Al Jazeera America: les lumières s’éteignent ce mardi (12 avril)

Mardi soir à 18h (heure de New York), les journalistes d’Al Jazeera America (AJAM) feront un adieu en direct de trois heures en présentant certains de leurs meilleurs reportages. Lancée en 2013 après l’achat de la télévision d’Al Gore Current TV pour 500 millions de dollars, Al Jazeera America cesse d’émettre le 12 avril après avoir investi plus de deux milliards dans un travail journalistique original. Les raisons officielles de cette fin brutale pour près de 800 journalistes: le marché ultra-compétitif américain (CNN, Fox News, MSNBC, CBS, NBC, ABC,…). D’autres laissent entendre que le prix du pétrole a été un facteur décisif. La chaîne était financée par le Qatar, Etat pétrolier fortement affecté par l’effondrement des prix du pétrole sur le marché mondial.

AJAM diffuse aussi en guise de bouquet final un documentaire en quatre épisodes sur la présidence Obama: “The Limits of Hope. Inside the Obama’s White House”. Un document exceptionnel sur les deux mandats du premier président noir dans l’histoire des Etats-Unis.

Personnellement, c’est avec tristesse que j’assiste à la fermeture d’une chaîne qui s’est appliquée à réaliser des reportages décalés et fouillés sur la réalité de l’Amérique profonde. En ce sens, elle s’est clairement distinguée de CNN et Fox News, prisonnières de la logique de l’information en continu. Certains ont voulu voir dans la couverture des Etats-Unis par AJAM un journalisme anti-américain. Si certains reportages n’hésitaient pas à montrer des réalités difficiles à imaginer au sein de la première puissance mondiale, les journalistes d’Al Jazeera America dont beaucoup sont venus des chaînes concurrentes ont dans la plupart des cas accompli un remarquable travail journalistique qui a précisément pour objectif d’améliorer le fonctionnement des institutions, qu’elles soient fédérales ou locales. Leur empathie n’a jamais été un prétexte pour tomber dans la complaisance. A titre d’exemple, l’émission Fault Lines a mis en évidence des problématiques sensibles sans rechigner à poser les questions qui dérangent. La fin d’AJAM, c’est clairement une perte pour le journalisme aux Etats-Unis.

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