Les top models virtuels séduisent le monde du luxe

DIGITALE ATTITUDE : Les icônes des grandes marques sont aujourd’hui des êtres numérisés qui n’existent que sur les réseaux sociaux. Elles sont suivies par des dizaines de milliers de followers.

La maison de haute couture Balmain vient de dévoiler, sur sa page Instagram, sa collection automne/hiver 2018-2019 portée par ses nouvelles égéries, les mannequins Margot, Shudu et Zhi. Ce qu’elles ont en commun et de particulier? Elles ne sont pas réelles. Toutes les trois sont des créatures virtuelles.

Margot et Zhi ont été conçues exclusivement pour la marque, tandis que Shudu Gram, réalisée par le photographe londonien Cameron-James Wilson, est déjà célèbre. Elle est reconnue comme la première «top model digitale».

Grâce à la technologie de modélisation CGI, ou l’imagerie générée par ordinateur, ces cover-girls sublimes peuvent être personnalisées en fonction des besoins des stylistes. Et contrairement à leurs contreparties en chair et en os, explique Wilson, «elles ne sont pas exigeantes et sont toujours disponibles.»

Linda Evangelista, «supermodel» des années 90, au somment de sa gloire, avait un jour déclaré dans Gala: «Je ne sors pas de mon lit pour moins de 10000 dollars». Des propos qui paraissent insensés aujourd’hui.

Il est évident qu’une mannequin numérisée ne défilera pas sur un podium, mais elle peut représenter l’image d’un enseigne sur les réseaux sociaux, par sa beauté et sa personnalité.

Ces top models d’un genre nouveau bénéficient également des mêmes avantages que les influenceurs, ces «instagrammeurs» qui, au-delà de 10000 followers, sont sollicités par les marques pour promouvoir leurs produits.

C’est le cas de Miquela Sousa, une jeune femme aux taches de rousseur qui a apparu en 2016 et qui a longtemps tenu secret ses origines, pour se dévoiler finalement comme la création d’une start-up californienne. Son compte Instagram, @lilmiquela, compte près de 1.5 millions d’abonnés. Chaque photo publiée récolte des dizaines de milliers de commentaires et de likes. A la fois mannequin, chanteuse et activiste engagée pour la cause Black Lives Matter, elle accorde même des interviews.

Interrogée par le site d’information Business Insider, elle a confié: «J’aimerai qu’on me considère comme une artiste ou une chanteuse. Qu’on se concentre plutôt sur mes talents que sur les détails superficiels de mon existence.»

Le virtuel et le réel s’entremêlent et se confondent. Et nous, on reste songeur.

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Emily Turrettini

De nationalité américaine et suisse, Emily Turrettini publie une revue de presse sur l'actualité Internet depuis 1996 et se passionne pour les nouvelles tendances.