Mais où est donc Julian?

Mais où est donc Sasha? C’était la phrase préférée des télévisions américaines, après le discours final de Barack Obama. Sa femme était là, sa fille aînée aussi, mais pas la petite Sasha, qui avait tout simplement dû renoncer au déplacement à Chicago pour des raisons scolaires (un examen). A ce jeu, on pourrait aussi se demander «Mais où est donc Melania?», dont on nous promet une apparition particulière vendredi, lors de la cérémonie d’investiture de son président de mari. Aujourd’hui, on a surtout envie de lancer: «Mais où est donc Julian?».

Julian? Julian Assange. Le fondateur de Wikileaks. Alors que Barack Obama vient de décider de commuer la peine de Chelsea Manning, on s’interroge sur ce que va faire Julian Assange après ses dernières déclarations. Un petit rappel s’impose. Chelsea Manning était Bradley Manning avant de se changer de sexe en prison. Et Bradley avait transmis à Wikileaks près de 700 000 documents confidentiels faisant état de la brutalité de l’armée américaine en Irak et en Afghanistan, dont des scènes de torture dans des prisons. Une affaire qui a contribué à la notoriété du site et de son fondateur. Considéré comme un traître, Bradley Manning a été condamné à 35 ans de prison par une cour martiale. Mais désormais, au lieu d’attendre 2045, Chelsea pourra sortir en mai 2017, grâce à l’action de Barack Obama.

Aux dernières nouvelles, Julian Assange est toujours sous la protection de l’ambassade d’Equateur à Londres, qu’il ne quitte plus depuis quatre ans. Parce que la justice suédoise réclame son extradition pour une affaire de viol présumé et qu’il craint ensuite d’être extradé vers les Etats-Unis, où il risque gros pour avoir publié un certain nombre de documents secrets. Mais, grand changement, Julian Assange a laissé entendre la semaine dernière qu’il accepterait de se rendre aux Etats-Unis si la peine de Chelsea Manning était sensiblement réduite. Voilà désormais chose faite, même si la Maison Blanche précise qu’il n’existe aucun lien entre le message de Julian Assange et la décision de Barack Obama. Un simple «hasard du calendrier», nous fait-on savoir.

Alors? L’Australien s’apprête-t-il à honorer sa promesse ou va-t-il faire marche arrière? Va-t-il vraiment osé s’expliquer devant la justice américaine, qui, d’ailleurs, ne l’a pas encore formellement inculpé? Oui, mais «à condition que ses droits soient garantis», souligne le compte Twitter de Wikileaks.

On attend de voir ce qui va se passer ces prochains jours. Seule chose de sûre à ce stade: Donald Trump l’inspire davantage que Barack Obama. Alors que Wikileaks a publié des emails piratés de comptes de démocrates et notamment de l’ex-chef de campagne d’Hillary Clinton, John Podesta, semant ainsi la pagaille dans le processus électoral entaché par l’ingérence russe, le milliardaire républicain a pris sa défense. Julian Assange espère visiblement devenir son protégé.

 

Valérie de Graffenried

Valérie de Graffenried est la correspondante du Temps aux Etats-Unis.

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