La reconnaissance faciale est à nos portes

DIGITALE ATTITUDE : Dès le mois de novembre, notre voisin français sera le premier pays européen à utiliser la reconnaissance faciale pour donner à ses citoyens une identité numérique sécurisée.

Le gouvernement du président Macron a annoncé avoir développé une application pour Android appelée ALICEM (Authentification en ligne certifiée sur mobile), qui permettra à tout particulier qui décide de le télécharger – ce n’est pas obligatoire – de prouver son identité sur Internet de manière sécurisée.

Le gouvernement insiste sur le fait que, contrairement à la Chine, son système d’identification ne sera pas utilisé pour surveiller les citoyens, ni intégré dans les bases de données d’identité. Il s’agit de donner aux français un accès sécurisé pour consulter en ligne plus de 500 services publics, leur évitant de se connecter par mot de passe ou de se présenter physiquement aux guichets avec leur carte d’identité. «Aucune donnée biométrique ne peut être partagée. La photo extraite de la puce du titre reste stockée sur le téléphone portable de l’utilisateur. La vidéo de reconnaissance faciale réalisée lors de la création du compte est effacée immédiatement après la vérification», peut-on lire sur le site du ministère.

L’idée semble sensée mais faut-il s’en méfier? Oui, pour La Quadrature du Net (LQDN), une association qui veille aux droits et libertés des citoyens sur Internet.  Elle craint une généralisation de cette technologie qui pourrait s’étendre au-delà des services publics.

Dans un recours qu’elle a déposé devant le Conseil d’État demandant l’annulation du projet, elle argumente que «la personne voulant utiliser ALICEM n’a pas le choix de passer ou non par ce dispositif de reconnaissance faciale. Or, au sens du règlement général sur la protection des données (RGPD), pour qu’un consentement soit valide, il doit être libre, c’est-à-dire qu’il ne peut pas être contraint».

L’UBS exige d’activer la reconnaissance faciale sur son smartphone

Un bon argument. Mais voici un exemple en Suisse où on est contraint indirectement. En essayant d’adhérer au nouveau protocole «3-D Secure» adopté par l’UBS, qui permet d’effectuer des paiements mobiles sécurisés avec sa carte Mastercard ou Visa, la banque exige que la reconnaissance faciale du téléphone soit activée. Si vous n’avez pas fait cette démarche, vous ne pourrez pas commander de billets de train par exemple depuis votre téléphone.

L’Union Européenne planche sur une réglementation de cette technologie, c’est nécessaire — avant qu’elle ne s’immisce partout.

Emily Turrettini

De nationalité américaine et suisse, Emily Turrettini publie une revue de presse sur l'actualité Internet depuis 1996 et se passionne pour les nouvelles tendances.