Il est temps de tirer la prise sur Facebook

DIGITALE ATTITUDE : Le documentaire «The Social Dilemma», qui a débuté le 9 septembre sur Netflix et qui se trouve toujours en tête des films les plus vus, offre un regard accablant sur l’effet des réseaux sociaux sur le monde d’aujourd’hui.

Par les témoignages d’anciens dirigeants de Facebook, Instagram, Twitter et Google, le film dénonce les pratiques qui nous ont rendu dépendants à leurs produits. Ils décrivent comment leurs algorithmes ont influencé des élections, alimenté la haine et la violence autour du globe, favorisé la polarisation, répandu des théories du complot et des fake news. Ils ont encore siphonné et exploité nos données personnelles et ont un effet dépressif sur certains.

Ces méthodes ont été décriées et décryptées depuis des années. Elles ont fait l’objet d’études, d’articles, de conférences TED et sont le sujet d’innombrables livres. Alors en ce sens le film ne révèle rien de nouveau, mais en alternant les interviews d’intervenants clés avec des scènes fictives qui montrent les dérives de comportement d’une famille accro à leur portable, le spectateur se voit dans le miroir. Et l’image n’est pas belle.

Visionné par des millions de téléspectateurs, le PDG de Facebook a réagi, accusant le réalisateur d’avoir fait du «sensationnalisme». Il réfute les critiques dans un billet en sept points intitulé «Là où le Social Dilemma se trompe» et s’indigne «qu’il n’y ait pas eu de reconnaissance – de manière critique ou autre – des efforts déjà amorcés par ces entreprises pour répondre aux nombreuses questions soulevées. Le film est plutôt basé sur les dires de personnes qui n’y travaillent plus depuis des années.».

Pourtant, les désaccords véhéments au sein même de Facebook sur sa politique de censure tout au long de 2020 contredisent ses propos.

Dans une lettre de démission cinglante, un informaticien, Ashok Chandwaney, dénonce les manquements de Mark Zuckerberg à combattre les discours mensongers, l’incitation à la haine et au racisme – pour le profit. Il prévient : «Les employés de Facebook pourraient un jour se trouver stigmatisés tout comme les salariés d’une entreprise de tabac, parce qu’ils savent que la cigarette tue».

Pour tous ceux encore sur cette plateforme, il faut sérieusement se demander pourquoi.

Emily Turrettini

De nationalité américaine et suisse, Emily Turrettini publie une revue de presse sur l'actualité Internet depuis 1996 et se passionne pour les nouvelles tendances.

4 réponses à “Il est temps de tirer la prise sur Facebook

  1. Facebook n’est qu’un révélateur de ce que vaut la société actuelle qui n’est ni pire ni meilleure que celle des siècles précédents ! On se demande toujours qui influence qui ( comme savoir si c’est la poule qui fait l’oeuf ou le contraire ) ? Les individus fabriquent-ils la société ou c’est le contraire qui est vrai ?
    Ce qu’on peut dire est qu’une minorité des gens se comportent en leaders tandis qu’une majorité se contente de suivre , et il ne faut pas permettre à une majorité d’écraser des minorités . …
    On n’a pas encore inventé l’oeuf de Colomb dans ce domaine !!!

  2. Face Book est pire que le KGB et la Gestapo réunis. En ce moment précis où les USA et, avec eux, le restant de la planète risquent de sombrer dans une sorte de néonazisme, des citoyens naïfs et inconscients y placent spontanément des données personnelles qui, un jour, causeront leur perte.

    Si les États avaient le courage d’en reconnaître le danger extrême pour la démocratie à l’échelon mondial, alors ces États entreprendraient de détruire Face Book. Totalement.

  3. Bye bye la neutralité du net…. dommage. C’était mieux quand c’était aux parents d’éduquer leurs enfants et à l’Etat de confier aux tribunaux la modération de la censure.

    Me rejouis pas vraiment de votre nouveau monde…

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