Les reportages open source documentent la guerre en Ukraine

L’invasion de l’Ukraine par Vladimir Putin est l’une des guerres les plus documentées de l’histoire. Des dizaines et des dizaines de citoyens, fonctionnaires ou soldats postent des vidéos au quotidien montrant les ravages causés par l’offensive russe: des blessés et des cadavres, des bâtiments en ruine, des explosions en direct et des colonnes de fumées noires dans le ciel.

Ces images sont visibles sur YouTube, Facebook, Twitter, TikTok ou Telegram, où une nouvelle génération de journalistes d’investigation les analyse grâce à une série d’éléments accessibles au public pour vérifier leur authenticité.

Ils géolocalisent une vidéo en croisant les points de repère distinctifs avec des sources fiables telles que l’imagerie satellite ou une vue de Google Earth. Ensuite, ils cherchent à savoir quand a eu lieu l’enregistrement, en vérifiant les métadonnées et les horodatages. D’autres éléments visuels comme des déclarations officielles, des témoignages oculaires et des enregistrements audios fournissent un contexte qui peut encore aider à corroborer les vidéos.

Ils font également appel à la technologie de reconnaissance faciale s’il le faut, à des cartes accessibles à tout un chacun, aux échanges par SMS et à leurs propres interviews pour reconstituer la séquence des événements.

Les films truqués sont débusqués, révélés par des images et des sons qui ne sont pas alignés ou par des coupures brusques.

«Nous effectuons également une recherche d’images inversées et une recherche d’autres articles sur le même sujet pour nous assurer qu’il ne s’agit pas d’une ancienne vidéo – peut-être même d’un conflit différent – qui circule à nouveau».

Ce sont les explications des journalistes d’une unité spécialisée du Washington Post. Ils viennent de mettre en ligne une base de données consultable de 231 vidéos certifiées provenant d’Ukraine.

Elles ont été téléchargées au format brut et leur contenu graphique est clairement énoncé dans chaque catégorie:

Les vidéos des zones résidentielles: Des maisons, des immeubles et des terrains de jeux détruits dans toute l’Ukraine.

Les vidéos des établissements médicaux: Une maternité, un service de cancérologie et une clinique dentaire pour enfants font partie des dizaines d’établissements de santé qui ont été frappés.

Les vidéos de Mariupol: La ville portuaire a été largement coupée du monde, mais certaines personnes à l’intérieur ont réussi à documenter les horreurs du siège meurtrier par l’armée russe.

Les vidéos des frappes en direct: Les bombardements et les structures en ruine ont été filmés en direct par les citoyens depuis leurs fenêtres et des caméras de surveillance.

Ce domaine du journalisme n’en est qu’à ses débuts, mais il se développe rapidement. Le New York Times a lui aussi une équipe spécialisée dans les reportages open source et l’Université de Californie à Berkeley propose depuis l’automne passé, le premier cours de journalisme d’investigation axé sur ces techniques.

Sources : Washington Post / AP / Journalism.co.uk

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Emily Turrettini

De nationalité américaine et suisse, Emily Turrettini publie une revue de presse sur l'actualité Internet depuis 1996 et se passionne pour les nouvelles tendances.

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