Ravagée par deux ouragans, l’Amérique centrale appelle à l’aide

Eta et Iota: deux lettres de l’alphabet grec donnent aux tempêtes atlantiques de novembre dernier des allures de déesses antiques. Mais ce sont des déesses funestes. La saison 2020 des ouragans atlantiques a été la plus intense jamais enregistrée et 5 millions de personnes ont un urgent besoin d’aide, alertent le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) et la FAO.Pour la première fois, deux ouragans majeurs ont dévasté l’Amérique centrale à deux semaines d’intervalle, en novembre 2020. Le 3 novembre, l’ouragan Eta touchait les côtes nord-est du Nicaragua et déversait des pluies diluviennes sur le nord du Nicaragua, avant de toucher l’est du Honduras, le nord-est du Guatemala puis les Caraïbes jusqu’au 6 novembre.

L’ouragan a balayé les côtes nicaraguayennes avec des vents atteignant 230km/h, avant de se dégrader en tempête tropicale puis en dépression tropicale, causant des inondations et des glissements de terrain sur son passage.

Du jamais vu

Deux semaines à peine après cet épisode dévastateur, rebelote avec Iota, un ouragan qui a suivi  quasiment le même itinéraire que son prédécesseur, cette fois avec des vents à 260 km/h. Iota s’est même vu décerner la médaille de l’ouragan le plus fort jamais vu au Nicaragua depuis le début des mesures des tempêtes tropicales, il y a 127 ans.

Les agences nationales et onusiennes estiment que Iota a eu un impact sur 60% du territoire nicaraguayen, provoquant des inondations et des glissements de terrain records. Des récoltes ont été presque entièrement détruites, des sols sont devenus infertiles, “lavés” par les pluies torrentielles; des pêcheurs ont perdu leurs outils de travail.

Catastrophe naturelle + pandémie

chiffres tirés de l'appel urgent de la FAO
chiffres tirés de l’appel urgent de la FAO

Cinq millions de personnes ont été affectées par les deux ouragans, estime la FAO. Début février, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture a lancé un appel urgent. Dans le seul Nicaragua, on estime à 3 millions le nombre de personne touchées. Les deux ouragans se sont produits lors de la période de soudure, lorsque les vivres sont au plus bas, avant la récolte suivante.

S’ajoute à cela la pandémie de COVID-19 et une population durement frappée par le virus. La situation est “potentiellement catastrophique”, alerte la FAO qui rappelle que 30% de la population nicaraguayenne vit directement de l’agriculture. Si rien n’est fait, insécurité alimentaire et malnutrition sont inéluctables.

1,5 million de personnes sans toit

Sans compter la situation sanitaire au sein d’une des population les plus pauvres du globe. Selon l’ONG Swissaid, qui a également lancé un appel, 1,5 million de Nicaraguayen-ne-s ont vu leur maison emportée (voir la vidéo ci-dessous). Dans la même région, sa consœur Solidar suisse mène également des projets de reconstruction.

L’Amérique centrale est une zone où les organisations suisses de coopération internationale sont présentes de longue date et où elles ont des partenariats bien établis avec les communautés et les organisations locales. Au Honduras, autre pays durement frappé, on notera, par exemple, la présence et le soutien de l’EPER, aussi active dans l’aide d’urgence à la population.

La vidéo diffusée par Swissaid:

Emmanuelle Robert

Après des études de lettres et un parcours de journaliste, Emmanuelle Robert a travaillé dans la coopération au développement. Active dans la communication (le jour), elle écrit (la nuit) et est l'auteure de Malatraix (Slatkine, Genève, 2021). Elle est aussi coach professionnelle et amatrice de course à pied.