L’histoire du New Yorkais qui cherche (pas si) désespérément (que ça) une femme

Se promener à New York, c’est toujours avoir l’assurance de tomber sur quelque chose de saugrenu. Tenez, l’autre jour, je me baladais du côté d’East Village, mon appareil de photo autour du cou, quand je suis tombée sur un curieux flyer collé sur un réverbère. Sur l’affichette, l’inscription «Looking for a Girlfriend», sous la photo d’un homme mal rasé, crâne chauve et ce regard fixe qui ne donne pas vraiment envie de faire connaissance.

Il y avait son nom, Dan Perino. Et son numéro de téléphone portable. Avec une courte explication: «Je cherche vraiment une petite amie. Ce n’est pas une plaisanterie.  Je suis juste fatigué d’être célibataire et j’espère rencontrer la bonne personne. Je suis un artiste professionnel et une personne très créative. Vous savez déjà qui vous êtes. Je suis ouvert à toute relation qui puisse aboutir à quelque chose de concret».

Encore de l’humour new-yorkais, m’étais-je dit. Très certainement des amis qui lui ont fait une mauvaise plaisanterie pour son enterrement de vie de garçon! Le pauvre doit recevoir pas mal de coups de fils. Et en plus, avoir son visage comme ça, placardé dans les rues…  Non, vraiment.

Quelques semaines plus tard, en faisant du tri, je suis retombée sur cette photo. Je me suis mise à faire une petite recherche sur Internet, par curiosité. Et là, surprise: Dan Perino cherche VRAIMENT l’âme soeur. Et depuis longtemps. Le «flyer guy» est même devenu une petite célébrité. Dans une interview accordée à Vice en novembre 2014, on apprend qu’il est divorcé, qu’il a la cinquantaine et une fille adolescente. Visiblement très motivé, Dan Perino a collé près de 30 000 affichettes dans New York.  Cette année-là, il indiquait également sur ses flyers qu’il préparait un documentaire sur sa quête de l’amour et qu’il avait besoin de sous.

En trois mois, raconte-t-il au journaliste qui le décrit comme un «gars banal» parlant lentement, il avait reçu près de 7000 appels. Surtout de la part d’hommes, de journalistes et de farceurs. Puis CBS s’est intéressée à lui et il a commencé à recevoir des coups de fil sérieux. De femmes. Du monde entier, assure-t-il.

En neuf semaines, le «flyer guy» en a rencontré 86, sans trouver la femme de ses rêves qu’il cherche depuis trois ans. Fier de cette petite célébrité – à force de coller ses affiches partout, il est parfois reconnu dans la rue -, il se prend visiblement au jeu. Un peu trop, ses rendez-vous n’ayant apparemment pas grand chose de romantique. Au journaliste de Vice, il assure avoir dû repousser des nymphomanes qui s’agrippaient à lui, dit désormais envisager ne passer des nuits qu’avec des mannequins – «je devrais peut-être préciser cela sur mes affiches» – et dénonce les copieurs. Il dit aussi qu’il cherche une femme dans les 20 ou 30 ans (officiellement, pour espérer fonder une famille), plutôt «hot», et se targue d’avoir une «canette de coca» plutôt imposante.

Un génial imposteur? Un comédien raté en mal de gloire? Un paumé potentiellement dangereux qui se prend pour un expert en relations féminines? Intriguée, je continue mes petites recherches, en me demandant comment ce gars, qui dit avoir eu 86 conquêtes en neuf semaines fin 2014, peut encore coller ces mêmes affichettes trois ans plus tard. La réponse, je l’ai obtenue en quelques minutes. Dan Perino a posté plusieurs vidéos ces derniers jours, dont l’une intitulée «How I dated 1000 women in three years». Totalement flippant.

 

 

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Valérie de Graffenried

Valérie de Graffenried est la correspondante du Temps aux Etats-Unis.

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