Carly Fiorina, vainqueur du second débat républicain

Après trois heures de débat dans la Bibliothèque présidentielle Ronald Reagan à Simi Valley en Californie, le candidat républicain qui a le mieux tiré son épingle du jeu est incontestablement Carly Fiorina, ex-CEO de Hewlett-Packard, qui se présente dans ces pré-primaires, à l’image de Donald Trump et de Ben Carson, comme l’un des hérauts de l’anti-establishment. Faucon en termes de politique étrangère, elle a vendu une politique très belliqueuse. Face au milliardaire new-yorkais Donald Trump, qui est en tête de tous les sondages, elle a mieux fait que résister. Elle a marginalisé le magnat de l’immobilier. Elle n’a pas hésité à souligner que les femmes américaines ont toutes entendu la manière dont le milliardaire a parlé des femmes en les insultant.

Axant toujours son discours sur la démocrate Hillary Clinton dont elle juge le bilan inexistant, Carly Fiorina a su jouer sur plusieurs registres. Quand il fut question de la libéralisation du cannabis que le libertarien Rand Paul approuve, elle a souligné que la question de la toxicomanie la touchait directement, ayant perdu une (belle-) fille qui en fut victime. A n’en pas douter, l’ex-CEO de Hewlett-Packard va remonter dans les sondages.

Donald Trump lui-même a passé une mauvaise soirée. Moins acerbe, moins tranchant, il a révélé ses limites notamment en matière de politique étrangère. Associant l’autisme aux vaccins, il s’est fait remettre en boîte par l’autre candidat anti-establishment, Ben Carson, un neurochirurgien à la retraite. En déclarant à Carly Fiorina qu’elle était une “très belle femme”, il n’a fait que s’enfoncer davantage, montrant un visage très paternaliste. Est-ce pour lui la fin de la période faste et le début du déclin dans ces pré-primaires?

Ben Carson lui-même, qui talonne désormais Donald Trump dans les sondages à l’échelle nationale, n’a pas confirmé l’impression laissée lors du premier débat républicain. Il est apparu en retrait, évitant d’aborder des questions trop substantielles. Son ascension pourrait connaître un coup d’arrêt.

Très attendu, l’un des favoris de l’élite républicaine, Jeb Bush, est apparu un peu plus tranchant et s’en est pris à Donald Trump, notamment sur sa manière de gérer ses casinos et ses commentaires peu amènes en matière d’immigration. L’ex-gouverneur de Floride et frère de George W. Bush a montré de l’humour, un trait de caractère qui n’est généralement pas associé à sa personne. Il a révélé que dans sa jeunesse, il avait fumé du hachisch, s’excusant devant les caméras auprès de sa mère Barbara. Sa prestation de mercredi soir ne sera cependant sans doute pas suffisante pour le propulser en tête de la course à l’investiture républicaine.

Le sénateur Rand Paul, fils d’un d’ex-candidat Ron Paul, est en difficulté dans les sondages, peinant à convaincre un électorat plus vaste. Mais en décriant la guerre en Irak de 2003, en soulignant la nécessité de dialoguer avec la Chine, l’Iran ou d’autres puissances, en soulignant que chaque Etat devrait être libre de libéraliser le cannabis, il est certain de toucher une corde sensible auprès d’un électorat jeune. C’est ce que son père Ron était parvenu à faire lors de la présidentielle 2012.

Le gouverneur du New Jersey Chris Christie, grand espoir républicain voici quelque temps, a livré une bonne performance. Dans un ton populiste, il a voulu montrer qu’il serait dur en politique étrangère et qu’il n’a pas peur de défier le statu quo.

Les échanges au cours du débat ont parfois pu être animés. Mais un candidat semblait davantage se profiler pour l’élection présidentielle en tant que telle plutôt que pour les primaires républicaines. Son nom: John Kasich, gouverneur de l’Ohio, un Etat que tout président élu a remporté. Il a montré sa volonté de travailler avec les démocrates et a précisé qu’il refuserait un government shutdown (une fermeture partielle du gouvernement) que certains républicains souhaitent provoquer en supprimant les subventions pour l’organisation Planned Parenthood, engluée dans une affaire de vidéos relatives à des tissus foetaux dans des cas d’avortement.

Onze candidats se sont affrontés au cours du débat principal et quatre autres quelques heures plus tôt dans un débat secondaire. Le président Barack Obama a été la cible fréquente des attaques républicaines. Il aurait provoqué le déclin de l’Amérique et de sa puissance. Ronald Reagan a au contraire été mentionné par la quasi-totalité des candidats qui se reconnaissent dans le 40e président pour des raisons parfois très différentes. Là où la plupart, à l’exception de John Kasich, semblent très éloigné du Gipper, c’est dans la capacité de faire des compromis avec les démocrates. Ce n’est pas très vendeur à un électorat conservateur.

 

 

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