Faim dans le monde, le retour

Entre 702 et 828 millions de personnes dans le monde ont été confrontées à la faim en 2021. Ces chiffres émanent de la très sérieuse FAO, l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation.  Interviewé par Le Monde , le directeur du Programme alimentaire mondial (PAM), parle quant à lui de “la pire crise alimentaire et humanitaire depuis la 2e guerre mondiale”.

 

Souvenir d’un autre temps, avant le Covid-19, avant la flambée des prix des matières premières, avant la guerre en Ukraine. C’était l’époque où se négociait l’Agenda 2030 des Nations Unies et ses objectifs de développement durable. “Mais arrêtez de pleurnicher sur la faim. C’est dépassé!”, m’avait apostrophée un haut fonctionnaire. Le fond, autant que la forme m’avait laissée songeuse, même s’il est vrai qu’il y a quelques années, des gens croyaient sincèrement que le monde était sur le point d’éradiquer la faim.

Insécurité alimentaire

Et pourtant, la faim fait son grand retour. Toute en nuance, la FAO préfère parler d’insécurité alimentaire: “Si de nombreuses personnes n’ont pas “faim”, dans le sens où elles ne souffrent pas d’inconfort physique causé par un manque grave d’énergie alimentaire, elles peuvent néanmoins se trouver en situation d’insécurité alimentaire. Elles ont certes accès à la nourriture pour satisfaire leurs besoins énergétiques, mais elles ne savent pas si cela va durer. Elles peuvent également être contraintes de réduire la qualité et/ou la quantité de nourriture consommée pour s’en sortir. Ce niveau modéré d’insécurité alimentaire peut contribuer à diverses formes de malnutrition et peut avoir de graves conséquences sur la santé et le bien-être.”

Une alliance suisse

“La question n’est pas de savoir s’il existe une crise alimentaire mondiale. C’est de savoir dans quelle mesure elle s’aggrave et comment renverser cette tendance”, réagit pour sa part l’alliance Sufosec, réunissant des ONGs suisses, spécialistes de l’alimentation durable, parmi lesquelles se trouvent Action de Carême, Swissaid et Vétérinaires sans frontières. Lors d’une conférence, fin octobre à Berne, elles ont publié un rapport sur la question.
Jusqu’en 2015, écrivent les ONGs, le nombre de personnes souffrant de malnutrition et de sous-alimentation était en diminution, certes légèrement, mais de manière constante. Depuis, ces chiffres sont à nouveau à la hausse et représentent aujourd’hui 10% de la population mondiale”. Les femmes, en particulier, sont davantage touchée par la crise alimentaire.

Agroécologie

Face au défi de nourrir la planète, les ONGs relèvent “les nombreux moyens efficaces à disposition pour lutter contre la faim”. Elles demandent de “repenser radicalement la distribution et l’utilisation des produits agricoles et transformer les systèmes fonciers et alimentaires actuels”. Pointant l’interconnexion des problèmes de la production alimentaire, du changement climatique, de la santé et de l’économie, elles insistent sur l’agroécologie et le renforcement des systèmes alimentaires locaux pour répondre au défi de la lutte contre la faim.

La conférence en vidéo:

Pour aller plus loin:

FAO, rapport L’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde, 2021

Emmanuelle Robert

Après des études de lettres et un parcours de journaliste, Emmanuelle Robert a travaillé dans la coopération au développement. Active dans la communication (le jour), elle écrit (la nuit) et est l'auteure de Malatraix (Slatkine, Genève, 2021). Elle est aussi coach professionnelle et amatrice de course à pied.

2 réponses à “Faim dans le monde, le retour

  1. Pour lutter contre le réchauffement climatique, il faut réguler la population mondiale.

    Les famines, les guerres, les épidémies doivent être accueillies avec humilité. Dans les années 1920, le réchauffement était déjà au niveau actuel; les famines et les guerres nous ont offert un siècle de répit.

    Laissons la Terre éliminer sa plus grande menace: la surpopulation humaine.

    “Le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) a affirmé dans son rapport de 2009 sur l’état de la population mondiale, présenté lors de la conférence de Copenhague le 18 novembre 2009, que le réchauffement planétaire ne peut être endigué que par une réduction massive de la population mondiale.”

    https://www.lemonde.fr/planete/article/2010/01/18/faut-il-reduire-la-population-mondiale-pour-sauver-la-planete_5976998_3244.html

    1. Bonjour, votre commentaire m’effraie, en particulier sur le fait d'”éliminer” la surpopulation humaine. D’expérience, les gens qui prônent l’élimination de leurs semblables pour une bonne cause se portent rarement volontaires pour appliquer les principes qu’ils prônent. “Mourons pour des idées, d’accord, mais de mort lente”, chantait Brassens.
      La croissance de la population est un défi auquel “tuons-les” ne saurait être une réponse. Derrière les chiffres que vous invoquez, il y a autant de visages et d’individus. Sachons raison garder.

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