De la taille de la dinde à l’élection d’un Donald

Dès l’arrivée à l’aéroport JFK de New York, on m’avait avertie. «Faites attention à ne pas devenir folle!», s’était exclamé le douanier, un grand sourire aux lèvres en comprenant que j’étais une journaliste qui allait désormais traiter, pendant quatre ans, de politique américaine. Je vais essayer. C’était plus d’une semaine avant l’élection de Donald Trump. Mais très vite, j’ai été prise par un tourbillon d’énergie incroyable, touchée par une sorte de vertige permanent, frappée par la gentillesse des gens, fascinée par les scènes de vie dans les métros new-yorkais, où l’on croise un certain nombre de sympathiques huluberlus.

Mes premiers jours ont été intenses. Près de trois heures de subway quotidiennes – mon choix d’Airbnb dans une cave de Flatbush East n’a pas été des plus réussis… – et vingt-deux appartements visités. Pour les logements, c’est de la folie. L’offre est pléthorique. Et, oui, il est possible d’arriver à New York un samedi et d’emménager dix jours plus tard . Un exercice qui permet de se frotter au monde des «brokers» et autres agences, de visiter autant des appartements dans des brownstones, avec beaucoup de charme, mais un rien désuet, que des immeubles proposant de nombreuses «amenities». De la salle de gym, au barbecue sur le toit, en passant par les «spa» pour chiens. 

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Et là, on s’aperçoit que nos critères ne sont pas vraiment ceux des Américains. Pour moi, c’est surtout la lumière et la situation qui me semblent importantes. Mais, à deux reprises, on a tenté de me vendre un appartement à cause de son four. Oui, un four. «Vous pouvez mettre une très grande dinde dans ce four!», a tenté de me persuader Victoria. Un Monsieur très distingué dans un appartement donnant sur Prospect Parc en plein coeur de Brooklyn, était lui encore plus fier de son coup, en me montrant son four version deux en un: «Vous voyez, pendant que vous ferez dorer votre dinde, vous pourrez en même temps faire cuire les légumes qui l’accompagnent, dans le deuxième petit four au-dessus». Ah. 

Valérie de Graffenried

Valérie de Graffenried est la correspondante du Temps aux Etats-Unis.

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