Vers une crise alimentaire mondiale?

Denrées alimentaires ou carburant: les prix grimpent sur le continent africain. En cause, la chute drastique des exportations de blé en provenance d’Ukraine et de Russie.

La Russie et l’Ukraine sont les principaux fournisseurs de blé, de maïs et d’huile de tournesol de plusieurs pays africains, rappelle l’ONG Swissaid dans un récent communiqué. Selon le FMI (Fonds Monétaire International), les importations représentent environ 85 % de l’approvisionnement de l’Afrique subsaharienne, dont un tiers provient de Russie ou d’Ukraine. Les 45 pays les moins avancés du monde importent au moins un tiers de leur blé d’Ukraine ou de Russie.

Situation alarmante au Niger

Au Niger,  où l’ONG a mis en place un programme d’urgence comprenant la distribution de biens de denrées alimentaires de base et de semences, la situation est alarmante. Le sud-ouest du pays a, en effet, été frappé par des récoltes catastrophiques en raison d’évènements climatiques extrêmes. Les prix déjà élevés sur les marchés continuent de grimper. La guerre en Ukraine a entraîné une augmentation du prix du pain que les ménages pauvres ne peuvent pas supporter.

Touché par de mauvaises récoltes, le Tchad fait également déjà face à un prix du pain plus élevé que de coutume. «Il est fort probable que dans les semaines à venir, nous connaissions une hausse de prix ou une réduction du poids du pain car la farine est importée», explique Clément Jous de Swissaid au Tchad.

Produits de base hors de prix

En Guinée-Bissau, le secteur de la transformation est inexistant: le pays importe des produits laitiers, des produits d’hygiène et des céréales. La hausse des prix des carburants compliquera encore la situation, étant donné qu’elle a un impact sur les prix des transports et de l’énergie. Le prix du sucre et de l’huile alimentaire a déjà augmenté de 30%, le lait et le savon de 40%. La farine est en rupture de stock.

Cette inflation galopante se constate même dans des pays moins dépendants du blé, en raison de la hausse du prix des carburants. En Tanzanie, l’ONG constate ainsi une nette hausse du prix du pétrole et de l’essence. Celle-ci se répercute sur le coût des transports de divers produits comme l’huile ou le riz. Les tickets de bus ont considérablement augmenté.

Agroécologie

Swissaid pointe du doigt “la forte dépendance entre les pays”. Elle relève l’importance de la souveraineté alimentaire et des moyens pour y arriver, comme l’agroécologie. Ce système privilégie des circuits courts et une autonomie face aux intrants extérieurs. Pendant la crise du Covid-19, ce mode de culture a permis au paysannes et aux paysans qui le pratiquent d’être moins touchés par les interruptions des chaînes alimentaires et l’isolement.

Emmanuelle Robert

Après des études de lettres et un parcours de journaliste, Emmanuelle Robert a travaillé dans la coopération au développement. Active dans la communication (le jour), elle écrit (la nuit) et est l'auteure de Malatraix (Slatkine, Genève, 2021). Elle est aussi coach professionnelle et amatrice de course à pied.

4 réponses à “Vers une crise alimentaire mondiale?

  1. Pourquoi un point d’interrogation ?
    Vous n’avez pas vu les émeutes de la faim au Sri Lanka p. ex. ?

  2. Trois quart de la production de céréales européenne n’est pas destinée à l’alimentation humaine, il y a peut-être une piste.
    Et je ne me souviens plus pour les USA, mais les quantités de maïs qui servent à faire de l’ethanol sont juste monstrueuses…

    1. L’argentine produit du soja pour l’exportation et la nourriture des vaches, veau, cochons et poules. Le gouvernement ferait bien de penser à stopper l’hémorragie. Oui la piste c’est produire local, manger local 3etdurtout cesser d’autoriser la spéculation sur les biens de première nécessité. A qui profite le crime ?

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