DIGITALE ATTITUDE : Vous avez toujours les yeux rivés sur votre smartphone? Arrêter de blâmer la technologie, vous êtes seuls responsables. Tel est le nouveau courant de pensée émanant de la Silicon Valley, qui vient se substituer aux discours sur le piratage de nos cerveaux.
Dans son bestseller Hooked: Comment créer un produit ou un service qui ancre des habitudes, publié en 2014, Nir Eyal avait expliqué comment la technologie persuasive avait été sciemment conçue pour nous rendre dépendants aux sites et réseaux sociaux. Mais voilà que le spécialiste du comportement retourne sa veste en affirmant que si nous sommes accro à nos écrans, c’est principalement de notre faute.
Le vrai problème c’est nous
Le problème, explique-t-il, dans Forbes et le New York Times, n’est pas la technologie, mais notre désir d’échapper aux tracas du quotidien et si nous consultons aussi souvent nos appareils, c’est parce que nous sommes incapables d’être seuls. Le vrai problème c’est nous. Il pense que la capacité de gérer le temps d’écran sera «la compétence la plus prisée du siècle, parce que dans les années à venir, avec la réalité augmentée et la réalité virtuelle, les possibilités pour se distraire s’amplifieront.»
C’est le thème de son nouveau livre, Indistractable: Comment contrôler votre attention et choisir votre vie. Tout en reconnaissant que le divertissement est à portée de main, Eyal affirme que nous ne sommes pas impuissants pour autant.
La gestion du temps
Il donne des tuyaux pour mieux gérer son temps grâce aux applications de timeboxing comme Clockify et FocusList, qui permettent d’organiser sa journée minutieusement et attribuer à chaque tâche une durée déterminée, ou encore la plateforme de co-working virtuelle Focusmate, pour lutter contre la procrastination. A une heure convenue, vous passez 50 minutes à travailler en session vidéo avec un étranger, en gardant un oeil l’un sur l’autre.
L«économie de l’attention ne fait plus rêver», peut-on lire encore dans le journal Slate et les sociétés technologiques comme Apple et Google, à leur tour, développent des applications pour nous permettre de changer de comportement, comme celles qui nous confrontent aux nombres d’heures passé chaque jour sur nos smartphones, ou celles expérimentales et open source, conçues expressément pour «le bien-être numérique», comme le téléphone en papier à imprimer chez soi (The Paper Phone project).
Même BJ Fogg, qui dirigeait le Persuasive Tech Lab à Stanford, l’a rebaptisé Behavior Design Lab, où il enseigne dorénavant des méthodes pour être plus efficace dans la gestion de projets. Son nouveau titre intitulé Tiny Habits: Les petits changement qui changent tout, qui paraîtra en décembre, est un guide pour changer ses habitudes numériques.
Dans un tweet du 11 septembre dernier, Fogg prédit l’émergence d’un mouvement post numérique en 2020, «lorsque nous commenceront à réaliser que le fait d’être enchaîné à notre smartphone est le marqueur social d’un statut inférieur, comme fumer des cigarettes.»
Le nouveau fossé numérique
Une tendance déjà relevé en mars dernier par Nellie Bowles dans le New York Times, où elle avait fait remarquer que «pouvoir se passer de son téléphone, quitter les réseaux sociaux et ne pas répondre aux courriels dans l’immédiat sont les signes extérieurs d’une classe évoluée.»
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