L’essor du livre audio

DIGITALE ATTITUDE : Alors que les livres électroniques connaissent une baisse de popularité, les livres audio sont en forte croissance. D’ici 2023, leurs revenus aux États-Unis ‑ le plus grand marché du monde – devraient dépasser ceux des e-books. En France pour la première fois cette année, ils ont passé du statut de «secteur de niche à celui de marché-levier», pour acquérir, selon Paule de Bouchet, présidente de la commission livre audio du Syndicat national de l’édition: «La place qui leur revient de droit dans le monde du livre».

Ils doivent leur succès à l’abondance de l’offre et la facilité de téléchargement, grâce aux applications comme Audible et Overdrive, la popularisation des écouteurs sans fil de qualité, le raccordement généralisé des téléphones aux haut-parleurs dans les voitures et la présence croissante d’enceintes intelligentes à commandes vocales comme Alexa et Google Home dans les domiciles.

Il y a aussi la participation des célébrités qui se prêtent au jeu de la narration, comme Meryl Streep pour le best-seller A Handmaid’s Tale de Margaret Atwood et Elton John dont la biographie contient des lectures de la rock star. Le genre est même reconnu par la National Academy of Recording Arts and Sciences qui attribue les Grammy Awards, l’équivalent des Oscars pour la musique. Michelle Obama est d’ailleurs nommée dans la catégorie «meilleur album parlé» pour la version audio de son mémoire Becoming. Une récompense décernée auparavant à Barack Obama, Hillary Clinton et à Jimmy Carter pour avoir été chacun le narrateur de leurs propres récits.

La montée en puissance des podcasts a peut-être aussi incité les consommateurs à se tourner vers les récits audio. 26% des Américains écoutent des épisodes tous les mois soit 73 millions de personnes, une hausse de 24% depuis 2017. Et le meilleur d’entre eux, dans la catégorie «journalisme d’investigation audio», se verra couronné d’un Prix Pulitzer en 2020. Pourtant en France, ce format n’a pas encore atteint le grand public et ne touche que 6% de la population.

Mais pour revenir à notre sujet, selon le magazine Lettres Numériques: «le grand atout de l’audiobook réside dans sa capacité à toucher des publics qui ne sont pas forcément adeptes de lecture».

A lire aussi:

Les livres audio donnent voix au chapitre

Emily Turrettini

De nationalité américaine et suisse, Emily Turrettini publie une revue de presse sur l'actualité Internet depuis 1996 et se passionne pour les nouvelles tendances.

2 réponses à “L’essor du livre audio

  1. Vous êtes certainement trop jeune pour vous souvenir si aux USA, il y a soixante ans, on se réjouissait aussi d’écouter le feuilleton devant la radio à lampes*. Nous étions passionnés ma sœur et moi par ces récits, je m’en souviens comme d’un film alors qu’il n’y avait que le son. Alors pourquoi pas vivre de nouveau des histoires ainsi. Mais je pense que pour les auditeurs, excepté les malvoyants, la lecture « silencieuse » peut nous toucher plus directement à cause des voix que l’on entend, celles de notre propre vécu. C’est bien pour cela que le film qui paraît après l’œuvre qu’on a aimé lire peut souvent décevoir : « Ce n’est pas comme dans le livre ». Il n’existe d’ailleurs pas de « livre fait après le film », il y aurait encore plus de décalage avec ce que nous avons gardé dans notre imagination. Cette imagination qui fait déjà le livre du livre, le film du film… À ce sujet un très bon film où la caméra était quasiment derrière nos yeux, qui a créé des remous en 1966 pour ses multiples interprétations. Michelangelo Antonioni, son auteur : « Mon film ne traite pas de la relation entre l’homme et l’homme, mais de la relation entre l’homme et la réalité ». Blow-Up » 1966, avec Jane Birkin encore peu connue, et Gillian Hills.
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Blow-Up
    * On pouvait l’ouvrir prudemment pour voir de plus près cette magie qui sentait le bakélite et le caramel encore chaud.

Les commentaires sont clos.