Une hausse de 5000% pour un médicament contre la tuberculose

Le monde américain de la biotech est pris dans un tourbillon. En cause: le prix de certains médicaments. En août, la société de biotech Turing Pharmaceuticals a acheté les droits du médicament Daraprim, créé il y a 62 ans pour combattre la toxoplasmose, une infection véhiculée par des parasites du chat. Daraprim est aussi utilisé comme médicament d’appoint pour traiter des infections au VIH ainsi que des cancers ou le paludisme. Turing Pharmaceuticals n’a pas attendu longtemps avant d’augmenter radicalement le prix du médicament qui était de 13,50 dollars la pastille à 750 dollars, soit une augmentation de 5000%. Le coût annuel d’un traitement au Daraprim pour un patient de moins de 60 kilos s’élève à 336 000 dollars et à 634 000 dollars pour un patient de plus de 60 kilos.

Cas similaire avec Cycloserine, un médicament sur le marché depuis 1955, acheté en août par Rodelis Therapeutics qui a augmenté le prix du produit de 500 dollars les 30 pastilles à 10800 dollars. Les deux pratiques ont provoqué une levée de boucliers des médecins spécialisés dans les maladies infectieuses et des politiques. Sous la pression de plusieurs organisations et d’élus du Congrès, Rodelis Therapeutics a fait marche arrière et a revendu les droits au vendeur initial, une organisation à but non lucratif liée à la Purdue University. Turing Pharmaceuticals ne semblait pas vouloir changer de cap. Son PDG Martin Shkreli a précisé sur les réseaux sociaux qu’il n’allait pas revenir en arrière.

Les deux exemples montrent comment des sociétés de biotech ont pour stratégie d’acquérir de vieux médicaments relativement marginaux, souvent utilisés pour des maladies rares et d’en faire des médicaments très spécialisés souvent dans le cadre d’un quasi-monopole. Cycloserine, par exemple, explique le New York Times, sert à traiter des cas rares de tuberculose résistant à divers médicaments. Aux Etats-Unis, 90 personnes seulement en souffriraient.

Face à ces augmentations spectaculaires du prix de certains médicaments, les politiques ont réagi. La candidate démocrate à la Maison-Blanche Hillary Clinton a envoyé un tweet annonçant des mesures prochaines pour stopper l’escalade des prix de tels produits. “Le creusement des prix, comme dans le marché de la médecine de spécialité, est scandaleux”, a relevé l’ex-secrétaire d’Etat. Comme le dit l’AFP, les biotech dont les percées thérapeutiques sont saluées dans le traitement des cancers, de l’hépatite C ou encore des maladies rares et orphelines, sont plébiscitées par les investisseurs en raison d’une quasi-absence de régulation pour ce qui est de la fixation des prix de leurs médicaments.

La réaction d’Hillary Clinton n’a pas été appréciée par la bourse. Les entreprises de biotechnologie ont dévissé lundi à Wall Street. Le Nasdaq Biotechnology a perdu 5,26%.

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