La formidable machine de guerre numérique de l’Ukraine

Une «armée Internet» composée de volontaires, dénonce sur les réseaux sociaux les entreprises qui continuent à travailler avec la Russie.

«Arrêtez de coopérer avec l’agresseur. Prenez position, abandonnez le marché russe!», a tweeté @AnnDmi3 le 11 mars, s’adressant à la société pharmaceutique Johnson @ Johnson.

Le géant français des supermarchés Auchan à son tour a été la cible des militants: «Ce week-end, je vous invite à vous rendre à votre magasin Auchan le plus proche et à manifester. Si vous ne pouvez pas le faire, abstenez-vous d’y faire des achats”, a réclamé @Artem Stelmashov, depuis Kiev, le 9 avril.

La plupart des sociétés publiquement visées comme McDonald et Nestlé ont désormais diminué ou carrément cessé leurs activités dans le pays.

L’armée Internet s’en est aussi prise aux rédacteurs en chef de la grande presse – notamment le Wall Street Journal, Reuters et le New York Times – pour avoir accepté des publicités de sociétés opérant en Russie.

Et plus récemment, elle s’est tournée vers les responsables des gouvernements étrangers, leur demandant de fournir à l’Ukraine des armes lourdes.

Le ministre ukrainien de la Transformation numérique

Ces messages, selon le Wall Street Journal, font partie d’une campagne de pression coordonnée par Mykhailo Fedorov, 31 ans, le ministre ukrainien de la Transformation numérique, pour dénoncer les entreprises qui continuent de faire des affaires avec le régime de Vladimir Putin.

Environ 30’000 volontaires se sont joints à cet effort et leurs communiqués touchent quotidiennement quelque 100 millions d’utilisateurs à travers le monde.

Fedorov, le plus jeune ministre du pays (également vice-premier ministre), a fait appel aux entreprises technologiques florissantes de l’Ukraine pour étoffer son cabinet. En embauchant des fondateurs de start-ups, des spécialistes du marketing, des experts en médias sociaux et des programmeurs informatiques, il a créé un département différent de tous les autres au sein du gouvernement.

Leur créativité est sans limites et à la pointe des tendances numériques du moment. A titre d’exemple, cette semaine, le ministère a proposé de vendre la Russie en NFT, morceau par morceau pour riposter contre les vols de territoires par Putin.

Leur but ultime? Aider à gagner la guerre en retournant l’opinion mondiale et celle du peuple russe contre Poutine et son gouvernement.

Sources :  The Wall Street Journal / Wired / The Washington Post

Emily Turrettini

De nationalité américaine et suisse, Emily Turrettini publie une revue de presse sur l'actualité Internet depuis 1996 et se passionne pour les nouvelles tendances.

4 réponses à “La formidable machine de guerre numérique de l’Ukraine

  1. Je dois dire que c’est assez piquant de voir le pouvoir russe “goûter à sa propre médecine”.

  2. Vous n’avez pas le sentiment que l’Ukraine va subir le contre-coup de cette offensive virtuelle ?

    A force d’exagérer tous les chiffres, les opinions publiques occidentales commencent à douter de la version officielle ukrainienne…

    – L’ONU annonce la mort de 50 civils à Boutcha (soit 50 crimes de guerre), pour une population de 30’000 personnes. Je suis pro Ukraine, mais de là à parler d’un génocide…
    – L’Ukraine annonce mercredi le début d’une défense implacable dans le Donbass, jeudi la Russie prend la principale ville de la région sans réelle opposition (les héroïques défenseurs de la ville n’ont pas été ravitalliés par l’armée ukrainienne et font l’objet d’un siège dans les sous-terrains de la ville);
    – Selenski parlait de 80’000 soldats ukrainiens qui combatteraient pour le moindre centimère, mais pas à Marioupol ?;
    – il n’y a aucune image des combats de l’armée ukrainienne;
    – …

    La Russie a été arrêtée par une courageuse armée urkainienne et la météo hostile en mars.
    Maintenant, l’hiver s’est arrêté, les Russes se sont regroupés. L’armée russe semble progresser sans réelle opposition. Et voir Selenski sur tous les plateaux de télévision donnent le sentiment d’une guerre virtuelle, d’autant que nous n’avons pas d’images des combats…

    Pour résumer: j’ai l’impression que la start-up nation ukrainienne se bat sur les réseaux sociaux, tandis que les hommes des champs se battent dans les tranchées et que ces deux mondes ne sont pas connectés. L’Urkaine ne gagnera pas la guerre sur internet, mais dans la boue, le sang et les larmes. Hors, malheureusement, j’ai l’impression que la Russie progresse à ce niveau…

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