroristes et ça, elle ne peut pas le savoir.
    D’ailleurs “terroriste” par rapport à quoi?

    En revanche, sa Constitution lui impose de laisser revenir les suisses partis pour un combat qui leur tenait à coeur.

    Le deux poids deux mesures se voit avec le suisse qui est parti combattre l’Etat islamique et ça, c’est la dilution suisse dans la norme US Maintream.
    Mais on aura sans doute peu d’occasion d’entendre l’UDC s’exprimer à ce sujet!

  4. @TRISTAN

    Bravo pour vos interventions très pertinentes et qui remettent les choses en place. Visiblement vous connaissez le sujet et vous pouvez même confronter l’auteur de ce blog à ses propres lacunes et incohérences.

    C’est très important que des citoyens comme vous se fassent entendre pour que ces gens (je veux dire ces pseudo défenseurs de l’Humanité) ne s’imaginent pas que nous sommes dupes de leurs manigances contre notre pays et notre peuple, et qu’ils refrènent un petit peu leur tendance à dire, ou écrire, absolument n’importe quoi.

    Mais tout de même: on constate que ces institutions en place et ces pseudo autorités morales, comme les medias, comme ce professeur, et tant d’autres, ne se soucient absolument pas du sort de leurs propres concitoyens. C’est révoltant. Ils se font réellement complices d’un génocide: le génocide de la race blanche, et au passage du peuple Suisse, car pour eux l’intérêt des migrants est clairement prépondérant par rapport à celui des peuples autochtones.

    Je suis convaincu qu’au fond d’eux mêmes certains d’entre eux (je ne parle pas de Jasmine Caye, mais peut-être cet Etienne Piguet) ont conscience d’être complices d’un crime contre leur propre peuple. Un jour le professeur Piguet se réveillera dans un pays multiculturel et multiracial dont le tissu ethnique ne sera pas différent de celui du Brésil et où régnera le même degré de violence et de cruauté endémique. Peut-être lui-même subira-t-il, ou quelqu’un de sa famille, de manière cruelle, les conséquences de la politique traîtreuses envers le peuple Suisse qu’il aura lui-même contribué à appliquer et même à aggraver, et alors, il comprendra enfin. Mais ce sera trop tard. Pour le moment il se contente de trahir son peuple en disant ce que veut lui faire dire l’oligarchie mondiale style Soros, qui est si puissante dans les cercles de pouvoir dont dépend sa carrière, et il touche son salaire pour cette besogne en faisant taire sa conscience. Il donne des gages au pouvoir, en bon fonctionnaire, mais je ne suis pas certain que par moments il ne soit pas travaillé par le doute. Après tout il s’appelle quand même Piguet, et non Caye. Je pense que quand le surmoi idéologique dont il est prisonnier se desserre un peu, par exemple dans son sommeil, il a conscience de faire un travail honteux.

    Ces gens oeuvrent de manière délibérée à créer une situation où les gens qui s’appelleront Piguet, ou Rochat, ou Bühler: les Suisses quoi, seront devenus une minorité ethnique dans leur propre pays. Le but de la manœuvre c’est d’aller assez vite pour créer une situation irréversible dans laquelle le rapport de forces démographique soit tel que le peuple Suisse n’aura plus la possibilité de défendre son droit à l’existence par ses votes. Dans le canton de Vaud, et de Genève, ce “tiping point” a déjà été atteint car le pouvoir étranger a déjà réussi à créer un électorat captif formé d’étrangers (Vaudois et Suisses de papier) qui permet le maintien au pouvoir de dirigeants qui s’appellent par exemple Communauté des États Socialistes Latino Américains (C.e.s.l.a) Amarelle (cf. Wikipedia), une collègue du prof Piguet a l’université de Neuchatel. Et c’est à cause de cela qu’il a été possible de violer la constitution pour ne pas appliquer le contrôle de l’immigration exigé par le peuple (article 121a Cst. Fédérale). C’est la juriste C.e.s.l.a Amarelle qui a mené le bal, avec sa doctrine juridique tendancieuse, pour que ce viol de la constitution passe la rampe du parlement.

    Jusqu’à quand le peuple Suisse continuera-t-il à se laisser danser sur le ventre par des scélérats qui veulent sa mort?

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