Détenus ou employés, tous sous surveillance

DIGITALE ATTITUDE : La prison chinoise de haute sécurité de Yancheng, au Nord-Est du pays à la frontière avec la Corée du Nord, est en train de mettre en place un système basé sur l’intelligence artificielle (IA) pour gouverner les détenus.

Selon le South China Morning Post, ce nouveau régime de surveillance géré directement par le ministère de la Justice, consiste en un réseau de caméras et de capteurs de mouvement qui s’étendent comme des «fibres neuronales» à travers tous les recoins de l’établissement carcérale, jusque dans les cellules. Ainsi chaque geste de chaque détenu sera observé en permanence puis analysé afin de signaler aux gardiens tout comportement suspect.

Si l’objectif du gouvernement Chinois est de parer à toute tentative d’évasion et de dissuader les actes de violence parmi les prisonniers, en Angleterre, une dizaine d’entreprises utilisent une intelligence artificielle pour surveiller les employés et analyser leur productivité.

Avec qui le salarié prend-il rendez-vous? À qui envoie-t-il des courriels? A quels fichiers a-t-il accédé? Depuis combien de temps n’-a-t-il pas posé les mains sur son clavier?

L’IA d’Isaak recueille des données sur plus d’un milliard d’actions pour identifier les «individus centraux au sein d’un réseau» et mieux répartir la charge de travail et les responsabilités.

Elle peut également comparer l’activité d’un salarié avec l’évaluation qualitative dans son dossier RH et le chiffre d’affaire qu’il a réalisé sur le terrain, donnant ainsi une indication mesurée sur la façon dont son comportement affecte sa capacité de rendement.

Pour la société londonienne Status Today, développeur du système, Isaak devrait «réduire le stress et le surmenage et permettre aux dirigeants d’entreprises d’évaluer les performances par l’analyse des données».

Pour ses critiques qui s’expriment dans le Guardian, un tel système ne peut qu’accroître la pression sur les employés qui vont craindre le jugement de l’algorithme. Qu’ils prennent une pause ou lâchent leur clavier pour réfléchir – seront tous deux des actions enregistrées indifféremment comme des moments d’inactivité.

Il ne manque plus que des caméras soient parsemées dans les bureaux pour que les employés de la City soient au même régime que les détenus de Yancheng.

Emily Turrettini

De nationalité américaine et suisse, Emily Turrettini publie une revue de presse sur l'actualité Internet depuis 1996 et se passionne pour les nouvelles tendances.

3 réponses à “Détenus ou employés, tous sous surveillance

  1. Orwell arrive, non seulement en Chine, mais, “think global, act local”, c’est pour les sots.

    On se croit un peu à l’abri, comme vieux, mais on va être laminé.
    Par les retraites, par la techno, etc., moi, j’espère par un loup
    🙂

  2. C’est vrai que 1984 de Georges Orwell est à notre porte…
    Comment stopper pour ne pas le vivre?

    1. Orwell a visionné le futur, comme Einstein avait vu le trou noir.
      Alors, il n’y a rien à stopper, seulement être humble et honnête face à son destin.
      Le reste n’est que cacahouète!

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