Une proposition pour ajouter des «Neuro-droits» à la Déclaration universelle des droits de l’homme

Les progrès scientifiques dans le domaine la stimulation cérébrale rendent de plus en plus possible la manipulation de l’esprit humain – même dans son sommeil – et nécessitent des lois et des protections pour réglementer leur utilisation.

Depuis plusieurs mois, d’éminents neurologues réclament qu’un ensemble de «neuro-droits» soit ajouté à la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Leur proposition consiste en 5 droits fondamentaux: le droit à l’identité, au libre arbitre, à l’intimité mentale, à l’équité d’accès aux technologies d’amélioration des performances cognitives et à la protection contre les préjugés algorithmiques.

Alors que les gouvernements réfléchissent encore, le Chili a pris les devants et deviendra le premier pays à instaurer des «droits du cerveau» dans sa Constitution. Le 22 avril, le Sénat a approuvé à l’unanimité la proposition et il ne manque plus que l’accord de la Chambre des députés.

Les applications médicales

De nombreuses applications des neuro-technologies concernent le domaine médical, comme la puce connectée de la société Neurolink d’Elon Musk, qui a pour ambition de rendre la mobilité et la parole aux personnes paraplégiques, ou le bracelet de la start-up CTRL-Labs rachetée par Mark Zuckerberg, qui permettrait de partager une photo par la pensée, en captant les impulsions envoyées par le cerveau aux muscles de la main.

Et l’implantation d’électrodes dans le cerveau pour traiter une série de troubles allant de la maladie de Parkinson à l’épilepsie est employée avec succès depuis plusieurs années.

Les appareils de surveillance

Cependant, des applications sont de plus en plus disponibles en dehors du contexte médical. Certaines entreprises privées vendent déjà des appareils portables de surveillance de l’activité cérébrale afin de combattre la douleur ou détecter le stress.

En Chine par exemple, des conducteurs de train à grande vitesse sont équipés de casques de sécurité capables de déceler tout changement de leur état émotionnel. Toujours pour éviter les accidents, un bonnet intelligent analyse l’état de fatigue des opérateurs de machinerie lourde. Et dans le cadre d’un projet pilote, des élèves âgés entre 10 et 17 ans ont porté des bandeaux lumineux sur le front, affichant des couleurs différentes selon leur niveau de concentration.

Le manipulation du cerveau

Mais au-delà des applications pour soigner et surveiller, des scientifiques ont réussi à planter de faux souvenirs chez des souris et à fabriquer des images artificielles, en activant des neurones spécifiques.

Et des marqueteurs testent déjà différents moyens pour modifier et motiver le comportement d’achat par le biais du piratage du sommeil. Les marques Xbox, Coors et Burger King sont déjà parvenues à introduire des publicités dans les rêves de consommateurs.

La science émergente du contrôle des rêves

Si aujourd’hui pour participer aux expériences sur le contrôle des rêves il faut être consentant, il est facile d’imaginer un monde dans lequel les enceintes connectées comme Alexa, Google Home ou encore Nest, détectent les phases du sommeil pour diffuser des messages subliminaux.

Alors à la liste des «neuro-droits», il ne faudra pas oublier d’ajouter le droit de rêver – sans être importuné par une publicité.

 

 

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Emily Turrettini

De nationalité américaine et suisse, Emily Turrettini publie une revue de presse sur l'actualité Internet depuis 1996 et se passionne pour les nouvelles tendances.

2 réponses à “Une proposition pour ajouter des «Neuro-droits» à la Déclaration universelle des droits de l’homme

  1. Bravo pour cet article. Si on ne prend pas les devants en amont (ordre juridique international,…probablement par la pression de a société civile) et en avance (en anticipation des progrés technologiques à venir), alors, à l’apparition de chaque prochaine technologie, il sera systématiquement trop tard pour légiférer quoi que ce soit. …L’industrie américaine avance main dans la main avec la recherche fondamentale et les applications précédent généralement la prise de conscience populaire, laquelle ne se rend compte des choses qu’une fois devenue dépendante.

    Un droit à l’intimité corporelle ( je ne projette pas de bruit sur autrui au-delà d’une certaine heure, je ne les expose pas à ma fumée passive, je ne les irradie pas d’ondes, je n’inspecte pas leur rêves. Bref le corps d’autrui est un bien qui lui appartient et aucun immersion dans le physique d’autrui ne devrait jamais être possible sans son consentement ! )

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