Quand Ted Cruz joue avec les “valeurs de New York” et perd

Au cours du dernier débat télévisé des républicains à North Charleston en Caroline du Sud, le candidat à la présidence américaine Ted Cruz a déclaré à sa manière la guerre à Donald Trump, relevant que le milliardaire incarne parfaitement les “valeurs de New York”. Intriguée, l’une des modératrices du débat, Maria Bartiromo, une New-Yorkaise, a demandé à Ted Cruz ce qu’il entendait par là. “Je crois, a poursuivi le Texan, que la plupart des gens savent ce que sont les valeurs de New York. Maria Bartiromo renchérit: “Je suis de New York, mais je ne vois pas.” Manifestement, pour le sénateur du Texas, de tels propos ne sont pas un compliment: “Tout le monde comprend ce que sont les valeurs de la ville de New York: être à gauche socialement, être pour l’avortement et pour le mariage gay et être focalisé sur l’argent et les médias.”

Donald Trump lui-même a répondu avec une habileté désarmante, soulignant l’extraordinaire solidarité et cohésion sociale des New-Yorkais après les attentats du World Trade Center en septembre 2001. “Quand le World Trade Center s’est effondré, a-t-il déclaré vendredi soir, j’ai vu New York gérer la situation de façon belle et si humaine que l’on aurait jamais vu une chose pareille ailleurs sur terre.” Le magnat de l’immobilier, qui a construit d’innombrables tours à Manhattan, a littéralement coupé l’herbe sous les pieds de Ted Cruz: “Je dois vous dire, Ted a fait une déclaration très insultante.” Donald Trump a aussi répliqué à la suggestion que les New-Yorkais n’étaient que des gens de gauche: “William Buckley (une grande figure du conservatisme américain décédé en 2008) était de New York.”

Il n’est pas le seul à avoir réagir fortement au propos du tribun texan. Le maire de New York Bille de Blasio et le gouverneur de l’Etat de New York Andrew Cuomo ont demandé des excuses. Ted Cruz a donné des excuses, mais pas celles que les deux politiques attendaient. “Je présente mes excuses pour les millions de New-Yorkais qui ont été déçus par les politiques de gauche dans cet Etat.” Il a vivement critiqué Andrew Cuomo pour avoir interdit la fracturation hydraulique des gaz de schiste dans l’Etat de New York, empêchant selon lui des milliers de citoyens à obtenir un emploi bien payé. Il a fustigé le maire de Blasio qui “est du côté des pilleurs et criminels plutôt que des braves hommes et femmes en (uniforme) bleu.”

Le quotidien de boulevard Daily News n’a pas non plus apprécié l’estocade du sénateur Cruz, publiant une “Une” avec la statue de la Liberté faisant un doigt d’honneur au Texan avec le titre “Drop Dead, Ted (Crève Ted”.

Liberty

Les commentateurs ne sont pas privés non plus de dénoncer l’hypocrisie du candidat Cruz. Pour sa campagne électorale pour le Sénat en 2012, il a financé la fin de sa campagne à hauteur de plus d’un million de dollars grâce à un prêt à bas intérêt accordé par la banque Goldman Sachs (un établissement où son épouse a travaillé). Un prêt qui n’a pas été correctement déclaré au Congrès. De plus, à en croire le New York Times que Ted Cruz a gratuitement dénigré vendredi soir, le patron du hedge fund Renaissance Technologies, un habitant de New York, Robert Mercer, a injecté 11 millions de dollars dans les caisses de la campagne de Ted Cruz. Un financier qui a exploité les failles du code fiscal américain pour éviter de payer pour 6 milliards de dollars d’impôts au cours de la dernière décennie…

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