Le tueur de Trayvon Martin vend son arme aux enchères: tollé aux Etats-Unis

L’affront suprême. Le mauvais goût dans sa version la plus extrême. Acquitté dans des circonstances particulières par la justice de Floride pour avoir tué le jeune Afro-Américain Trayvon Martin, 17 ans, non armé, lors d’une nuit pluvieuse de février 2012, George Zimmerman n’en finit pas de choquer. L’ex-vigile volontaire d’un quartier de Sanford en Floride a mis en vente sur le site internet Gunbroker.com l’arme qui lui a servi à tué Trayvon Martin, un Kel-Tec-PF9. Sur le site de vente en ligne, l’arme est décrite comme “un morceau de l’Histoire des Etats-Unis”. George Zimmerman, 32 ans, vient de récupérer l’arme de la justice. Il ne voit pas pourquoi il la garderait dans un coffre fort. Elle peut toujours servir, estime-t-il. Apparemment, il compte même utilisé le bénéfice de la vente, qui démarre à 5000 dollars, pour financer une campagne contre la candidate Hillary Clinton et contre le mouvement Black Lives Matter. Sur les réseaux sociaux, les réactions outrées n’ont pas tardé.

La famille de Trayvon Martin n’a pas souhaité polémiquer davantage, se contentant de déclarer que son combat est désormais de faire en sorte que le contrôle des armes soit renforcé afin de réduire les drames tels que celui de leur fils.

George Zimmerman, de père blanc et de mère péruvienne, a eu maille à partir avec la police à de multiples reprises après son acquittement qui avait choqué une bonne partie de l’Amérique. Pour excès de vitesse, pour avoir menacé de son arme à feu son amie de l’époque. L’affaire Trayvon Martin avait provoqué une onde de choc aux Etats-Unis. Sentant que l’acquittement aurait pu provoquer des débordements, notamment au sein de la communauté afro-américaine remontée contre les bavures policières à caractère racial, le président Barack Obama était intervenu publiquement, déclarant qu’il y a 35 ans, “j’aurais pu être Trayvon Martin”. Depuis l’affaire Trayvon Martin, les morts d’Afro-Américains tués par des citoyens se cachant derrière les lois de légitime défense (adoptées dans plus de 20 Etats et dénommées “Stand your Ground” ou “Castle Doctrine”) ont défrayé la chronique et surtout mis en évidence la persistance d’un racisme qu’on croyait en grande partie disparu. Un racisme avant tout institutionnel dans le cadre des bavures policières. L’affaire Trayvon Martin avait aussi mis en relief une procureure très controversée, Angela Corey. Dans une autre affaire, celle de Marissa Alexander, une jeune Afro-Américaine qui avait tiré des coups de feu au plafond pour effrayer son mari qui la battait, avait écopé de dix ans de prison alors qu’elle n’avait tué personne. Angela Corey lui avait refusé ce qu’elle avait accordé à George Zimmerman: la protection de la loi de légitime défense “Stand your Ground” adoptée en 2005 en Floride et promulguée par le gouverneur Jeb Bush. Suite à un recours, Angela Corey avait même demandé une peine de vingt ans. Après une mobilisation en faveur de Marissa Alexander, cette dernière a finalement été libérée.

Le comportement de George Zimmerman après son procès pose de vraies questions sur la pertinence de son acquittement et remet en relief l’absurdité des lois de légitime défense du type “Stand your Ground”.

 

Une réponse à “Le tueur de Trayvon Martin vend son arme aux enchères: tollé aux Etats-Unis

  1. > Depuis l’affaire Trayvon Martin, les morts d’Afro-Américains tués par des citoyens se cachant derrière les lois de légitime défense […] ont défrayé la chronique et surtout mis en évidence la persistance d’un racisme qu’on croyait en grande partie disparu.

    Donc selon vous, tous ces crimes étaient des actes racistes sans juste invocation de la légitime défense?

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