Grandir avec un assistant virtuel

Alors que des millions de parents américains s’adressent aux enceintes connectées pour leur demander de jouer de la musique, commander une pizza et régler leur thermostat, leurs enfants les interpellent à leur tour pour assouvir leurs propres envies.

Grâce à des contenus spécialement développés pour eux, ils peuvent poser toutes sortes de questions – sérieuses ou non, se faire raconter des histoires ou chanter une chanson, jouer aux devinettes ou encore trouver la solution à un devoir de maths. Et si les parents laissent faire, c’est qu’ils sont ravis de les soustraire aux écrans.

Les psychologues et les linguistes commencent tout juste à réfléchir sur l’impact de ces échanges sur le développement cognitif, social et linguistique de l’enfant. Mais avec seulement trois ans de recul depuis l’apparition des premières enceintes, il est trop tôt pour tirer des conclusions.

Le témoignage d’un père de famille en Virginie du Nord dans le Washington Post relate comment son fils, alors âgé de 2 ans, avait tellement bien assimilé le principe d’interroger l’assistante virtuelle Alexa, qu’il s’adressait également à des dessous de verres et autres objets cylindriques qui ressemblaient à l’enceinte d’Amazon de la maison.

Une préoccupation plus légitime a été le ton autoritaire utilisé par les enfants en s’adressant à ces robots. Un problème maintenant résolu car dans la gamme Echo d’Amazon, il est possible d’activer une fonctionnalité qui exige que l’enfant dise le mot magique après avoir posé une question. De plus, des contrôles parentaux peuvent être activés afin de livrer des réponses adaptées aux interrogations des plus petits. Par exemple à la question «Le père Noel existe-t-il vraiment?», l’assistant répondra : «Vérifie si les biscuits que tu lui as préparés ont disparu le matin de Noël.»

Mais au fil du temps, y-a-t-il un risque que les enfants s’attachent émotionnellement à ces enceintes ? La journaliste Judith Shulevitz dans le journal The Atlantic partage ses craintes: «En observant mes propres ados, leur smartphones toujours à portée de main où qu’ils se trouvent, je m’inquiète d’un avenir où ils seront encore plus dépendants d’un appareil doté d’une intelligence artificielle – non pas parce que ce dernier les connecte à leurs amis, mais parce qu’ils vont le prendre pour un ami.»

Emily Turrettini

De nationalité américaine et suisse, Emily Turrettini publie une revue de presse sur l'actualité Internet depuis 1996 et se passionne pour les nouvelles tendances.

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