Une nouvelle sorte de “point Godwin”?

“L’arroseur arrosé” est sans doute un des plus vieux gags au monde, popularisé par le cinéma muet. Appliqué à soi-même, le concept est d’autant plus désopilant.

J’ai ainsi eu l’occasion de tester l’effet du débat “vaccination” sur ma propre page Facebook. Quand on travaille, de près ou de loin, dans ce vaste champ qu’est la communication, il est toujours instructif d’observer une dérive, dans un cadre “relativement” privé puisque la discusson en question n’était pas en mode “publique” mais réservée à mes “amis” Facebook, même si je n’ai pas la prétention d’avoir un jour bu l’apéro avec chacune et chacun d’entre eux, loin s’en faut.

Les faits: un mois après l’avoir fait sur le réseau social Linkedìn, j’annonce que j’ai changé de job. Comme la plupart de mes amis Facebook et de mes amis tout court sont des gens polis, qui se réjouissent, en outre, volontiers d’une bonne nouvelle, je reçois une ribambelle de félicitations. Jusqu’ici, me direz-vous, il n’y a rien qui puisse intéresser la lectrice pointue ou le lecteur sagace des blogs du Temps.

Minute papillon, j’y viens: au bout d’un certain nombre de commentaires fort sympathiques, polis et bien tournés, débarque une personne qui donne son opinion sur, je vous le donne en mille: la vaccination! Et c’est à ce moment-là que ma page Facebook part en cacahuètes. Non que nous nous traitions de noms d’oiseaux, je répète que mes amies et amis Facebook sont des gens polis. Simplement, le sujet de départ passe complètement à la trappe pour devenir une suite d’escarmouches à propos de la vaccination.

À tel point que je me demande si on a pas atteint une nouvelle sorte de point Godwin, d’après la loi, découverte par  Mike Godwin, selon laquelle « Plus une discussion en ligne dure, plus la probabilité d’y trouver une comparaison impliquant les nazis ou Adolf Hitler s’approche de un ». En ces temps de pandémie, plus une discussion dure (en ligne ou dans la vraie vie) et plus la probabilité qu’elle dégénère en un affrontement entre partisans et adversaires de la vaccination s’approche de un.

L’une n’excluant pas l’autre. Car plus la discussion sur le vaccin s’éternise, et plus la probabilité que l’une ou l’autre partie fasse référence à la période nazie s’accroit. À méditer et à observer.

chevaux dans le brouillard, août 2021
chevaux dans le brouillard, août 2021 (c) Emmanuelle Robert

En attendant, j’ai décidé de restreindre mon utilisation des réseaux sociaux à des considération sur la météo et de poster des photos de chevaux (pour changer des chatons). Après les pluies diluviennes, Météosuisse annonce des “températures supérieures à la moyenne saisonnière”. Enfin, un vrai sujet.

 

Emmanuelle Robert

Après des études de lettres et un parcours de journaliste, Emmanuelle Robert a travaillé dans la coopération au développement. Active dans la communication (le jour), elle écrit (la nuit) et est l'auteure de Malatraix (Slatkine, Genève, 2021). Elle est aussi coach professionnelle et amatrice de course à pied.

Une réponse à “Une nouvelle sorte de “point Godwin”?

  1. Je me suis toujours demandé si, dans un État de droit, l’on pouvait porter des accusations pénales contre les gens qui, publiquement, assimilent tel politicien ou telle décision politique aux crime nazis?
    Car en effet, telle association ne revient-elle pas à banaliser, voire à tenter de rendre honorable ces derniers? Au final, comparer le pass (sic) sanitaire ou une éventuelle vaccination obligatoire aux horreurs nazies de la 2e GM ne revient-il pas à nier ces crimes nazis?
    Nous savions déjà que beaucoup de ceux qui pratiquent le point Godwin étaient ignares de l’Histoire, mais il y a peut-être plus grave: peut-être la connaissent-ils très bien et tentent-ils de réhabiliter ces pages sombres de l’histoire…?

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