Avec les masques, on perd des repères essentiels pour communiquer

Mon rendez-vous chez le coiffeur lundi, le premier jour de la réouverture des salons m’a laissée songeuse. Au-delà du soulagement à récupérer ma tête pré-confinement et l’immense plaisir de retrouver le personnel chaleureux de mon établissement préféré, le fait que nos visages étaient à moitié dissimulés a brouillé quelque peu le plaisir de nos retrouvailles.

Les sourires habituels, invisibles derrière les masques, ne laissaient interpréter que les regards et j’ai réalisé qu’ils ne suffisaient pas pour saisir toutes les nuances de nos conversations. De plus, on entendait mal à travers nos protections réciproques. Ces femmes, étaient-elles inquiètes de reprendre leur métier exigeant un contact rapproché avec la clientèle? Ou simplement contentes de retravailler? Avaient-elles été très éprouvées par les 6 semaines passées isolées en famille? Je suis sortie de là sans avoir bien compris.

Un article dans le China Morning Post aujourd’hui, aborde justement ce sujet, faisant remarquer que le fait de porter des masques nous prive d’indices visuels essentiels pour communiquer dont nous ne sommes même pas conscients – comme sourire, froncer les sourcils, bouger les lèvres ou faire une grimace. Et la parole, étouffée par ce recouvrement textile, n’est pas toujours compréhensible.

On a perdu nos repères. Le fameux adage, «souris et le monde sourit avec toi» ne veut plus rien dire. On peut toujours essayer de lire dans les yeux de son interlocuteur, pour distinguer l’agacement de la confusion, mais sans garantie d’avoir interpréter correctement. Il faudra apprendre à demander des explications.

Peut-être faut-il se tourner vers les femmes qui portent le niqab. Selon Anna Piela, qui étudie l’impact du genre sur les religions, les musulmanes voilées n’ont pas de problème pour se faire comprendre. Elles ont l’habitude de faire un effort supplémentaire, avec des gestes de la main, la parole et le langage corporel.

Mais c’est une autre population concernée en particulier qui demande toute notre considération, celle des sourds et des malentendants. Pour eux, le port du masque est un barrage à la communication tout court. C’est le sujet de ma prochaine chronique: Il faut un masque transparent pour les sourds et les malentendants.

 

Emily Turrettini

De nationalité américaine et suisse, Emily Turrettini publie une revue de presse sur l'actualité Internet depuis 1996 et se passionne pour les nouvelles tendances.

3 réponses à “Avec les masques, on perd des repères essentiels pour communiquer

  1. Ah, chère Emily, vous la reine du web, je m’aperçois que ce confinement a amené une perception nouvelle chez vous du rapport à l’autre.
    Mais comme je ne vous connais pas, ce n’est bien sûr qu’une impression perso.

    Je ne parle pas du coiffeur, bien légitime, après tant de torture et je me réjouis déjà de votre prochain blog.
    Merci pour vos blogs toujours passionnants , en tout cas.

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