Clé de répartition: combien de réfugiés en Suisse ?

Le président de la Commission européenne vient de demander une répartition entre les pays de l'UE de 160'000 demandeurs d'asile en fonction d'une clé contraignante basée à 40% sur la population, à 40% sur la richesse (PIB), à 10% sur le nombre de demandes d'asile déjà reçues ou de réfugiés réinstallés et à 10% sur le taux de chômage. Le but de ce transfert de populations serait de soulager les pays particulièrement concernés par l'afflux de demandeurs d'asile. Les calculs présentés par l'UE n'incluent pas la Suisse même si cette dernière a manifesté son intention d'étudier la possibilité de s'associer à l'opération.

En 2014, la population suisse équivalait à 1.6% de celle de l'UE, tandis que son PIB équivaut à 3.6%. Sur cette base, en tenant compte d'un taux de chômage très faible mais d'une accueil relativement important de demandeurs d'asile ces dernières années, on peut estimer la part de la Suisse à environ 3%. L'effectif des demandeurs d'asile supplémentaires accueillis en Suisse dans le cadre de l'action d'urgence demandée par la Commission européenne devrait donc se monter approximativement à 4'800. Un chiffre relativement modeste qui représente moins d'un quart des demandes d'asile reçues en 2014 et un un dixième de celles reçues en 1999 durant la guerre au Kosovo. Le chiffre pourrait certes augmentenr si certains pays de l'UE décidaient de ne pas s'associer aux efforts ou si l'effectif total des personnes à protéger au sein de l'UE venait à augmenter, mais il reste somme toute modeste au vu de l'ampleur de la crise et des efforts déjà consentis par certains états, en Europe ou à proximité des zones de conflits.

 

 

Etienne Piguet

Professeur de géographie à l’Université de Neuchâtel et Vice-président de la Commission fédérale des migrations, Etienne Piguet s'exprime à titre personnel sur ce blog.