A Tokyo et à Genève, les robots de téléprésence facilitent l’intégration

Grace à des avatars robotisés, des adultes à mobilité réduite au Japon peuvent gagner leur vie et des enfants hospitalisés en Suisse retourner à l’école. 

À Tokyo

Rien de surprenant à ce que le personnel de ce café-avatar baptisé DAWN dans le quartier de Nihonbashi soit entièrement composé de robots. Au Japon après tout, les robots sont omniprésents, mais ceux-ci ont la particularité d’être commandés à distance par des personnes souffrant de handicaps physiques.

Les opérateurs appelés «pilotes», contrôlent les robots depuis leur fauteuil roulant ou même depuis leur lit à domicile – à l’aide d’une souris, d’une tablette ou d’une télécommande contrôlée par le regard.

Le laboratoire Ory, à l’origine du projet, vient de remporter le 1er prix des prestigieux Good Design Awards. Les juges ont fait son éloge pour avoir développé ces «robots alter ego» qui suppriment les obstacles au travail.

Le défi de concevoir des solutions pour les populations confinées à domicile est particulièrement aigu au Japon, souligne le journal Quartz, où plus d’un quart de la population est incapable de travailler en raison d’un handicap physique, d’une maladie mentale ou de l’âge. En février, le gouvernement a nommé leur premier «ministre de la solitude» du pays. Il est chargé de s’attaquer au problème de l’isolement social et des nombreux cas de suicides.

DAWN a démarré sous la forme d’un pop-up en 2018. Encouragée par son succès, l’entreprise a ouvert une enseigne permanente en juin cette année.

Les robots serveurs hauts d’un mètre vingt, accueillent les clients, prennent leurs commandes, livrent les plats et débarrassent les tables.

Chaque robot est équipé d’une caméra intégrée, d’un microphone et de haut-parleurs. Quatorze moteurs articulés leur permettent d’exécuter des fonctions telles que porter des plateaux ou ramasser des assiettes.

Les cartes d’identité des pilotes accrochées à leur cou avec leur photo, permettent aux clients de faire leur connaissance et de dialoguer avec eux.

Un bel exemple d’intégration qui existe également à Genève, mais pour des enfants dans un cadre scolaire.

À Genève, Vaud et en Valais

Depuis janvier 2020, quatorze robots de téléprésence AV1 ont été attribués à des enfants soignés aux HUG avec l’accord du DIP et en collaboration avec l’ARFEC (l’Association Romande des Familles d’Enfants atteints d’un Cancer).

Ses enfants déscolarisés par des hospitalisations répétées ou prolongées peuvent ainsi suivre les cours à distance, en streaming, par robot interposé. Essentiellement des patients de l’unité d’onco-hématologie pédiatrique – mais pas seulement – ils dirigent le petit robot AV1 par le biais d’une application sur leur tablette.

Le feedback donné par les parents et les enseignants est très positif. Le AV1 procure un bienfait incontestable aux enfants, leur permettant de rester à niveau lorsque leur traitement le permet et surtout de conserver le lien social avec leurs camarades de classe. Isolés et confinés par la maladie, ils passent de longs mois dans un monde d’adultes et de blouses blanches, naviguant entre leur domicile et des séjours hospitaliers. Retrouver leur vie d’écolier et leurs copains anime leurs journées et leur est essentiel.

Pour Houda Jouhari, la mère de Salim âgé de 7 ans qui a bénéficié du robot à l’école du Pommier au Grand-Saconnex:

«Salim apprécie énormément cette connexion avec sa classe. C’est une expérience qui en somme est toute différente de l’appui dont il bénéficie actuellement en termes d’école à la maison à travers des outils à distance tels que zoom qui fait partie du monde des grands… AV1 est venu égayer sa routine, éveiller ses sens, entendre des cris, des rires à l’intérieur même de sa chambre qui est habituellement calme. Son attitude a changé également, je le sens plus agité et excité à interagir à chaque cours grâce à AV1. Il lui a permis de retrouver sa place dans sa classe et ainsi réduire sa double peine d’être malade et isolé socialement. AV1 est concrètement une belle lueur d’espoir!»

Lire aussi : Le robot et les enfants malades  /  Un robot en classe fait le lien avec les enfants hospitalisés à Genève  / Etre là sans être là, grâce aux robots de téléprésence

Emily Turrettini

De nationalité américaine et suisse, Emily Turrettini publie une revue de presse sur l'actualité Internet depuis 1996 et se passionne pour les nouvelles tendances.

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