L'affiche du film

Sub Jayega, une claque d’humanité

J’ai vu un film qui parle d’amour et de mort. De fric aussi, et peut-être de pouvoir. Comme la plupart des films, me direz-vous. Sauf que, loin d’un thriller ou d’un film catastrophe, Sub Jayega, à la recherche du paradis des soins palliatifs, occupe une place à part. Et ce serait bien dommage de passer à côté de ce documentaire très personnel du cinéaste lucernois Fabian Biasio.

Il y est donc question d’amour: l’amour d’un fils qui a accompagné son père dans ses derniers instants et qui se souvient, avec effroi, de la vue de la chambre sur le parking de l’hôpital et du bruit des portières qui claquent, la nuit, lors des changements d’équipe. Alors le cinéaste se met en quête du “paradis des soins palliatifs”: dans quel endroit du monde est-il possible de mourir dignement, conformément à ce que l’on souhaite pour sa propre fin de vie? Cette quête d’un Graal des temps modernes va mener Fabian Biasio dans différents pays. Attention, spoiler: ce n’est pas forcément là où réside la meilleure médecine de pointe qu’il trouvera la plus grande sensibilité à l’accompagnement des mourants.

Sans tabou, le film parle aussi d’argent: mourir dignement, combien ça coûte? Sans jamais lâcher son sujet d’une semelle, le documentariste interroge la place de la mort dans notre société, et, de là, notre rapport au monde et à autrui.

De vie et de lien

Image tirée du film Sub Jayega de Fabian Biasio

“Le soleil ni la mort ne se peuvent regarder fixement”, disait La Rochefoucault. Et si le moraliste avait tort? Dans Sub Jayega, ce n’est pourtant pas la mort que la caméra regarde de son œil fixe, mais des personnes en vie. Elle capte les soins apportés par les proches, des moments de tendresse et de rires; elle capte les gestes précis et emplis de compassion des soignants. La caméra capte la vie et le lien autour de la vie qui s’en va.

En remettant les personnes en fin de vie au cœur de la vie, les professionnels, bénévoles et proches aidants qui les accompagnent donnent du sens à ce qui nous dépasse. “La médecine, ce n’est pas seulement guérir et soigner, c’est aussi accompagner”, l’a si bien dit un médecin de l’unité mobile de soins palliatifs du réseau La Côte, lors de la projection du film au Cinéma Odéon, à Morges, le 21 novembre dernier.

Sorti en Suisse alémanique en 2018, Sub Jayega a franchi la Sarine en automne 2019, à l’initiative notamment de l’association Palliative Vaud, qui a collaboré à la traduction française des sous-titres. Avis aux intéressées et aux intéressés, Palliative Vaud recherche des bénévoles.

Projections en 2020

Lundi, 20 janvier 2020, 18h00 : Fribourg, cinéma REX

Jeudi 23 janvier 2020, 18h30
 : Yverdon, cinéma BelAir

Mardi 4 février 2020, 18h30 : Vevey, cinéma Rex 4

Dimanche 8 mars 2020, 17h00 : 
Château-d’Oex, cinéma Eden

Jeudi 2 avril 2020, 18h15 : Payerne, cinéma Apollo

 

Emmanuelle Robert

Après des études de lettres et un parcours de journaliste, Emmanuelle Robert a travaillé dans la coopération au développement. Active dans la communication (le jour), elle écrit (la nuit) et est l'auteure de Malatraix (Slatkine, Genève, 2021). Elle est aussi coach professionnelle et amatrice de course à pied.